«Un laboratoire permanent de réinvention du religieux» (2) - Forum protestant

«Un laboratoire permanent de réinvention du religieux» (2)

Non-religion comme «première religion de France», insertion de la minorité musulmane, «décatholicisation»… Continuant à analyser les mutations du fait religieux en France en ce début du 21e siècle, Jean-Paul Willaime y voit les signes multiples d’un «individualisme communautaire» où l’individu «vit sa vie religieuse comme il l’entend» tout en faisant «communauté sans se soumettre à une vie collective».

Deuxième partie de l’entretien publié dans Foi&Vie 2021/5.

Lire la première partie de l’entretien sur le site du Forum.

 

Vous avez été l’un des premiers à organiser un colloque en France sur médias et religions dès 1998. Au delà des capacités particulières des religions en matière de médias (que l’on peut constater en France côté catholique et dans le monde côté protestant), ne pensez-vous pas que les révolutions médiatiques qui se sont succédées tout au long du 20e siècle et l’actuelle révolution internet sont des facteurs majeurs d’explication des bouleversements religieux et idéologiques? Est-ce un hasard si les années 1960 sont à la fois la décennie de l’équipement massif en téléviseurs et de la désertification brutale des cultes établis?

Je n’établirais pas un lien aussi direct entre équipement en téléviseurs et fréquentation du culte. La baisse de la pratique cultuelle que l’on observe dans l’Église catholique comme dans les Églises protestantes luthéro-réformées a des causes multiples qui renvoient aussi bien à la préférence accordée le dimanche à d’autres activités (sportives, de loisirs…) ou, tout simplement, au repos qu’au manque de motivation ou d’intérêt pour participer à un culte. Il ne faut pas négliger non plus le décrochage culturel par rapport au langage chrétien et à la grammaire chrétienne, le fait que les récits bibliques, les figures et notions même du christianisme ne font plus sens pour des personnes qui ne comprennent plus les paroles et les rites du système symbolique chrétien. Et ce malgré pléthore de publications et d’outils pédagogiques, ainsi que d’expériences diverses, pour rendre accessible l’essentiel du message chrétien aux jeunes et aux moins jeunes. Plus généralement, cette baisse de la pratique cultuelle s’inscrit dans le cadre d’une désaffiliation par rapport au religieux institutionnel.

Globalement, Internet déterritorialise les pratiques religieuses, la communauté virtuelle du culte dominical rassemblant momentanément des personnes très dispersées géographiquement.

Mais revenons aux médias. Vous avez raison: les diverses révolutions médiatiques qui se sont successivement produites du 19e au 21e siècle avec l’émergence et le développement de la presse écrite, de la radio, de la télévision, d’Internet et du numérique, ont eu des impacts sociaux importants. On le vérifie aujourd’hui avec tout ce qu’a induit dans différents domaines la pandémie du Covid-19 et les contraintes sanitaires qu’elle a entraînées. Dans le domaine religieux, l’on a vu se développer des cultes sur Internet et toutes sortes de vidéo-conférences ou vidéo-réunions. Ces moyens techniques renforcent la tendance à l’individualisation des comportements, chacun et chacune se connectant ou se déconnectant à sa guise. Des communautés virtuelles se sont ainsi formées venant accroître un individualisme communautaire que nous avions déjà repéré dans le protestantisme évangélique.

Pourquoi un individualisme communautaire? Individualisme, parce que le primat va d’abord à l’individu qui vit sa vie religieuse comme il l’entend et avec le moins possible de contraintes extérieures. Communautaire, parce qu’il ne s’agit pas de se conduire en solitaire mais de faire communauté sans se soumettre à une vie collective.

Globalement, Internet déterritorialise les pratiques religieuses, la communauté virtuelle du culte dominical rassemblant momentanément des personnes très dispersées géographiquement. Si, pour certains, la communauté virtuelle reste éphémère, pour d’autres, elle s’inscrit quelque peu dans la durée et débouche quelquefois sur une participation en présentiel. Pour des personnes à mobilité réduite, le culte via les réseaux sociaux leur permet de rester en contact avec la communauté qu’ils ont connue en présentiel. Les capacités pour les paroisses à présenter un site web conséquent et attractif, leurs capacités à rendre un culte en vidéo sont inégales et les diverses communautés virtuelles peuvent, à leur corps défendant, entrer en concurrence sur le Net.

 

Dans cette société où, comme vous dites, «on ne vit plus ensemble mais les uns à côté des autres» (1), la religion est-elle finalement ce qui englobe et relie ou bien ce qui individualise et divise?

Une des étymologies de religion, religare, renvoie à relier. Le fait de se reconnaître dans les représentations et les pratiques d’une religion génère des identités, crée du sentiment communautaire, des nous (nous catholiques, nous musulmans, nous protestants…). Il n’est pas rare que ces identités religieuses collectives se trouvent mêlées peu ou prou à d’autres identités régionales ou nationales. En Europe, le conflit nord-irlandais et les pays de l’ex-Yougoslavie sont des exemples classiques montrant que lorsque des dimensions religieuses interfèrent avec des dimensions nationales, les conflits et guerres qui peuvent en résulter sont particulièrement meurtriers. Comme si le fait de ne pas partager le même Dieu faisait de l’adversaire un ennemi irréductible. Les religions seraient-elles meurtrières, synonymes de fanatismes et d’intolérances? Certains le pensent qui croient que les sociétés se porteraient mieux s’il n’y avait pas de religions. La vérité est que les religions, comme d’autres phénomènes sociaux, peuvent être des facteurs de paix comme des facteurs de guerres, des facteurs d’unité ou des facteurs de division, des facteurs d’intelligence et de culture qui élèvent l’homme ou des facteurs d’obscurantisme et d’aliénation qui le rabaissent, des facteurs motivant l’altruisme ou des facteurs nourrissant l’égoïsme.

Ce qui est particulièrement clair dans les démocraties pluralistes d’Europe occidentale, c’est que le facteur englobant n’est pas religieux mais politique: le fait que quelle que soit notre religion ou notre conviction non-religieuse, nos origines et nos particularités, nous sommes citoyens d’une République au sein de laquelle nous avons les mêmes droits et les mêmes devoirs.

 

La croissance du nombre des sans religion et notamment (mais pas seulement) des athées convaincus peut-elle être corrélée avec les manifestations de violence religieuse en France et dans le monde ces dernières années? Ou s’agit-il d’un mouvement de fond international lié à des évolutions plus générales dans les sociétés développées?

L’hypersécularisation des sociétés occidentales s’est traduite par une nette croissance du nombre de personnes se déclarant sans religion. En France, où le taux de personnes se déclarant sans religion est aujourd’hui de 58% de la population hexagonale globale et de 67% chez les 18-29 ans, le sans religion est, peut-on paradoxalement dire, la première religion de France. Autrement dit, la première religion de France est de ne pas en avoir! Mais il y a autant de façons différentes d’être sans religion que de façons différentes d’en avoir une. Mentionnons d’abord le fait que 25% des personnes se déclarant sans religion déclarent croire en Dieu. Un quart, ce n’est pas rien! La désaffiliation institutionnelle ne se traduit donc pas forcément par l’abandon du religieux. Certains récusent les Églises mais pas le spirituel. De fait, dans les représentations, on oppose souvent le spirituel au religieux, le premier étant identifié à un religieux libre, non contraint, le second au religieux formaté des institutions. Dans les enquêtes quantitatives, on prend soin de distinguer les sans religion agnostiques des sans religion qui se disent athées convaincus. Et, parmi ces derniers qui affichent une conviction (l’athéisme), il y a celles et ceux qui se contentent de vivre cette conviction comme une option personnelle parmi d’autres et d’autres qui vivent cette conviction de façon exclusiviste en y incluant une militance anti-religieuse, un combat contre les religions.

Aujourd’hui, dans les sociétés d’Europe de l’Ouest où une part importante de la population se détache de la religion, on observe la résurgence de tendances traditionnalistes dans chaque monde religieux.

L’importance accrue des sans religion dans les sociétés occidentales peut contribuer à forger l’image de celles-ci comme des sociétés de mécréants composées de gens qui ne croient en rien et se permettent tout (y compris des dessins représentant de façon obscène des figures religieuses). Une bipolarisation s’est ainsi créée autour de certaines représentations des femmes : dénudées en Occident, hyper-voilées dans d’autres aires culturelles. La laïcité elle-même tend à être perçue comme une neutralité dominée par une dimension antireligieuse. La construction sociale, notamment médiatique, d’une bipolarisation opposant des sociétés qui seraient dominées par la religion et d’autres qui seraient dominées par l’irreligion, est hautement problématique. D’abord parce que cette représentation bipolaire de la situation est en grande partie fausse : elle ne tient pas compte des processus de sécularisation au sein-même des sociétés réputées religieuses et des processus de recompositions religieuses au cœur même de sociétés réputées irreligieuses. Ensuite parce que même fausse, elle risque, telle une prophétie auto-réalisatrice, de faire advenir ce qu’elle énonce. Enfin parce que si l’on considère un analyseur important des sociétés, la place qu’y occupent les femmes et la façon dont on se représente cette place, des évolutions de fond sont en cours qu’attestent en particulier dans plusieurs sociétés arabo-musulmanes l’élévation du niveau d’éducation des femmes et la baisse du taux de fécondité.

En matière de violences, d’intolérances, de fanatismes, de guerres, des conceptions non-religieuses se sont révélées aussi meurtrières que des conceptions religieuses. Je pense évidemment au nazisme et au marxisme-léninisme que Raymond Aron qualifiait de
religions séculières. Aujourd’hui, dans les sociétés d’Europe de l’Ouest où une part importante de la population se détache de la religion, on observe la résurgence de tendances traditionnalistes dans chaque monde religieux. Ce phénomène est certes minoritaire, notamment dans ses expressions les plus radicales, mais il est significatif d’un type de réactions que suscite la situation socio-religieuse actuelle: une réaction en termes de réaffirmation identitaire, de restauration orthodoxe. C’est en fin de compte le religieux considéré comme une citadelle assiégée qui serait encerclé par une sécularité envahissante. Ces sensibilités orthodoxes et intransigeantes peuvent générer et génèrent effectivement des violences visant à perturber une cérémonie, à empêcher la tenue d’un spectacle, à contre-manifester… mais en Europe de l’Ouest, ces violences restent limitées par leur nombre et leur intensité. Il en va autrement avec le terrorisme djihadiste qui diabolise l’Occident et commet les assassinats horribles que nous connaissons.

 

L’irruption de l’islam comme deuxième religion française mais aussi comme religion importante dans différents pays occidentaux a en partie crispé les attitudes non seulement à son égard mais à l’égard des mondes religieux en général. De ce que vous constatez comme sociologue, assiste-t-on malgré tout à la genèse d’un nouvel islam à l’occidentale ou la difficile insertion de celui-ci dans le concert des croyances établies augure-t-elle d’un rapport de plus en plus conflictuel dans nos sociétés entre autorités publiques et confessions? Dans le champ franco-français (auquel, enfant des Ardennes et longtemps strasbourgeois, vous avez toujours pris soin de ne pas vous cantonner), les débats très vifs autour de la laïcité sont-ils une conséquence de cette difficile insertion de l’islam ou d’un rapport entre politique et religion moins collaboratif ici qu’ailleurs?

Le fait que le paysage religieux de notre pays compte désormais une minorité musulmane conséquente estimée à 6% de la population totale est essentiellement dû à différentes vagues migratoires provenant du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne et, dans une moindre mesure, de Turquie. L’islam véhiculé par ces populations est extrêmement divers et certains abandonnent toute pratique religieuse en s’intégrant dans leur nouvelle société d’accueil. Mais d’autres réinvestissent leur tradition religieuse et s’insèrent dans une vie communautaire plus ou moins intense. Une petite minorité se radicalise en adoptant une pratique rigoriste de l’islam et en accentuant la distanciation, voire le séparatisme par rapport à la société d’accueil. Dans ces phénomènes complexes de radicalisation, il y a aussi bien des cas qui relèvent de l’islamisation d’une radicalité préexistante (délinquants, jeunes en rupture, en errance qui trouvent dans l’idéologie djihadiste un récit donnant sens à leur révolte) et des cas qui renvoient à des radicalisations de l’islam qui, tels Al-Qaïda et Daech, sont des islamismes politiques prônant le terrorisme. Olivier Roy soutient particulièrement la première thèse, Gilles Kepel la seconde. L’émotion considérable, et bien compréhensible, suscitée par les crimes commis au nom de l’islam, la polarisation médiatique et politique sur ces expressions violentes de l’islam tendent à faire oublier la majorité silencieuse de l’islam tranquille de nos villes et banlieues. Les protestants savent qu’il a fallu du temps pour que la pluralité confessionnelle soit pleinement reconnue en France. Cette pluralité confessionnelle incluait le judaïsme, une religion différente certes, mais qui n’était pas totalement étrangère au christianisme avec qui elle partageait le monothéisme biblique.

Si l’islam est aussi un monothéisme et fait partie des religions dites abrahamiques, de par son système religieux (représentations et pratiques) et de par son inscription majoritaire dans d’autres aires culturelles (arabe, perse, turque, indonésienne, pakistanaise, indienne…) que le monde occidental, il apparaît comme une religion étrangère à un grand nombre d’Européens. Et ce même si l’islam n’est étranger ni à l’histoire de l’Europe, ni à sa géographie. Si on ajoute que nombre de musulmans en France métropolitaine proviennent de pays anciennement colonisés par la France (aujourd’hui de plus en plus les parents et grands-parents), que tous les musulmans pâtissent d’une perception négative de leur religion parce qu’on l’associe au terrorisme, on comprend mieux pourquoi l’intégration des musulmans dans la société française se heurte à un certain nombre d’obstacles. De fait, des enquêtes dites de testing ont montré qu’à compétences égales et à profil semblable, des personnes dont le prénom et/ou le nom était associé à l’islam étaient discriminées dans l‘accès au logement et l’accès à l’emploi.

La République n’est pas une religion et les croyants de toute religion seront toujours nombreux à considérer que la loi de Dieu l’emporte sur la loi des hommes. Cela n’est pas incompatible avec le respect des lois de la République.

Mais d’autres dimensions et caractéristiques, qui sont aussi présentes dans d’autres religions, sont perçus comme particulièrement problématiques s’agissant de l’islam : le fait d’avoir d’autres pratiques alimentaires (le halal) et vestimentaires (les affaires de foulard) ainsi que le fait d’avoir un autre calendrier de fêtes et de pratiques rituelles que le calendrier chrétien sécularisé de la société d’accueil, renforcent la singularité de l’islam et le rendent plus visible. Ces caractéristiques et dimensions sont aussi présentes dans le judaïsme mais celui-ci, beaucoup plus minoritaire et bien intégré dans la société française, pose moins de problèmes aux yeux de l’opinion publique. Par contre, la recrudescence de l’antisémitisme constitue, elle, un problème de taille. Une autre caractéristique des musulmans en France est qu’ils pratiquent plus leur religion que les chrétiens la leur. Si la proportion de musulmans en France est évaluée à 6% de la population, elle est de 16% parmi les pratiquants réguliers. Je mentionne ces différentes traits caractérisant les musulmans en France pour expliquer que, face à l’islam, la laïcité s’est raidie en voyant en lui le risque d’un séparatisme par rapport à la communauté nationale, le risque que les musulmans préfèrent la loi de Dieu à la loi des hommes. Or s’il est légitime que les pouvoirs publics prennent les mesures nécessaires à prévenir les risques de passage à l’acte terroriste, il l’est moins de percevoir comme séparatiste toute pratique zélée d’une religion et d’opposer de façon simpliste la loyauté à l’égard de la République et la loyauté envers sa religion. La République n’est pas une religion et les croyants de toute religion seront toujours nombreux à considérer que la loi de Dieu l’emporte sur la loi des hommes. Cela n’est pas incompatible avec le respect des lois de la République.

Une laïcité qui s’érige contre les religions, une laïcité qui devient une religion civile de la République, se fragilise elle-même. Elle se fortifie au contraire si elle se pratique avec les religions et non contre elles. Il faut le répéter à satiété, c’est l’État qui est laïque et qui doit l’être rigoureusement et fermement, l’État, ses institutions et ses agents au premier rang desquels l’école et ses enseignants. La société civile est, quant à elle, riche d’une diversité convictionnelle et d’engagements solidaires. Ces convictions et ces engagements constituent autant de ressources précieuses qui contribuent à construire et à reconstruire sans cesse la fraternité nécessaire à la communauté des citoyens. La laïcité, ce n’est pas l’obligation d’un religieux moins visible, moins englobant et moins zélé dans la pratique.

 

Vous relevez un net reflux de l’identification des Français au catholicisme: s’agit-il simplement du pendant français de la perte d’influence des religions établies ou y a-t-il des causes spécifiques? La crise actuelle de l’Église catholique contribue-t-elle ou accentue-t-elle (ou accentuera-t-elle…) ce mouvement? D’autre part, quelles sont les conséquences de ce reflux sur le vécu protestant en France?

L’ampleur de la désaffiliation vis à vis du catholicisme est en effet impressionnante: des années 1950 aux années 2020, soit en 70 ans, l’on est passé d’’une population à 90% catholique à une population où le catholicisme est devenu minoritaire. Avec mon collègue Philippe Portier, l’on parle, dans notre ouvrage La religion dans la France contemporaine (2), d’une décatholicisation de la France. La chute est spectaculaire. Selon les données de la dernière enquête européenne sur les valeurs, celle de 2018, si l’on considère les 18-29 ans, on constate qu’il y a en France presqu’autant de jeunes adultes se déclarant musulmans (13%) que de jeunes adultes se déclarant catholiques (15%). Divers facteurs permettent d’expliquer cette décatholicisation de la France, un pays qui avait la réputation d’être la fille aînée de l’Église. Le premier d’entre eux est la crise de la transmission qui se traduit par la baisse drastique de la socialisation catholique (qui se faisait à travers le catéchisme, les mouvements, les paroisses…). C’est la thèse classique de la sécularisation qui insiste sur la perte d’attractivité du religieux au profit de celle du séculier. À la perte de plausibilité culturelle de la mise en récit biblique de la condition humaine s’ajoute, s’agissant de l’Église catholique, une mise en cause de l’institution ecclésiastique et de sa division traditionnelle du pouvoir religieux. L’institutionnalité de l’Église catholique constitue un système hautement intégré et qui a sa cohérence propre. Qu’un de ses éléments soit ébranlé et c’est tout l’édifice qui s’en trouve atteint. On le vérifie actuellement avec le séisme que constitue la révélation par la Ciase du taux particulièrement élevé de violences sexuelles dans l’Église catholique.

L’importance de la décatholicisation est un des éléments importants de la reconfiguration du paysage religieux de notre pays. Cela change assez considérablement la donne pour le protestantisme. Après avoir été une micro-minorité face à un catholicisme dominant en nombre et en influence, le protestantisme français est désormais une minorité religieuse parmi d’autres confrontée à un environnement séculier. À la limite, il devient inopérant pour le protestantisme de continuer à se percevoir comme une minorité. C’est une proposition religieuse parmi d’autres de sens, de lien communautaire et d’engagement solidaire dans une conjoncture sociétale où le simple fait de se déclarer religieux est devenu un non-conformisme.

 

Illustration: tombe musulmane dans un cimetière en Alsace (photo Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0)).

(1) Jean-Paul Willaime (entretiens avec E.-Martin Meunier), La guerre des dieux n’aura pas lieu, Labor et Fides, 2019, p.217.

(2) Philippe Portier et Jean-Paul Willaime, La religion dans la France contemporaine: Entre sécularisation et recomposition, Armand Colin (U), 2021.

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