Passer de la mort à la vie
«Chacun de nos accueillis, chacun de nous est unique au monde.» Alors si Christ est ressuscité, et même si «ce qui nous est demandé n’est pas facile», on peut «croire qu’il est possible pour eux, pour nous d’avoir une vie nouvelle». Et même si «nous n’avons pas les moyens», «accueillons-les à fond, accueillons-nous à fond, allons à leur rencontre à fond, allons à la rencontre les uns des autres à fond».
Texte publié sur Blog pop.
Pendant son parcours sur terre, Jésus-Christ a accompli des miracles où il a ramené des morts à la vie. Le récit le plus connu est celui de la résurrection de Lazare (Jean 11). Il a ressuscité aussi le fils de la veuve de Naïn (Luc 7,11-17) et la fille de Jaïrus (Marc 5,21-43). Nous aussi, Jésus veut nous redonner la vie ici et maintenant. Mais plus encore, il veut nous donner une vie qui porte ses fruits pour toujours.
Jesus-Christ lui-même est ressuscité trois jours après sa mise à mort sur la croix. C’est ce que nous célébrons à Pâques. La résurrection est un mystère pour les êtres humains que nous sommes. Ça sort de notre cadre rationnel et réfléchi. Et pourtant, Jésus dira à ses disciples: «Celui qui relève de la mort, c’est moi. La vie, c’est moi. Celui qui croit en moi aura la vie, même s’il meurt» (Jean 11,25).
Ne dit-on pas de certaines personnes: «Elle revit»? Puisque cette dernière, après avoir traversé tant d’épreuves, a retrouvé le sourire, la joie de vivre, la force de se relever et de poursuivre sa vie, son chemin, sa route. On peut parler de résilience, de la vie qui reprend le dessus.
La notion même de résurrection dérange. Imaginez une personne que l’on sait morte, enterrée et un jour, vous la croisez en chemin, vivante. Il y aurait de quoi transpirer, de peur, d’étonnement, d’interrogation et même d’incrédulité. Et pourtant, c’est ce qu’ont vécu les disciples de Jésus-Christ, plusieurs d’entre eux l’ont vu et plusieurs ont témoigné avoir fait un bout de chemin avec le ressuscité.
Communiquer l’espérance
La ligne à franchir est sans appel: croire ou ne pas croire que Christ est ressuscité.
«Nous annonçons que le Christ s’est réveillé de la mort. Pourtant, parmi vous, certains disent: ‘Les morts ne se relèveront plus’. Comment peuvent-ils dire cela? Si les morts ne se relèvent plus, le Christ non plus ne s’est pas réveillé de la mort. Et si le Christ ne s’est pas réveillé de la mort, nous n’avons rien à annoncer, et vous n’avez rien à croire. Si vraiment les morts ne se réveillent pas, cela veut dire que Dieu n’a pas réveillé le Christ de la mort. Dans ce cas, nous sommes de faux témoins de Dieu. En effet, nous avons été témoins contre Dieu, en affirmant qu’il a réveillé le Christ de la mort. Si les morts ne se réveillent pas, le Christ non plus ne s’est pas réveillé de la mort. Et si le Christ ne s’est pas réveillé de la mort, votre foi est vide, et vous êtes encore dans vos péchés. Alors, ceux qui sont morts en croyant au Christ sont perdus. Si nous avons mis notre espérance dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus malheureux de tous! Mais en réalité, le Christ s’est réveillé du milieu des morts. Parmi les morts, le Christ s’est réveillé le premier, pour que les autres morts se réveillent aussi.» (1 Corinthiens 15,12-20).
Lorsque certains accueillis se présentent dans nos lieux, ils sont brisés, blessés et fatigués par leur situation. Le rôle de ceux qui croient devrait être de leur communiquer la vie, l’espérance et la force pour retrouver la Vie. Souvent, nous sommes confrontés à nos limites humaines. Nous n’avons pas de logements à donner aux sans-abris, nous n’avons pas les capacités de guérir ceux qui présentent des troubles psychiques avérés et que même les hôpitaux n’ont pas réussi à soigner, nous n’avons pas les moyens de changer ceux qui se mettent en danger avec les excès d’alcool, nous n’avons pas les moyens de bouger tous ceux qui ne se lèvent pas pour se rendre dans tous les lieux où ils sont attendus pour être aidés.
Toutes et tous en chemin
Nous n’avons pas les moyens non plus pour dire à ceux qui se croient bien- pensants, sachants, avec des parcours de formation et professionnels impeccables, à ceux qui croient avoir de quoi donner ou faire pour changer la vie des misérables… qu’eux aussi ne sont pas si impeccables que ça, qu’eux aussi ont besoin de reconnaître leurs manques, leurs faiblesses d’un autre niveau certes ou qui se situent ailleurs. Besoin de réparer des choses de leurs passés, besoin d’être reconnus, besoin de ne pas se retrouver seuls, besoin de se sentir utiles, besoin de faire du bien, besoin de faire avancer la société selon leurs croyances, leurs valeurs, besoin de défendre un idéal. Et tout cela est louable.
Accueillis, accueillants, bénévoles, administrateurs, salariés, partenaires, nous sommes tous des personnes en chemin et nous avons tous un besoin à combler. Alors que faisons nous? Soyons présents les uns aux autres. Sachant qu’au milieu de nous, il n’y pas de plus grands mais que nous sommes tous des hommes et des femmes qui ont besoin d’être libérés de vices connus ou cachés, visibles ou invisibles, conscients ou inconscients. Ce qui nous est demandé n’est pas facile: croire qu’il est possible pour eux, pour nous d’avoir une vie nouvelle. Croire ou ne pas croire. Chacun de nos accueillis, chacun de nous est unique au monde. Donc, accueillons-les à fond, accueillons-nous à fond, allons à leur rencontre à fond, allons à la rencontre les uns des autres à fond.
Ne nous enfermons pas dans des a priori et dans des idées toutes faites sur nos accueillis, sur les salariés, etc. Puisque souvent il nous paraît impensable d’imaginer que certains de nos accueillis pourraient s’en sortir et avoir une nouvelle vie. Et cela est valable pour chacun d’entre nous. Croyons qu’il est possible de s’en sortir ici bas et plus encore en empruntant le bon chemin.
Illustration: détail de La résurrection du Christ et les femmes au tombeau de Fra Angelico (couvent San Marco de Florence, 1440-42).