Urgence écologique: les Églises face à la confusion éthique (une réflexion protestante, 2)
«La pratique des petits gestes fera face aux mêmes risques dans l’Église que dans la société en général.» Pour Vincent Wahl, «il ne s’agit pas de mettre en question l’intérêt, en soi, de comportements de sobriété volontaires, mais d’interroger leur promotion» aussi bien par les Églises que par les pouvoirs publics… puisque l’on sait que les trois-quarts du problème des émissions de gaz à effet de serre dépendent de ces derniers.
Lire le premier volet de l’article.
La promotion des petits gestes pour la planète,
une réponse adaptée à la confusion éthique ?
Le constat des chapitres 1 et 2 précédents renvoie à la question suivante: devant ces affrontements, dans cette difficulté à saisir dans sa globalité les priorités conduisant à l’action face aux urgences écologiques, faut-il revenir au concret, aux gestes à la portée de tous et de chacun ?
4. Les petits gestes ou écogestes… un colibri dans le magasin de porcelaine ?
Les petits gestes pour la planète ont déjà une longue histoire, ainsi que l’adhésion ou l’agacement qu’ils suscitent.
Je me souviens de mon propre agacement lorsque le service chargé des politiques agricoles, auquel j’appartenais au début des années 2000, avait conduit une étude concluant que nous, ses collaborateurs, devions être sensibilisés à l’importance d’éteindre la lumière, et de fermer portes et fenêtres en hiver, comme si nous n’avions mieux à réfléchir et proposer !
Cependant, il faut reconnaître d’emblée, qu’au minimum, ces gestes permettent de sortir d’un discours de sidération et d’impuissance. Dans l’émission déjà citée, Gabriel Mazzolini donne une perspective historique précieuse, soulignant que les organisations écologistes, à l’instar des pouvoirs publics, avaient elles aussi une vision descendante, surplombante, de la sensibilisation par les petits gestes, pensant devoir convertir les gens, au lieu de faire avec eux. Mais cette posture a changé: il s’agit désormais de faire avec et pour ! Partir du vécu, des écogestes adoptés sans le savoir, et les valoriser… Les classes populaires ont développé toute une économie de la réparation et du soin, de la sobriété, qu’il faut reconnaitre, dont il faut favoriser la diffusion, car ils peuvent devenir des sources d’inspiration plus large. Une majorité des gens en France, de l’ordre de 60%, «tout un peuple», dit Mazzolini, accomplit des petits gestes et considère qu’elle agit ainsi contre le changement climatique. Ce serait, selon lui, «une porte d’entrée fondamentale dans la lutte contre le changement climatique».
Cela doit nous conduire à envisager comment ces petits gestes sont accompagnés par les politiques publiques, et si cette porte vers une perspective plus large est réellement dégagée !
Pratique actuelle et limites des petits gestes
Encadrer, susciter par des politiques publiques, des gestes d’économie, de sobriété ? On flaire la dialectique, voire les conflits, entre des savoirs vernaculaires, et la sollicitude, aux relents paternalistes, de la vieille tradition de l’éducation ménagère… On sent aussi qu’il y a un enjeu de bien public à ce que l’information sur les biens manufacturés comporte des éléments sur leur consommation énergétique, leur réparabilité, etc. et à ce que ces informations soient encadrées, ne puissent devenir un domaine de fausses allégations à fins de propagande commerciale… On se souvient des messages anti-gaspi des années 70, conséquence de la crise pétrolière. Depuis, une inflexion a eu lieu, dans une certaine mesure, entre les injonctions à dépenser, à consommer, en vue d’alimenter la croissance industrielle et commerciale, et les messages visant plutôt à l’économie de ressources, mais la contradiction entre ces derniers et le paradigme resté dominant en faveur de la croissance et du moteur de l’économie que constituerait la consommation, en font des injonctions contradictoires. Quoi qu’il en soit, les dernières années ont vu naitre des projets d’accompagnement ambitieux, basés sur la fourniture d’informations sophistiquées par les politiques publiques, destinés à orienter les efforts individuels de sobriété dans le domaine de la consommation. Ces politiques postulent, elles aussi, que si l’on informe complètement les consommateurs sur l’impact environnemental des produits qu’ils achètent, ils exerceront leur liberté de choix dans le sens des bonnes décisions pour la planète, de même que les entreprises seront incitées à améliorer leurs produits. Comme on le verra ci-après à travers l’analyse de projets en cours, l’établissement des référentiels nécessaires se heurte à de nombreuses difficultés techniques, organisationnelles, éventuellement financières, intrinsèques, en particulier aux méthodes mises en œuvre, qui ressortent de la comptabilité analytique, pour définir des scores compréhensibles par les consommateurs. Enfin, il est difficile et coûteux de changer d’échelle, pour passer d’un dispositif scientifique à un système d’information du grand public.
Un projet gouvernemental (dont l’opérateur est l’Agence de la transition énergétique, ADEME) d’affichage environnemental (1) est en cours, concernant l’alimentation d’une part, et l’habillement d’autre part. L’objectif est de fournir une évaluation des impacts environnementaux pour tous les produits mis sur le marché, pour permettre le choix éclairé du consommateur et les efforts des producteurs, des transformateurs et des distributeurs en matière d’écoconception. Le volet concernant l’alimentation semble avoir été mis en sommeil après la révolte agricole de 2023-2024 (2), malgré plusieurs années de travail et de concertation.
Nous prendrons cependant cet exemple que nous connaissons assez bien, qui correspond à l’attente spécifique d’une partie des consommateurs, et illustre aussi l’intérêt et les limites de l’approche. Le projet remonte à 2010 et au Grenelle de l’environnement (3), qui a notamment conduit à plus de dix ans de travaux de l’ADEME, débouchant sur la base de données Agribalyse (4). En 2020, la convention citoyenne sur le climat a proposé de concevoir un CO2-score pour le secteur alimentaire, mais c’est la loi Climat et résilience de 2021 (5) qui a prescrit sa finalisation comme dispositif grand public et sa mise en place effective, sous la maitrise d’œuvre de l’ADEME. Au-delà du seul CO2, l’indicateur proposé fait la synthèse entre 14 variables d’impact sur l’environnement: sur les émissions de GES, bien sûr, mais aussi sur la pollution des eaux continentales et marines, l’acidification des sols, l’écotoxicité, etc.
D’ores et déjà, des systèmes d’évaluation et d’affichage d’initiative privée existent, comme le Planet-score (6) soutenu par les acteurs de l’agriculture biologique, des filières bovines extensives et l’UFC-Que Choisir, ou l’Ecoscore de l’application Yuka, et d’autres encore. Mais le déploiement de scores privés, derrière lesquels on retrouve parfois des logiques de positionnement de gammes commerciales, s’il a lieu à terme sans régulation officielle, induira un risque de biais, voire d’évaluation mensongère, et finalement de discrédit sur ce type de démarche. Le projet d’un système officiel pourrait donc paraitre, à première vue, incontestable. Il se heurte cependant à de nombreux problèmes techniques. La méthode gouvernementale est basée sur l’analyse du cycle de vie ou ACV, née en contexte industriel. Celle-ci prend en compte toutes les étapes de la production d’un produit, depuis la fabrication et la mise à disposition des équipements et intrants nécessaires, jusqu’à la distribution. Ce type de méthode a cependant, jusqu’à présent, de grandes difficultés à mesurer certains services écosystémiques rendus par l’agriculture, comme ceux qui impactent la biodiversité ou le cycle de l’eau, ce qui a conduit à introduire des correctifs qui comportent une part d’arbitraire.
Mais surtout la méthode pose les problèmes classiques de la comptabilité analytique, en ramenant l’ensemble des coûts environnementaux à l’unité de compte, ici le kilo de produit. C’est ainsi que l’impact du transport des produits importés de pays lointains disparait pratiquement du score final, du fait de la taille énorme des porte-conteneurs, ce qui conduit à occulter la question des gigantesques émissions en valeur absolue du transport maritime. De même, les produits de systèmes d’élevage très intensifs peuvent être mieux notés que ceux de systèmes extensifs par ailleurs plus économes en eau, en intrants, qui entretiennent les prairies… C’est que les systèmes intensifs sont, par unité produite, plus économes en bâtiments, en surface (on connait la très grande densité des élevages de volailles standard, par exemple) et capables d’amortir sur de plus grandes quantités de produits les émissions de GES liées à la construction des bâtiments, à la fabrication des machines (7), etc. Enfin, la collecte d’informations nécessaires sur les modes de production représente des volumes de données et un effort d’enquête très importants, alors que le système n’offre que des moyennes avec une caractérisation assez grossière de la diversité des modes de production.
Il faut en fait distinguer, d’une part le domaine de recherche et d’applications qu’est l’évaluation environnementale, avec comme pivot la base de données Agribalyse, et d’autre part le projet d’un affichage de scores environnementaux clé en mains, en vue de l’information complète des consommateurs ou même de PME. Agribalyse est un référentiel scientifique très utile, un projet en amélioration continue, dans lequel les biais signalés plus haut sont documentés, ce qui permet d’en tenir compte dans les utilisations pratiques par des spécialistes. Ce projet scientifique est doté d’un système de suivi, auxquels participent l’iNRAe, l’office français pour la biodiversité, des instituts techniques agricoles et agro-alimentaires, et qui est en prise sur la communauté scientifique mondiale travaillant dans ce domaine. Par contre, un projet de mise en œuvre opérationnelle pour l’information des consommateurs devrait répondre à une autre échelle conceptuelle et d’organisation, surtout si l’on poursuivait l’ambition de différencier les modes de production au-delà de moyennes trop peu représentatives des efforts individuels, et nécessiterait, notamment, des investissements très importants en numérisation et traçabilité.
Il n’est finalement pas étonnant que le projet de mettre directement à disposition du public l’affichage des résultats d’un système d’évaluation scientifique nécessitant plusieurs types de médiation (et dont l’usage le plus évident reste principalement l’écoconception, c’est-à-dire l’amélioration des procédés de production par des professionnels) ait finalement abouti à de nombreuses contestations au point d’être provisoirement ou pour plus longtemps, mis en sommeil. On pourrait trouver, sans doute, des procédés moins lourds à mettre en œuvre pour délivrer au public le niveau d’informations qui lui sera utile. Quel que soit son niveau d’ambition, ce type de projet nous parait cependant donner lieu à un certain nombre de questions. Nous relèverons celles qui concernent directement la question des écogestes.
Une institutionnalisation des écogestes ?
Généraliser une information sophistiquée sur les produits d’habillement, l’ameublement, et donc, peut-être un jour, l’alimentation, revient à définir et prescrire un certain type de petits gestes dans une logique verticale, en contradiction avec le projet qui consisterait à valoriser les savoir-faire construits dans la population. Alix Levain, au cours de l’émission déjà citée sur l’écologie populaire soulignait que les «personnes ne se reconnaissent pas dans la figure de l’éco-citoyen modèle. Pourtant, elles ont des pratiques quotidiennes qui pourraient être qualifiées d’’écogestes’, mais qu’elles-mêmes n’appellent pas comme cela. Dans les motivations qu’ils expriment, souvent complexes, l’écologie est souvent relativisée, citée (ou non) parmi d’autres motivations». Qui va définir les gestes qui ont de la valeur, ainsi que les supports informationnels qui peuvent aider à les déployer ? On voit qu’il y a là un enjeu d’impact sur les pratiques, et sans doute aussi de pouvoir. Dans les lignes qui suivent, il ne s’agit pas de mettre en question l’intérêt, en soi, de comportements de sobriété volontaires, mais d’interroger leur promotion par les pouvoirs publics.
Il faut rappeler en effet que même si l’ensemble des consommateurs adoptait un mode de vie d’une grande sobriété, cela ne résoudrait qu’entre 25 et 30% du problème des émissions de gaz à effets de serre (8), les 75 à 70% restant concernant des leviers que seuls les pouvoirs publics peuvent activer. Il y a donc un risque que l’insistance des pouvoirs publics sur les comportements individuels n’en vienne à masquer le rôle essentiel de politiques plus volontaristes ainsi que de la réglementation. Un contre-exemple, entièrement fictionnel dans le système économique, juridique et politique actuel, suggérera que le renvoi de la responsabilité de choix aussi importants pour notre avenir collectif aux seuls consommateurs peut être interprété comme une manière, pour le pouvoir politique, de se défausser sur le marché, de s’abstenir d’une prise de responsabilité politique, voire de faire diversion.
Une petite utopie planificatrice: imaginons ! L’État, comme expression d’une volonté collective, déterminerait la quantité maximale de viande à produire et consommer en France qui soit compatible avec les objectifs de réduction des émissions de GES. Ce quota pourrait ensuite être réparti entre les systèmes et les régions pour être produit de manière vertueuse tout en satisfaisant à d’autres objectifs comme l’aménagement du territoire, par exemple en favorisant les systèmes pastoraux des régions de montagne. On pourrait souhaiter aussi que, plutôt que se reposer sur le consommateur pour faire la différence, il y ait une mise en cohérence de la réglementation de certaines pratiques d’élevage. Et bien sûr (et cela concerne aussi la politique de l’UE) il faudrait que les mêmes contraintes soient appliquées aux importations.
Enfin, l’État est contradictoire. D’un côté, il se dit prêt à mettre en œuvre des efforts importants, des dispositifs sophistiqués pour inciter à l’évolution des consommations individuelles, de l’autre il laisse s’affirmer, via la publicité notamment, les injonctions à consommer davantage, continuer à partir en vacances lointaines, s’équiper en SUV de plus en plus gros, fussent-ils électriques (9), etc. Au-delà, l’insistance sur les petits gestes par les pouvoirs publics comporte un véritable risque de conforter le statu quo. Deux articles du Monde diplomatique (10) sont parus il y a quelques années à propos de Pierre Rabhi, longtemps considéré comme le porteur d’un discours sur les petits gestes, remarquant que son discours colibriste revenait à exonérer la responsabilité collective. Était-ce la raison pour laquelle ce discours était si bien accepté, de tous les côtés de l’opinion ? La question reste posée.
L’invocation, par les politiques publiques, du pouvoir du consommateur, du consom’acteur selon le jeu de mots bien connu, doit être remise en perspective. Il y a une cinquantaine d’année, insister sur le pouvoir que chacun de nous détenait par nos achats, les décisions de placement de nos économies, etc. était novateur. Aujourd’hui, il semble que le système marchand ait entièrement métabolisé ce type de comportements. Les scores, comme les labels ou les signes officiels de qualité sont ainsi utilisés comme des instruments de segmentation du marché. À force d’être assignés à notre rôle de consommateurs, sommes-nous encore citoyens, détenteurs d’une fraction de souveraineté ? Selon le philosophe Jean-Yves Pranchère, c’est aujourd’hui le consommateur qui revendique la souveraineté (11), mais finalement une souveraineté divisible, qui exclurait toute possibilité de bien commun. L’attention trop grande aux petits gestes risque donc de faire disparaitre la dimension politique de la délibération sur les modes de vie soutenables, c’est-à-dire collective, globale, citoyenne, critique, attentive au bien commun, et visant l’équité.
Certes, compte tenu de l’accélération du changement climatique, la sobriété généralisée sera indispensable et devra aussi impliquer les individus, les ménages, les groupes locaux dans leur vie quotidienne. La recherche de la sobriété imposera des changements profonds dans les manières de se nourrir, d’habiter, se déplacer pour les nécessités courantes ou pour les loisirs (12), mais aussi dans les habitudes de propriété ou au contraire d’usage partagé d’objets, etc. Un vrai changement culturel !
«Qu’ils sont puérils, tous ces gens habitués à bien manger, à prendre l’avion pour aller en vacances n’importe où, à voir aussitôt renouvelé tout ce qui est vieux ou abîmé, à croire que tout cela est un droit, un acquis, et que de toutes façons ça progresse», s’exclamait Olivier Abel (13) en 2009. À cette puérilité, beaucoup renonceront d’autant moins facilement que le niveau de consommation reste considéré comme un marqueur du rang que l’on tient dans la société, de la classe sociale à laquelle on veut manifester son appartenance (14) . La justice en termes de répartition des efforts, ou de réparation des nuisances, est pourtant, un enjeu de crédibilité pour tout projet d’augmentation de la résilience de la société. C’est donc pour ce type de projets une condition de succès et d’acceptabilité, ainsi que de possibilité du dialogue entre différents milieux sociaux, qui concernerait un rapport différent à la consommation. À défaut, comment pourrait-on encore parler de sobriété personnelle, voire de sacrifices à demander à tous ? Les écogestes ne sont donc pas une panacée, et valent plus par leur potentiel de mobilisation citoyenne, que par leur effet direct sur les émissions de GES. Ils peuvent donc jouer un rôle de porte d’entrée dans la lutte contre le changement climatique à condition que leur approche soit participative, cohérente et équitable en vue de la définition des priorités de cette lutte et de leur mise en œuvre.
5. Les Églises face à la tentation du petit geste ?
La décision synodale Écologie, quelles conversions ? (15) met en avant la démarche œcuménique Église Verte (16), de création récente, qui fédère, grâce à l’attribution d’un label, des groupes paroissiaux, des communautés religieuses, etc. engagés dans un programme d’actions locales concrètes. Ce jeune mouvement, si on peut le qualifier comme tel (17), apparait donc comme un élément important de mise en œuvre du message de l’ÉPUdF, comme si celle-ci lui déléguait la dimension locale de son action. Mais Église verte est-elle en mesure de répondre aux attentes ?
Récente, nous l’avons dit, Église verte est sans doute mal connue dans la diversité probable de ses formes de vie et d’expression, y compris par ceux qui y participent (18). Une première enquête (19) sur ses pratiques a été tout récemment mise en ligne, initiative qu’il serait utile de poursuivre. En faire l’expression principale de l’action écologique de l’Église au niveau local n’est-il pas un peu prématuré ?
Explicitement, le label d’Église Verte vise la communauté locale, et non l’individu dans ses choix de consommation et de vie. En ce sens, il trouve un écho dans la décision synodale de 2021 (20) qui appelle «les paroisses et Églises locales à veiller à la cohérence de leurs pratiques en matière de respect de la création» (21). Il s’agit en premier lieu de partir d’un éco-diagnostic de la communauté elle-même (isolation des bâtiments, covoiturage, pratiques cultuelles).
Concernant l’analyse des impacts environnementaux, la pertinence de l’échelle de la paroisse est posée, et demande une analyse au cas par cas. La difficulté d’établir des comparaisons, par exemple entre Églises de diaspora rassemblant des fidèles dans tout le département d’une part, et Églises urbaines d’autre part, ou selon la qualité d’un bâti dont elles sont rarement propriétaires, etc. rendra difficile de tirer des conclusions opérationnelles et une éventuelle recherche de caractérisation de bonnes pratiques généralisables, ce qui pourra donner aux membres de l’Église locale le sentiment d’un exercice un peu formel, sinon vain.
Ces groupes sont incités à pousser leurs analyses jusqu’aux comportements individuels, en vue de promouvoir une plus grande sobriété. Dans la section modes de vie du questionnaire, en effet, beaucoup de questions d’autoévaluation commencent par «Notre communauté encourage ses membres à…». Dans quelle mesure est-ce suivi d’effet ? Nous n’avons pas d’informations précises là-dessus, aussi renvoyons-nous sans a priori ceux qui souhaiteraient poursuivre cet objectif aux idées développées ci-dessous dans la section Les petits gestes dans le contexte ecclésial. Enfin, selon quelques témoignages, les groupes Église Verte formés au sein des lieux de vie ecclésiaux pourraient courir un risque de ghettoïsation, leurs réunions étant considérées comme une activité parmi d’autres, tout en fournissant un alibi à la communauté locale. Il est à craindre que cette approche principalement analytique (écodiagnostic, bonnes pratiques, petits gestes), qui renvoie principalement, soit à des choix d’administration de l’Église locale, soit à des choix de vie individuels (22), isole plus encore les personnes déjà convaincues du reste de la communauté et rende difficile à Église verte d’atteindre ce qui pourrait être sa cible privilégie: amener les paroissiens à réfléchir ensemble sur le lien entre préoccupation écologique et vie de foi.
Malgré la prise de position sans ambiguïté de la décision synodale en faveur d’un équilibre entre approches individuelles et collectives, il est à craindre que l’attirance des Églises pour l’engagement individuel et ses petits gestes pour la planète – qui est en quelque sorte en miroir avec le tropisme des pouvoirs publics pour les réponses individuelles des consommateurs aux signaux du marché – prenne le dessus. En effet, dans l’état de confusion de l’opinion décrit plus haut, et qui n’était pas aussi sensible en 2021, les difficultés politiques, les craintes de division à l’intérieur même de l’Église (devant lesquelles celle-ci a historiquement toujours réagi en modérant son message), il y a sans doute un risque de repli.
Conversion
Nous citons plus haut Gabriel Mazzolini rappelant que pendant longtemps, les organisations écologistes s’étaient adressées aux milieux populaires dans l’idée de les sensibiliser ou de les convertir aux petits gestes. Cette origine paradoxalement laïque de l’application du terme à l’écologie, puis sa réappropriation par les croyants, est bien relevée par Louis Fraysse dans l’article La conversion écologique, l’idée fait son chemin, paru dans l’hebdomadaire Réforme du 6 décembre 2023. Ce dernier consacre également son éditorial, sous la plume de Jean-Marie de Bourqueney, à la notion de conversion (23).
On relèvera dans ces textes une approche diverse du mot conversion appliqué à l’écologie, parfois critique, sinon perplexe. L’article de Louis Fraysse illustre la plasticité du terme. Au fil des témoignages, un chef d’entreprise souligne que le mot de transition seul ne suffit plus, puisqu’il faut inciter à une remise en cause globale. Corinne Bitaud, animatrice du réseau Espérer pour le vivant, prend l’exemple de la conversion à l’agriculture biologique pour illustrer un retournement complet des pratiques, une radicalité nécessaire. Elle rappelle qu’on ne se convertit pas à l’écologie mais à Dieu créateur, en acceptant que richesse, puissance, technologie, ne soient pas premiers mais seconds, et que l’Humain ne soit pas seul au sommet de la création. Une jeune néo-agricultrice insiste sur ses sentiments d’épanouissement, de liberté, d’authenticité. La philosophe Isabelle Priaulet indique que pour les stoïciens, la conversion, le changement de regard sur le monde est le résultat d’un long travail basé sur la liberté et le discernement, et rappelle que dans sa conception chrétienne, au contraire, ce changement de regard est donné.
L’usage du mot conversion dans le contexte d’une approche chrétienne de l’écologie nous place aussi sur le terrain de l’œcuménisme (24). Elle est en effet mise en avant par des associations communes aux protestants et aux catholiques, dans lesquelles, pour des raisons démographiques évidentes, la sensibilité catholique s’exprime plus fortement. On l’y trouve aussi parfois qualifiée de transition intérieure (25). Dans ces démarches, la pente est de privilégier la remise en question personnelle. L’œcuménisme peut inciter à cela, compte tenu d’un certain tropisme pénitentiel de l’Église catholique, faisant une place importante au scrupule, encore que dans les mêmes cercles se fassent aussi entendre des voix différentes (26). D’un point de vue protestant, on peut craindre le retour d’une théologie des œuvres. On rappellera que la théologie protestante insiste sur la grâce, à laquelle ouvre la conversion au Christ, qui entraine la gratitude, et, dans la «liberté des enfants de Dieu», un engagement actif vers le prochain dont l’écologie pourrait être une dimension importante (le reconnaitre est sans doute une des manières de faire le lien entre préoccupation écologique et foi religieuse). C’est bien sur les trois niveaux de «conversion personnelle, ecclésiale et sociétale» qu’insiste le document synodal de 2021.
Changement de regard ou repentance ? Le texte synodal invoque explicitement ce deuxième sens de la notion: l’ÉPUdF «se repent pour ses manquements vis-à-vis du projet créateur de Dieu, et vis-à-vis de la relation de service et de respect due à la création, une relation trop souvent interprétée comme une domination sans limite» (27). On remarquera cependant qu’il s’agit ici de la dimension ecclésiale de la conversion, dans un mouvement qui reprend celui de la liturgie réformée: le rappel de la Loi de Dieu et des manquements humains est suivi d’une reconnaissance de culpabilité puis d’un rappel du pardon. S’agissant de la crise écologique, cela n’implique pas automatiquement, pour l’individu, un recours à la contrition personnelle, qui, dans la plupart des cas, serait une fuite dans le masochisme.
Dans le livre L’Evénement Anthropocène (28), les historiens Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz exposent que nos sociétés occidentales sont l’objet d’un grand récit. Celui-ci renvoie à un avant dans lequel nous, indifféremment, aurions détruit l’environnement par ignorance, et à un aujourd’hui, dans lequel quelques consciences éclairées viendraient nous sortir de notre aveuglement. Le livre démontre le caractère historiquement faux de cette théorie, car tous les hommes, toutes les sociétés n’ont pas la même responsabilité dans cette destruction, et par ailleurs, il a toujours existé une partie de la population s’inscrivant en défense de la Nature, au risque de conflits avec les puissants. Le livre souligne aussi le caractère collectivement démobilisant et même dangereux de ce discours, car ouvrant les possibles à la dictature des experts.
Le document synodal est à l’abri de ce reproche, car il n’élude pas les dimensions collective et politique de la question écologique, soulignant notamment que «l’Église protestante unie de France estime que la crise écologique est en lien étroit avec la crise sociale, et la pauvreté dans le monde. Ces crises ont pour origine le mal développement engendré par l’avidité humaine, par une conception utilitariste du monde, par une économie productiviste non régulée et par les schémas de domination patriarcale (etc.)». Par ailleurs, il insiste sur le caractère nécessairement collectif du travail à faire.
Olivier Abel dans Le bouleversement éthique des horizons (29) parle d’une co-évolution de nos comportements; et rappelle que la sobriété de tout un peuple, de tous les peuples, du système économique est une condition de la justice. Comment pouvons-nous, sans recourir au dévoiement du message vers le moralisme ou au contraire à la fuite dans les petits gestes, envisager la fin de la distinction par la consommation ostensible, ou le renoncement au rêve automobile, et à celui des voyages lointains, etc. ?
Enfin, il faut rappeler que les évolutions sociales et sociétales nécessaires, le changement culturel qui les permettront, les modalités de la répartition des efforts, sont des questions d’éthique commune qui renvoient au dialogue et à l’indispensable co-élaboration avec divers courants de pensée et sensibilités. Cela conduit à vouloir inclure les personnes rétives aux grandes notions, qui souvent les ressentent comme surplombantes, infantilisantes, moralistes, comme celles qui se sont exprimées dans le mouvement des Gilets jaunes. Dans ce contexte, un terme aussi polysémique que celui de conversion n’est-il pas occasion d’ambigüité ? On peut parler tout aussi bien de changement sociétal, d’évolution, etc. Il faut de la justesse pour parler de justice… sans énerver ou démobiliser !
Les petits gestes dans le contexte ecclésial
Outre les risques spécifiques sur un possible brouillage du message de l’Évangile, la pratique des petits gestes fera face aux mêmes risques dans l’Église que dans la société en général. Percevoir le concret des petits gestes comme un enjeu de sensibilisation des personnes procède sans doute d’un malentendu. En effet, selon les résultats du sondage Ifop/A Rocha/Parlons climat, le niveau de conscience écologique des protestants apparait comme étant du même ordre que celui de la population générale, c’est-à-dire relativement élevé (30), et un message orienté vers la sensibilisation pourrait paraitre rabâcheur ou infantilisant. Ce peut-être l’une des raisons de l’énervement dont témoignent parfois les paroissiens qui se tiennent en dehors de la mouvance Église verte. Certes, il y aura ceux qui refuseront d’être remis en question dans leur droit à conserver leur mode de vie actuel, mais qu’un discours moraliste ne fera, la plupart du temps, que renforcer dans leur attitude. Mais la réticence d’autres membres tient peut-être, si l’on suit l’enquête Ifop-A Rocha-Parlons Climat, à ce qu’ils seraient conscients de l’enjeu mais en proie à un sentiment d’impuissance que les propositions faites ne permettent manifestement pas de surmonter. Peut-être aussi ne verraient-ils pas le rapport entre préoccupation écologique et vie de foi. En pratique, la pente pourrait mener au plus facile, avec un appel à la conversion entendu comme ne s’adressant qu’aux individus, et s’appliquant principalement à une approche scrupuleuse des comportements, et notamment aux petits gestes. «Malheureux (serions-nous alors, si nous versons) la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin… (tout en négligeant) (…) la justice» (31)…
Laisser s’affadir le message ne préserverait au mieux qu’une unité formelle. Il faut aussi prendre en compte le risque de déception de chrétiens engagés depuis longtemps dans la lutte écologique. Que cela conduise au départ de ces personnes, ou tout simplement à bas bruit, à renforcer le clivage qu’ils vivent entre leurs différents lieux d’engagement, ce serait une perte des ressources que représente, pour les Églises, la pluralité des approches. Nous serions dès lors moins bien armés encore pour formuler et mettre en œuvre les réponses collectives, ecclésiales, à l’interpellation du synode !
Soutenir la démarche Eglise verte… parmi d’autres, et en l’élargissant
Heureusement, le sens de possibles pratiques ecclésiales autour des petits gestes ne se réduit pas à la sensibilisation, et peut notamment concerner l’accompagnement de la lutte contre l’écoanxiété, comme ce qui redonne la force de continuer, le soutien mutuel dans les efforts de cohérence individuelle (sans lui donner une dimension de justification religieuse), ou l’inscription des personnes dans un récit collectif de lutte contre les menaces pour le Vivant. Et surtout peut-être, il s’agit de retrouver une approche égalitaire des petits gestes dans l’esprit d’une écologie populaire, produisant du lien social, redonnant de la fierté, valorisant des savoirs pragmatiques, voire des écogestes qui ne se revendiquent pas comme tels. Tous ces usages impliquent l’interprétation, la remise en perspective, le partage de la parole, ouvrent parfois, non à une sensibilisation, mais à une pédagogie à multiples ressorts et adaptée à ses différents publics. C’est sans doute en milieu laïc et ouvert, et non entre membres de l’Église, que la dimension concrète du travail sera la plus féconde, quitte à se retrouver en groupe paroissial à fins de relecture communautaire, et notamment pour approfondir, sur la base de ces expériences concrètes, le lien entre préoccupations environnementales et foi religieuse.
Dialogue interculturel
Dans ce même mouvement, les Églises protestantes pourraient représenter une force de réflexion et de proposition en matière de prise en considération mutuelle des différences culturelles entre groupes sociaux. L’échange sur l’écologie entre différentes catégories sociales est un défi, l’écueil étant le discours en surplomb des mieux dotés en capital culturel, tentés de se poser en sachants. Sans misérabilisme dans ce mot, les pauvres doivent être pris au sérieux y compris en matière d’environnement (32). Des méthodes scientifiques existent aujourd’hui pour faciliter, grâce à une construction participative, ce que la langue anglaise appelle l’empowerment c’est-à-dire le développement du pouvoir d’agir des personnes ou des collectivités sur les conditions auxquelles elles sont confrontées (33). Les Églises, notamment protestantes, dans la fidélité à leur inspiration historique, pourraient trouver du sens à permettre aux milieux populaires de retrouver non seulement une confiance, mais aussi une familiarité avec les intellectuels, comme au temps de la Réforme, et aux intellectuels de se mettre au service de la construction collective d’une vision globale. L’inspiration est sans doute aussi à rechercher dans les mouvements d’action catholique et leur devise voir, juger, agir, ainsi que dans les inspirations, toujours actuelles, de la Théologie de la libération (34).
Mais faire droit à la vision de groupes sociaux désireux de ne pas simplement se soumettre aux leçons de vie que leurs donneraient les dominants doit-il pour autant affaiblir la recherche de la vérité ? Ou, sous prétexte de simplicité, faudrait-il renoncer à l’observation des faits et à leur interprétation ? Attention à ce qui pourrait devenir un conformisme du concret, soit disant seul accessible à tous, au risque d’enfermement dans l’anti-intellectualisme et le refus de la complexité. Les partisans du business as usual sont passés maitres dans ce tour de passe-passe rhétorique, selon lequel scientifiques, philosophes, théologiens, seraient hors du peuple et de ses préoccupations, tandis qu’eux-mêmes sauraient l’écouter et le représenter. Dans ce qui précède, la question de la vérité, comme antidote à la confusion éthique, apparait constamment posée en creux. Il convient, à ce stade de notre réflexion, de la considérer pour elle-même.
(Lire la suite et fin de l’article)
Illustration: journée de lancement du label Église verte en 2018.
(1) Affichage environnemental (site de l’ADEME).
(2) Morgane Bertrand, Le gouvernement bloque l’éco-score, Le Nouvel Obs, 6 juin 2024.
(3) «Le Grenelle de l’ Environnement est un ensemble de rencontres politiques (..) en septembre et décembre 2007, en vue de décisions à long terme sur l’environnement et le développement durable» (page Wikipédia).
(4) Voir le site Agribalyse (ADEME).
(5) Article 2 de la Loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets (Légifrance)
(6) Voir le site Planet-score.
(7) C’est ce type de résultats, notamment, qui a conduit les tenants du Planet-score à formuler leur contre-proposition.
(8) Concepcion Alvarez, Les citoyens n’ont qu’un impact minoritaire dans la lutte contre le changement climatique, Novethic, 8 novembre 2019.
(9) Des données sur les SUV sont synthétisées dans ce billet d’humeur.
(10) Jean-Baptiste Malet, Le système Pierre Rabhi; Retour sur «Le système Pierre Rabhi», Le Monde diplomatique, août et novembre 2018.
(11) Jean-Yves Pranchère, «Les électeurs RN affirment leur fureur de ne pas être réellement souverains en tant que consommateurs», Le Monde, 10 juillet 2024.
(12) Selon des études prospectives, il faudrait, par exemple, se limiter à très peu (deux , quatre ?) de voyages intercontinentaux en avion sur toute une vie comme le rappelle Jean-Marc Jancovici sur France Inter le 24 novembre 2022 et le 30 mai 2023. Voir aussi: Sophie Viguier-Vinson, Prendre l’avion seulement quatre fois dans une vie: est-ce tenable ?, La Croix, 9 septembre 2023.
(13) Olivier Abel, op.cit., Le bouleversement éthique des horizons, dans Olivier Abel, Edouard Bard, André Berger, Jean-Michel Besnier, Roger Guesnerie et Michel Serres, Éthique et changement climatique, Le Pommier (Essais et documents), septembre 2009.
(14) Béatrice Madeline, Chez les classes moyennes, un vote marqué par la peur du déclassement; Jean-Michel Normand, Le rêve automobile contrarié des classes moyennes, Le Monde, 20 et 23 juin 2024 (édition papier des 23-24 juin, pp.8-9).
(15) Synode national de l’ÉPUdF, op.cit., Paris-Sète, 2021, Écologie, quelle(s) conversion(s) ?.
(16) Voir le site Église verte.
(17) S’agit-il d’un mouvement à proprement parler ? Nous utiliserons ce terme par commodité.
(18) Le site Église verte renvoie principalement au questionnaire d’écodiagnostic, sur lequel est basé la labellisation des groupes locaux. Sauf omission, il ne contient pas d’éléments factuels sur les pratiques des communautés labellisées. Les éléments de réflexion donnés ci-dessous ne peuvent donc guère dépasser les impressions ou les hypothèses, basés qu’ils sont notamment sur l’analyse du questionnaire, ainsi que sur quelques témoignages amicaux, ce qui conduit à d’inévitables simplifications que je prie d’excuser.
(19) Héloise Gaboriaud, Une étude géographique des paroisses Église verte, Église verte, 10 juillet 2024.
(20) ÉPUdF, Écologie, quelle(s) conversion(s) ?, op.cit.
(22) Certes, l’écodiagnostic comporte une partie visant «l’engagement local et global» avec une dimension un peu plus systémique et politique, mais dès la question 3 de cette section, l’on est renvoyé à des problématiques d’écogestes.
(23) Jean-Marie de Bourqueney, Conversion ou évolution ? (éditorial); Louis Fraysse, La conversion écologique, l’idée fait son chemin, Réforme, 6 décembre 2023.
(24) Partant de l’idée que l’urgence écologique appelle un engagement éthique, pratique, voire politique, et a peu à voir avec des accords doctrinaux, la conception de l’œcuménisme qui est défendue ici est celle d’un partage pragmatique des ressources offertes par la diversité des communautés et sensibilités religieuses, en se défiant de la primauté qui pourrait être donnée à la recherche de convergences doctrinales, comme en témoigne ce chapitre sur la conversion. En effet, les accords doctrinaux entre institutions concernent des champs différents, répondent à des logiques et des temporalités spécifiques, et sont bien entendu hors champ de la présente réflexion. L’article ne se réfère explicitement qu’au catholicisme et au protestantisme luthéro-réformé. L’auteur possède en effet une connaissance insuffisante de pensées aussi actives en matière écologique que celle des anglicans ou des orthodoxes pour en rendre compte ici. De même, il est convaincu que le dialogue doit impliquer le plus possible la mouvance évangélique, avec laquelle l’association A Rocha, par exemple, est peut-être en mesure d’établir des passerelles. Enfin, l’auteur souligne que le processus d’élaboration de l’article est lui-même le résultat de cet œcuménisme pratique. En effet, parmi les relecteurs et contributeurs cités à la note 1 (du premier volet) figurent plusieurs personnes de confession catholique, dont les remarques et propositions d’ajout ont été nombreuses et fécondes !
(25) Voir la lettre Maison commune de Chrétiens unis pour la terre, voir aussi la retraite en ligne de Terre promise, un Carême sur les chemins de conversion écologique proposé sous une étiquette «œcuménique» lors du Carême 2023.
(26) Voir le témoignage d’Yves Le Thérisien dans la lettre Maison commune de septembre 2024.
(27) ÉPUdF, Écologie, quelle(s) conversion(s) ?, op.cit., Position théologique, point 5.
(28) Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, L’Evénement Anthropocène, Seuil, 2009.
(29) Olivier Abel, Le bouleversement éthique des horizons, op.cit.
(30) Résultats de l’enquête Ifop/Parlons Climat/A Rocha, A Rocha France, 6 septembre 2023, op.cit.
(31) D’après l’évangile selon Matthieu, 23,23, Traduction œcuménique de la Bible, 18e édition, août 1984.
(32) Voir Majid Rahnema, selon qui les pauvres sont les personnes qui vivent historiquement dans la parcimonie grâce à la solidarité, ou ceux qui choisissent la sobriété. Référence proposée par Nicolas Beaudoin.
(33) Catherine Vincent, Notion: «Empowerment» ou le «pouvoir d’agir», Le Monde, 26 décembre 2020.
(34) Thimothée de Rauglaudre, Les Moissonneurs, au cœur de la théologie de la libération, Éditions de l’escargot, 2022. Référence proposée par Nicolas Beaudoin.