Le climat et nous, comment dire? (2)
«Mettre un peu d’intelligible sinon d’ordre dans le chaos des informations, des interprétations», c’est ce que peut faire, avec sa «poésie du réel», un livre comme Climats, épopée de Laurent Grisel. Le quatrième choisi par Vincent Wahl dans le deuxième volet de ce dialogue «pour toucher terre» sur la question climatique.
Texte publié sur Poezibao.
Premier volet du texte de Vincent Wahl.
Climats, épopée
Ce petit miracle de livre (1), qui unit érudition et pédagogie, géologiques et météorologiques, attention et empathie ethnologiques, analyse économique et politique, révolte et espérance, commence en chant de gratitude. Sont ainsi remerciés professeurs et formateurs, l’amie écrivaine qui a donné l’impulsion initiale, et quelques savants, ou collectifs scientifiques, d’Arrhenius découvrant l’effet de serre au seuil du 20e siècle, jusqu’à Hansen qui, cent ans plus tard, face à un GIEC encore bien timide, a refusé d’amodier la vérité. Est aussi nommé, mais pas pour le remercier, un notoire et serial enfumeur (tabagisme, amiante, pesticides, climat). C’est ainsi que nous sommes, de proche en proche, attirés dans l’œil cyclonique de ce que Laurent Grisel appelle non une histoire, mais (la conjonction apparait mystérieusement, attire l’attention) une épopée, terme sur lequel il faudra revenir.
Dès son premier chant, le poème nous emmène chez les Mundurukus, vivant entre le rio Tapajos et la rivière des Sept Chutes aux confins du Para et du Mato-Grosso, peuple en lutte contre d’énormes projets miniers ou de mise en valeur de la forêt et enfin contre une gigantesque retenue d’eau. Leur combat, réprimé par le pouvoir, a beau se traduire par des formes non violentes, inventives, elle entraine encore plus de répression. Ce premier chant pose d’emblée les enjeux du poème. L’un est formel, concerne la description des boucles d’évènements et de facteurs en interaction, en rétroaction. Un autre porte sur le dévoilement de problèmes de fond: la destruction de l’environnement et la résistance induite sont directement liées aux représentations mentales et culturelles; la méconnaissance ou le déni des conséquences sont les aliments de la mauvaise foi, qui soutient les rapports de domination, la violence de l’économie extractive… Contre tout cela, avec eux, on se bat! Enfin, un enjeu esthétique et sensible: le poème voudrait nous faire participer à leur manière de considérer la forêt, les eaux, les poissons, les tortues, etc., fraternelle, non utilitariste. Viendront ensuite quelques autres séquences, analogues par la richesse des niveaux de sens mobilisés, dans lesquelles convoitise et négligence causent et attisent de bruyants ou discrets cataclysmes, et où solidarité et ingéniosité sont ou seraient les meilleurs antidotes: la destruction de la Nouvelle-Orléans par Katrina, la disparition du glacier andin Chacaltaya, château d’eau pour des millions de personnes, l’asséchement du lac d’Ouroumiyeh.
Pour Italo Calvino (2) , les épopées d’aujourd’hui sont des récits qui confrontent l’homme pris dans l’Histoire à une nature immuable. Mais immuable, la nature ne l’est plus: l’Événement anthropocène nous rappelle que l’humanité est désormais une force géologique, capable d’agir sur elle. Dans son poème, Grisel nous fait vivre en accéléré cette évolution, et son aboutissement possible: une Terre rejoignant la trajectoire thermique de Vénus, aboutissant à 446 voire 482 degrés Celsius de température de surface. Après le Permien, il était moins une. L’apparition en 10000 ans d’un véritable enfer, la quasi-disparition de la vie. Un brusque changement d’échelle de temps, un saut dans l’inconnu, que nos trajectoires actuelles nous feraient atteindre en une centaine d’années seulement. Entre Permien et Crétacé, seul le stockage massif de gaz carbonique dans la craie a évité à la Terre la catastrophe. Mais aujourd’hui, les mers sont acides: cela ne fonctionnera plus. Le poème met en scène de curieux personnages: l’effet de serre et ses gaz, des terres assombries par la fonte des glaces, responsables de l’albedo flip, des lacs sous-glaciaires inter-connectés, accélérant la glisse des glaciers vers l’océan. De même, le dialogue rompu entre les arbres et les nuages du Kilimandjaro, le méthane asphyxiant, inflammable et destructeur. Le cyclone, agent actif, s’il en est! Mais le poème nous en donne malicieusement la recette, comme une invitation à en déclencher un nous-même, et le voici battu devant nos yeux comme un sabayon dans sa jatte. Le charbon, capable de brûler sournoisement, pendant des millénaires; les déserts qui s’étendent. Ces différents protagonistes, comme d’ailleurs aussi la répression et la lutte, se développent au sein de boucles de rétroaction que le poème nous fait comprendre avec une simplicité, voire un culot, étourdissants, et ce sont tous ces personnages, ces tourbillons, cette polyphonie qui font l’épopée.
Le sinistre ballet des puissants impose son tempo: pression sur les peuples autochtones, abandon puis criminalisation des pauvres coincés par la tempête ou négligence dans la gestion des systèmes d’adduction d’eau. Il est nommé, au fil du chant, de plus en plus clairement: économie de pillage, mensonge et recherche du bouc émissaire, refus de mettre en question le droit de propriété, préférence donnée aux mécanismes de marché, gangrenés par la spéculation, souvent notoirement inefficaces, plutôt qu’à la gestion des biens communs, manipulations des dates de référence pour offrir à l’industrie des calendriers, pour s’adapter, qui ménagent les intérêts financiers, au détriment d’une baisse rapide des émissions de gaz à effet de serre, culture de l’insensibilité… Et pourtant existent les alternatives, construites sur les collectifs, présents (famille, conseillers), passés (legs des semences) et futurs. Et toi, qui cultives ton champ, tu n’es pas seul. Ainsi cette continuité dans la transmission et le partage des communs est-elle opposée à l’aventurisme de quelques-uns, qui, au nom de leur droit impatient à l’aventure solitaire, nous feraient basculer dans l’irréversible. L’opposition entre le nous de la coopération, de l’ingéniosité, du partage des savoirs, du dialogue, et le eux des accapareurs, des prédateurs indifférents est un des ressorts du poème, offert en alternative à la déploration, à la passivité: Il faut déposséder les possédants de tout/ leur reprendre les ressources qu’ils dilapident/ leur reprendre les décisions qu’ils prennent à notre place.
Poésie
Dans Climats, pas davantage d’amalgame entre les responsabilités, que dans L’événement Anthropocène. Dans les deux ouvrages, le même refus de se laisser enfermer dans la culpabilité, de laisser dévaloriser le public le laisser assigner à une prétendue dissonance cognitive, le même encouragement à récupérer la marche des affaires, confisquée par les puissants, et qui pourrait l’être à nouveau par ceux qui savent. Dans les deux cas, la poésie est l’arme de ce refus.
Bonneuil et Fressoz citent à cet effet le poème de René Char Les inventeurs (1949). Faut-il céder à la vision du monde des lanceurs d’alerte? Certes, ceux-ci préviennent, utilement, d’un danger mais sont d’un autre versant, et inaptes à une présence chaleureuse au monde, à l’économie de la joie et aux couleurs plaisantes. Les auteurs de l’Événement Anthropocène entendent ce poème comme un refus d’abandonner notre autonomie au pouvoir technocratique.
La poésie du réel de Grisel montre son efficacité pour concentrer le temps, l’espace, pour donner une vision panoramique. La concision y ouvre à l’ampleur. L’empathie reste contenue, ce qui permet le recul. Il s’agit de maintenir ensemble l’émotion et la lucidité, la tristesse et la capacité de résistance. La forme épique est une manière de donner voix à la multitude, humaine, ou non, animée, ou non.
Dans l’analyse historique ou le travail poétique, le même effort, finalement, de mettre un peu d’intelligibilité sinon d’ordre, dans le chaos des informations, des interprétations. Ce que peut faire la poésie? Réunir l’intelligible et le sensible dans l’être entier, permettre de savoir ce qui se passe et ce que nous pouvons faire (3). Plus de séparation entre dire et agir. Pas une histoire mais une épopée.
Ricocher?
Pendant plus de vingt ans, il n’est guère de jour où je n’aie songé au bouleversement climatique. Mon sentiment dominant reste, cependant, la sidération. Pourtant, en 2022, ceux qui ont pris conscience de la gravité du problème n’ont plus à se résigner à être définitivement minoritaires. Le constat est fait, documenté, et commence à être partagé, même si des événements comme ceux d’Ukraine révèlent la pugnacité des adversaires (4). Mais je n’ai pas encore vraiment réussi à l’intégrer à ma vision du monde, et sans doute ne suis-je pas seul dans ce cas. Déjà est arrivé le temps de l’action, des décisions et des luttes collectives, d’un changement drastique des modes de vie, bien au-delà des comportements de témoignage. Le décalage entre une vision insoutenable du monde à venir et la résistance nécessaire nous contraint, nous brutalise. Déjà, aussi, le négationnisme bête et méchant, qu’il soit ou non basé sur une pseudoscience, est subtilement remplacé par la diversion. Qu’elle provienne de la peur de manquer, qu’on voit réveillée par la guerre en Ukraine, qu’elle se nourrisse du sentiment d’impuissance, ou encore qu’elle réponde à la bonne vieille stratégie du bouc-émissaire, on parlera, décidément, d’autre chose. Et surtout pas de pauvreté, d’inégalités, de risque écologique (ou à la rigueur, sur le mode du solutionnisme technologique, de la géo-ingénierie), mais de dangers fabriqués: immigration, islamo-gauchisme et autres épouvantails. Tout à la fois, Bolloré finance la propagation de ces idées, et gagne de l’argent dans la logistique d’une économie mondialisée. N’est-ce pas significatif? Ce contexte renforce mon envie de partager mes lectures sur le climat, et les clés d’interprétation qu’elles inspirent. Au-delà, creuser, rendre compte de mes enthousiasmes, m’obliger à les transmettre est une sorte de gymnastique pour m’orienter, contre raideurs et crampes, du côté de l’espérance.
Ces livres, notamment L’événement anthropocène ou Climats, épopée m’apportent des matériaux pour construire mon propre cadre réflexif, interprétatif. Parmi ceux-ci, le caractère massif de l’économie du pillage, l’aggravation du malheur des plus pauvres par la négligence et l’indifférence, voire l’hostilité des dominants. Le rappel que la prise de conscience, la pensée, les luttes pour le climat viennent de loin et s’enracinent dans une histoire riche, de deux ou trois cents ans. Que l’oubli est puissant, paralyse, est facilement instrumentalisé, pour culpabiliser, opprimer. Qu’à l’inverse, la mémoire est libératrice.
«Une condition de ces développements, de ces changements, est sans doute de nature existentielle ou spirituelle: guérir, renouer avec la joie.»
L’amnésie est renforcée par l’effet cumulé des désastres, de la puissance industrielle ou militaire au service de la destruction. On s’habitue, on se résigne, la sensibilité s’émousse, les sociétés se désinhibent. Le concept de désinhibition est pour moi un des enseignements majeurs de ces lectures. Face à tout cela, la parole créatrice, partagée, polyphonique. À côté de la déploration, ou de l’indignation, vite métabolisées en lassitude et sentiment d’impuissance, nous avons besoin de paroles et de récits qui nous permettront de vivre tout près, voire au-delà, du point de non-retour, pour comprendre, pour retrouver notre dignité. Certes, le thème de la parole partagée est aujourd’hui fréquent. À nous de trouver les moyens d’aller au-delà de la simple incantation, pour restaurer la voix collective de la littérature, comme dit Amitav Ghosh, qui poursuit ainsi: J’ai voulu essayer de revenir à des pratiques collectives anciennes en imaginant un texte qui n’est pas destiné à être lu en silence mais à voix haute et en groupe (5). On est très proche de la manière dont Laurent Grisel conçoit la poésie.
Il nous faut donc changer de Nous, passer d’un Nous assigné à culpabilité collective et repentance d’emprunt, le Nous factice, au Nous en archipel d’êtres parlants, cherchant, chacun, sa voix, le Nous d’un peuple re-formé, un Nous de combat, et le moyen en est un récit ou plutôt des récits, collectifs, comme en témoignent les Mundurukus dans Climats, épopée.
Une condition de ces développements, de ces changements, est sans doute de nature existentielle ou spirituelle: guérir, renouer avec la joie. C’est l’approche d’Alain Damasio dans Les Furtifs (6): déplacer les images de la vie bonne du côté de la puissance de vie. C’est aussi un des enjeux de nos quatre livres. Il n’y a sans doute pas de complot néolibéral à l’origine du 11 septembre, ou de Katrina, des guerres fratricides du Congo, etc., mais il y a un intérêt objectif du système néolibéral à ce que nous ne parvenions pas à sortir de la sidération, que nous ne puissions récupérer, nous souvenir, nous réapproprier le sensible, la contemplation. Au-delà du simple opportunisme, Naomi Klein (7) dévoile de véritables stratégies du choc. Guerres, crises économiques, catastrophes naturelles sont chaque fois l’occasion d’une purge néolibérale, de la montée d’un cran d’un capitalisme du désastre.
Alors oui, sans doute, voudrons nous des utopies, comme l’expression et l’outil d’un optimisme de la volonté (8). L’optimisme, disait Bonhoeffer, en tant que volonté d’avenir, même s’il se trompe cent fois (…) est la santé vitale qu’il faut préserver de toute contagion (9). Au sein de la polyphonie évoquée plus haut, l’utopie est une des modulations nécessaires. C’est notamment ce que posent les auteurs de L’évènement Anthropocène en premier lieu à partir de la question d’un approfondissement démocratique: comment refonder l’idéal démocratique quand s’évanouit le rêve de l’abondance matérielle? Ou, citant Dominique Bourg: comment inventer un nouvel idéal d’émancipation?
«Un imaginaire du futur ou du présent?»
La deuxième question posée tant par Bonneuil et Fressoz que par Grisel, est celle d’une reprise du pouvoir, de l’initiative. Il s’agit encore de partager la parole, l’inspiration, de se fonder sur les capacités d’auto-organisation du peuple, l’invention collective. Et en commençant par le respect (10) comme le suggère si fortement Dans la lumière, en tenant compte de la force des inégalités, de la fracture entre culture savante et cultures reléguées. La vérité des relations sociales est la condition absolue du dialogue entre différentes conceptions du monde, d’une connaissance partagée. Essayer de comprendre comment un changement de culture peut advenir, le construire comme une éducation, pas une manipulation. Dans l’ordre délétère, révéler le poids de nos consentements tacites.
Autre utopie enfin: dénonçant l’idéologie réductrice du discours officiel de l’anthropocène, Bonneuil et Fressoz appellent de leur vœux une alliance renouvelée entre le peuple et les scientifiques. Dans la trilogie climatique, Kim Stanley Robinson essaie de donner corps à une trajectoire qui conduirait à ce type d’alliance.
Mais accueillir les utopies, est-ce vouloir en écrire soi-même? Réfléchissant au sentiment de gêne que j’évoquais plus haut, je suis amené à me situer vis-à-vis de différents types d’imaginaires, selon le terrain dans lequel ils s’enracinent – ou restent posés en surface. Dans la Trilogie, il s’agit d’un imaginaire du futur, basé sur un postulat de confiance dans la science. L’auteur s’en explique dans un entretien paru dans le hors-série de Socialter Le réveil des imaginaires (11). Il y relève notamment que la science est l’idéologie la plus puissante pour évaluer ce qu’il est possible ou impossible de faire physiquement, ce qui permet de distinguer les simples difficultés des limites physiques infranchissable, et nous requiert pour imaginer des trajectoires qui nous mènent vers (une) destination meilleure. Dans les trois autres livres sur lesquels j’appuie ma réflexion, l’imaginaire concerne le présent, voire le passé, les représentations du monde, la mémoire et la mise en commun de ces représentations, et enfin la manière dont nous y sommes personnellement impliqués. Il s’agit peut-être alors moins d’imaginaire que de symbolique, au sens étymologique: faire tenir les choses ensemble.
Mon ambigüité vis-à-vis du livre de Robinson vient peut-être de là: l’imaginaire qu’il m’intéresse d’explorer avec l’outil de la poésie est moins celui du raconteur d’histoires, que celui qui nous imprègne, souvent à notre insu: les représentations culturelles latentes, les clichés, nos images de la vie bonne, nos figurations du possible et de l’impossible, Celles-ci nous barrent certaines voies, nous convainquent que d’autres sont naturelles et donc nécessaires, alors qu’elles sont, au contraire, historiquement construites. La poésie comme instance critique. Comme disait Michel Butor, lui demander de nous aider à comprendre ce que nous voulons vraiment. En conséquence, peut-être, s’efforcer d’éviter, dans le poème, le passage au programme. Grisel ne fait rien d’autre lorsque – Bien sûr que c’est possible (12), il souligne les alternatives à multiplier, les nouveaux comportements à la portée de tous, sans donner, pour autant, de recette. Une intuition voisine inspire la dernière partie de Par où Or (ne) ment (13).
Je parle ici à partir de mes propres tâtonnements, liés à ma difficulté très personnelle de me projeter par l’imagination ; je ne suis pas en mesure de généraliser. Au contraire de l’écrivain, le lecteur que je suis aussi, a pu apprivoiser, au moins un peu, la peur d’imaginer le futur, grâce à la lecture inaugurale du cycle de la Ligue de tous les mondes d’Ursula Le Guin, élargie ensuite à d’autres auteurs. 22 23 Récemment Le réveil des imaginaires (14), et Ariel Kyrou, dans son livre Dans les imaginaires du futur (15) sur les relations entre utopies et littérature, sont venus aussi me proposer des outils précieux pour réfléchir à ce que (je voudrais) vraiment.
L’exigence utopique propre à l’écrivain – du moins, la mienne – me pousse à m’efforcer de m’approprier ce qui m’arrive, ou plutôt trouver la parole juste sur ce qui m’arrive. Elle me fait croire que si j’y parviens, en partant de mon point de vue singulier, j’encouragerai à mon tour d’autres à en faire autant, et que par là même je contribuerai au foisonnement créatif qui augmentera notre résilience, notre solidarité, voire notre pouvoir atténuateur de la catastrophe. Je n’ai pas encore trouvé le chemin de cette parole juste qui constituerait ma propre expression de l’empathie, ainsi que du recul, de la patience, de la lucidité nécessaires, face au dérèglement climatique, à ce que j’en éprouve directement, à ce que j’en entends dire. Il me semble cependant qu’un préalable sera le dépassement de la sidération, puis le démêlement des sentiments, négatifs comme la résignation, positifs comme l’indignation, la colère. Ceux-là sont d’utiles moteurs, des formes de résistance du désir, de la combativité, mais de piètres filtres pour la compréhension. Un va-et-vient permanent entre la lecture, l’écriture et l’action restera, sans doute, indispensable: les rencontres, personnelles ou littéraires, l’écoute, l’action citoyenne pour désankyloser, combattre l’arthrose de la sensibilité et de l’imagination. En d’autres termes peut-être, face au désastre, satisfaire le besoin d’action et de luttes collectives pour retrouver un peu d’espace singulier pour l’écriture.
Vincent Wahl – avril 2022
Illustration: forêts du Mato Grosso dans le parc national de la Chapada dos Guimarães (photo: Edmilson Sanches, CC BY-SA 3.0).
(1) Laurent Grisel, Climats épopée, Publie.net, 1995 et 2021.
(2) Italo Calvino, Tourner la page, traduction de Christophe Mileschi, Gallimard (Du monde entier), novembre 2021.
(4) Naomi Klein, Guerre et climat: le péril de la nostalgie toxique, AOC Media, 13 mars 2022.
(5) Sylvain Bourmeau, Amitav Ghosh: «La crise climatique est aussi une crise de la culture et de l’imagination», AOC Media, 20 mars 2021.
(6) Alain Damasio, Les Furtifs, La Volte, 2020.
(7) Naomi Klein, La stratégie du choc, Léméac, 2007; Le choc des utopies, Porto-Rico contre les capitalistes du désastre, Lux Éditeur, 2019.
(8) Kim Stanley Robinson, Nous voulons des utopies! Le réveil des imaginaires, Socialter HS n°8, avril-mai 2020.
(9) Dietrich Bonhoeffer, Résistance et soumission, Labor et Fides, p.26.
(10) Vous commencerez par le respect: Maurice Bellet. Le lieu du combat, Desclée de Brouwer, 1976.
(11) Kim Stanley Robinson, Nous voulons des utopies!, op.cit.
(12) Laurent Grisel, Climats épopée, op.cit., p.72
(13) Vincent Wahl, Par où (or) ne ment. op.cit., pp.172 sq.
(14) Le réveil des imaginaires, Socialter HS n°8, avril-mai 2020.
(15) Ariel Kyrou, Dans les imaginaires du futurs, volte-face d’Alain Damasio, ActuSF, 2021.