Martha Desrumaux: être des "embryons de résistance" - Forum protestant

Martha Desrumaux: être des « embryons de résistance »

Au Panthéon, il y a pour l’instant 5 femmes pour 76 hommes. Pour François Müntzer, Martha Desrumaux, syndicaliste, militante communiste, déportée, est aussi une candidate idéale pour les mêmes raisons qui rendent sa candidature difficile puisqu’elle était «femme, ouvrière», qu’elle «n’a pas produit d’écrit» et qu’elle «venait de province».

Intervention prononcée lors de la journée du Christianisme social Égalité femmes hommes: réalité ou utopie? du 22 octobre 2022.

Christianisme socialAu service des plus petits d’entre nous

Martha Desrumaux est une figure majeure du mouvement ouvrier français et de la Résistance. Cette militante ouvrière et féministe décédée en 1982 aura voué son existence au service des plus fragiles, des plus démunis. Son rôle marquant, essentiel devrais-je dire, dans la société industrielle, prolétaire et ouvrière de la première partie du 20e siècle a permis de faire bouger les lignes.

Nombreux sont ceux qui demandent aujourd’hui son entrée au Panthéon. De fait, si l’on examine le profil des résidents du Panthéon, qui compte 5 femmes (dont Simone Veil) contre 76 grands hommes, force est de constater qu’il n’y a aucune personnalité issue de la classe ouvrière. On trouve des militaires, des artistes, des politiques, des scientifiques mais aucun prolétaire.

La France aurait-elle honte de ces ouvriers qui l’ont construite? Certes Martha était cégétiste, communiste, féministe d’avant-garde, mais aujourd’hui elle dépasse les clivages! Elle aura consacré ses forces à défendre et valoriser les anonymes, ceux dont le militantisme et le travail ont aussi contribué au développement des valeurs de notre société.

Au feu!

Florimond Calixte Desrumaux, caporal des pompiers à Comines, un bourg du Nord dont l’homonyme belge se situe sur l’autre rive de la Lys, se hâte de sortir de son estaminet. Les cloches de Saint-Chrysole appellent les volontaires à toute volée. Dans la ville hérissée de cheminées d’usine, les rares automobiles sont celles des patrons du textile. C’est en charrette à bras que Florimond livre le lait, l’épicerie et que l’on transporte la pompe à eau. Vite, le feu! Une embardée, et l’homme, 50 ans à peine, se retrouve écrasé sous la masse.

Florimond meurt de ses blessures le 4 août 1906, non sans avoir recommandé à son fils Émile, jeune socialiste, d’agir toujours selon sa conscience. Radical-républicain, laïc, le père Desrumaux a toujours affiché ses convictions de gauche, même si elles lui ont coûté son emploi d’ouvrier gazier quelques années auparavant. Un vent nouveau se lève en ce début de 20e siècle: en 1904, Jean Jaurès a fondé L’Humanité; en 1905, la République a garanti la liberté de conscience et prononcé le divorce des Églises et de l’État; la même année, la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO) a rassemblé les marxistes de Jules Guesde et les socialistes de Jaurès.

Martha Desrumaux, autodidacte de choc

Quand son père meurt, Martha, sixième de sa fratrie, n’a pas encore 9 ans. Elle est née le 18 octobre 1897 à Comines (Nord), dernier jour de la fête des Louches, une ducasse (fête foraine) traditionnelle. Sa mère, Marie-Florence Van de Lannoitte, Belge, très croyante et amputée d’une jambe, a tenu à lui donner pour second prénom Chrysoline. Florimond a laissé faire. Bien plus tard, Martha Desrumaux elle-même voudra que sa petite-fille Sylvie, née en 1964, le porte. Toute sa vie, cette femme restera arrimée à ses racines nordistes, à ses origines familiales.

À 9 ans, elle devient une petite bonne dans une famille bourgeoise avant d’intégrer une entreprise textile, dès l’année suivante. Son enfance est confisquée par le monde du travail. Martha a dix ans. Elle découvre l’extrême dureté du quotidien ouvrier. À 13 ans, elle se syndique à la CGTU (1), la toute jeune Confédération Générale des Travailleurs qui, devenue CGT, comptera près de 4 millions d’adhérents au début des années 30.

En 1917, cette autodidacte de choc organise sa première grève aux usines Hassebroucq. Une victoire! Elle n’a que 20 ans, ne sait ni lire ni écrire, mais cela ne l’empêche pas de signer le protocole d’accord qui signifie l’arrêt du mouvement… et lui construit une solide réputation.

À la suite de son action lors des grèves très dures d’Halluin en 1928, où l’on refuse aux ouvriers du textile une augmentation de 50 centimes, elle est inculpée en novembre 1929 de «complot contre la sécurité intérieure de l’État». Le tribunal correctionnel de Lille la condamne le 15 février 1930 à huit jours de prison avec sursis.

La rencontre de Martha Desrumaux avec Clara Zetkin

En 1921, elle adhère au Parti Communiste et apprend à lire et à écrire. En 1927, elle part, seize mois durant, à Moscou à l’École léniniste internationale (2) où l’accueillent les instances féminines du parti bolchevik, les jetnodel. Avant son départ, le comité régional communiste notait à son sujet: «Excellente militante. Dévouée, active, excellente agitatrice. Avec une éducation politique plus complète, pourrait rendre de grands services au Parti. Approuve et défend la politique du Parti. Remplit ses fonctions avec conscience et dévouement».

Outre son futur mari, Louis Manguine, ouvrier métallurgiste, elle y rencontre Clara Zetkin (3) qui a lancé quelques années plus tôt, en 1910, l’idée d’une journée internationale des femmes. Cette même Clara Zetkin qui disait: «Le droit de vote sans liberté économique n’est ni plus ni moins qu’un chèque sans provision».

On peut lire sur le rapport d’évaluation de Martha qui conclut son long séjour à l’École léniniste internationale: «L’école lui a fait découvrir et lui a révélé le mouvement ouvrier, son histoire et le fond de notre doctrine et tactique de lutte. Elle est enthousiaste et d’un dévouement illimité pour le parti». Et un autre document précise: «Pas bonne pour l’organisation. Bonne pour le travail de masse dans les milieux du textile du Nord. Peut faire du travail dans l’illégalité. Pas de travail spécial. Confiance absolue».

À son retour en France, elle devient la première femme élue au Comité central et à la Commission féminine du PCF. Elle continue d’être de tous les combats sociaux. À Paris, on a beau moquer son accent ch’ti et sa grande taille (1,75 m), la voici désormais devenue une personnalité solide et respectée au sein de la classe ouvrière. En septembre-octobre 1928, elle travaille à l’usine Tiberghien à Tourcoing, où elle organise et dirige avec succès la grève des dix sous contre la baisse des salaires décrétée par le patronat du Textile.

L’organisation des marches de la faim

Un peu partout en Europe, les mouvements ouvriers organisent des marches de la faim. En novembre 1933, entre Lille et Paris, une centaine de sans-emploi font le déplacement. Le parcours se fait en une quinzaine de jours, conduit par Martha Desrumaux et Charles Tillon (4). Elle apparaît en 1936 dans le film de Jean Renoir La Vie est à nous (5) et sera la seule femme membre de la délégation ouvrière chargée de négocier les accords de Matignon qui, placés sous l’arbitrage du président du Conseil Léon Blum, entérinent les conquêtes du Front populaire (les congés payés, la réduction du temps de travail et l’établissement des conventions collectives). Pour peser sur les négociations, Martha est venue avec les fiches de paye des ouvrières du textile du Nord, indicateurs précieux des salaires de misère alors en vigueur.

Rentrée dans la clandestinité en automne 1939, Martha, qui reste fidèle au Parti Communiste, a perdu tous ses mandats syndicaux après avoir refusé de dénoncer le pacte germano-soviétique, ce traité de non-agression entre l’Allemagne et l’Union soviétique. Réfugiée un temps à Bruxelles, elle réorganise le PCF et revient à Lille le 6 juin 1940 où, à la mi-juillet, avec l’aide de jeunes communistes, elle saccage l’office de la propagande nazie. La voici devenue l’une des principales organisatrices de la Résistance dans le Nord-Pas de Calais.

L’héroïsme des mineurs en juin 1941

La région est l’enjeu de toutes les attentions allemandes. Riche en réserves de charbon, sa production doit impérativement alimenter l’effort de guerre. Avec le soutien d’autres militants dont Auguste Lecœur (6) et un grand nombre de femmes, Martha lance une grève générale et patriotique fin mai-début juin 1941 et, le 3 juin, l’ensemble du bassin minier est touché. Sur les 143000 mineurs recensés, 100000 cessent le travail.

La répression qui s’ensuit est particulièrement violente. Des dizaines de personnes sont fusillées, 450 sont arrêtées et parmi elles, 244 mineurs sont déportés en Allemagne. Cette fronde aura coûté près de 500000 tonnes à l’économie de guerre allemande. On traque les meneurs de ce mouvement. Parmi eux, Émilienne Mopty (7) et Martha Desrumaux. Toutes deux faisaient partie d’une liste d’otages dressée par le préfet Fernand Carles.

 

Ravensbrück

En fait, Martha est victime d’une mesure mise en place par le régime nazi, la détention de sécurité (Schutzhaft). Elle permet la détention arbitraire d’une personne considérée comme dangereuse pour la sécurité du Reich. Elle est arrêtée le 27 août 1941 et déportée, sans jugement, le 28 mars 1942 à Ravensbrück, le camp de concentration réservé aux femmes. Elle se lie avec les déportées antifascistes des pays de l’Est et organise une résistance clandestine dans le camp. Son extrême humanité constitue un oxygène vital pour les prisonnières et les enfants internés. Martha Desrumaux est chargée de vérifier, aux douches, que les détenues n’ont ni poux, ni gale.

Lili Leignel alors âgée de 11 ans, se souvient: «Martha disait: Ce n’est pas possible, des gosses comme ça dans les camps! Elle négociait auprès de celles qui pouvaient recevoir des colis, quelques friandises pour mes petits frères».

Marie-Claude Vaillant-Couturier se souviendra: «Elle arrivait à parler aux femmes, en dépit de la présence des SS, essayait de les aider à supporter le premier choc et de les avertir de ce qu’il fallait faire pour éviter l’extermination: ne pas se déclarer malade, ne pas montrer ses infirmités pour ne pas recevoir la carte rose, ne pas se dire juive».

Martha Desrumaux fait la connaissance de Geneviève de Gaulle-Anthonioz et de Germaine Tillion, grande résistante internée dans le camp qui constatera que les Françaises sont «les plus détestées et les plus maltraitées dans les usines et dans les ateliers» et qu’elles se trouvent «écartées des postes avantageux et des travaux les moins pénibles».

Au sujet de ces années d’épouvante, Martha laissera un témoignage:

«Pour ceux qui ont connu la véritable Résistance du maquis, (…) il peut paraître vain de parler de ‘résistance’ dans un camp de concentration. Il est vrai que l’immense masse des détenues (…) était amorphe, affaiblie par la sous-alimentation, usée par le travail, minée par la maladie (…). Mais il est certain aussi que de cette masse se dégageait (…) une sorte de bouée qui surnageait et à laquelle les faibles se raccrochaient. Chacune était déjà un embryon de résistance, et c’est leur réunion qui constitua une véritable organisation de résistance».

En avril 1945, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, elle est échangée avec 299 autres détenues de Ravensbrück contre 300 femmes SS détenues en France. Elle est élue maire-adjointe de Lille le 13 mai puis est députée, pour deux mois, à la première Assemblée constituante, le 3 octobre 1945.

Elle décède le mardi 30 novembre 1982, quelques heures après la mort de son mari.

Martha Desrumaux au Panthéon?

Martha Desrumaux au Panthéon? En septembre 2013, le président Hollande avait reçu le dossier, examiné l’affaire… sans jamais donner aucune suite à cette demande pourtant soutenue par toute la région Nord. Pourquoi un tel silence concernant cette femme hors du commun? L’historien Pierre Outerryck avance une explication:

«Elle était femme, ouvrière et n’a pas produit d’écrit. Elle venait de province et elle est restée dans l’ombre des médias. Pourtant, ce pays a été bâti par des mains d’ouvrier et une partie de notre législation et en particulier ce qu’on appelle ‘le pacte républicain’ a été construit grâce au concours d’ouvriers».

Le président Macron, originaire des mêmes terres, saura-t-il s’en souvenir? À ce jour, il n’a strictement rien fait! Décidemment, être femme, cégétiste, communiste, léniniste et j’en passe sont dans notre France néo-libérale des taches que même trois années de séjour à Ravensbrück ou les résultats incontestables apportées à la cause sociale par toutes ses années de lutte ne peuvent effacer.

J’ai l’intime conviction que son entrée au Panthéon serait un coup de pouce à la cause des femmes et, plus largement, à la cause des inaudibles, des petits, de ceux pour qui la seule chance serait d’avoir à leur côté une Martha prête à se sacrifier pour les principes de notre Pacte Républicain, c’est à dire, sur la conviction que tous les humains sont également dotés de droits naturels et de raison, ainsi que sur une vision de la Nation comme libre construction politique plus que comme une communauté ethnique déterminée.

La relève?

Qui peut être considérée en France comme l’héritière morale de Martha Desrumaux?

Selon moi, il faut aller voir dans les organisations trotskystes pour y trouver des profils similaires de femmes qui sacrifient leur vie personnelle au profit de la cause militante. Je citerai là deux noms: celui d’Arlette Laguiller et celui de Nathalie Arthaud. Il y en a probablement bien d’autres notamment Éliane Évrard et Myriam Dumas pour la CFDT, Annie Guyomarc’h et Gisèle Faure pour la CGT, toutes quatre remarquées dans la lutte des ouvrières de l’usine de lingerie Chantelle. Chaque section syndicale de l’usine (8) est en effet menée par deux leaders stables: Éliane et Myriam à la CFDT, Annie et Gisèle à la CGT, qui s’engagent chacune à la fin des années 1960 ou au début des années 1970, en tant qu’élue du personnel ou déléguée syndicale, ainsi que comme meneuse des luttes, et ce jusqu’à la fermeture en 1994 – voire jusqu’en 2005 pour les deux déléguées de la CGT. Ces militantes se distinguent des autres militantes de l’usine qui peuvent aussi connaître des carrières d’engagement très longues, par leur caractère syndical. En effet, à l’inverse de celles qui vivent leur engagement uniquement par rapport au mandat accordé par leurs collègues et aux enjeux internes de l’entreprise, ces leaders donnent également une dimension proprement syndicale à leurs activités militantes – lutte avec le syndicat concurrent pour les adhésions, application de la ligne politique du syndicat. Elles s’investissent dans des arènes syndicales extérieures à l’usine – les fédérations et unions locales et départementales, essentiellement. Cette posture étant bien entendu le résultat de processus de sélection par les structures syndicales et par les militantes elles-mêmes.

Chantelle est un combat parmi d’autres mais atteste que les femmes d’aujourd’hui n’hésitent plus, telles Martha, à prendre la tête des luttes ouvrières pour le respect notamment de la cause ouvrière et de la cause féminine. Merci chère Martha de nous avoir inspirés! Merci pour ton grand courage!

Citons en conclusion Matthieu 25,40 (LSG):

«Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites».

 

(1) La Confédération générale du travail unitaire (CGTU) est une organisation syndicale française qui a existé de 1921 à 1936. Elle est née de la volonté d’une partie minoritaire de la Confédération générale du travail de s’affilier à l’Internationale syndicale rouge, liée à l’Internationale communiste. La CGTU a donc été liée, pendant toute son existence, au Parti communiste français (Section française de l’Internationale communiste), séparé depuis 1920 de la SFIO. Elle a cependant attiré au départ des militants révolutionnaires d’autres tendances, notamment des syndicalistes-révolutionnaires et des anarchistes. Minoritaires, ces courants sont marginalisés et certains de leurs militants quittent la CGTU. En 1936, dans l’élan du Front populaire, la CGT et la CGTU se réunifient.

(2) L’École internationale Lénine, à Moscou, était destinée à la formation des cadres et militants de l’Internationale communiste. Parmi les élèves devenus responsables politiques: Nikos Zachariadis (Grèce), Tito (Yougoslavie), Wladyslaw Gomulka (Pologne), Erich Honecker (RDA), Alice Degeer-Adère (Belgique), Martha Desrumaux et Louis Manguine (France), Hô Chi Minh (Vietnam), etc.

(3) Clara Zetkin, née Clara Eissner le 5 juillet 1857 à Wiederau dans le royaume de Saxe, et morte à Arkhangelskoïe, près de Moscou le 20 juin 1933, est une enseignante, journaliste et femme politique marxiste allemande, figure historique du féminisme, plus précisément du féminisme socialiste. Après avoir été membre jusqu’en 1917 de l’aile gauche du SPD, elle rejoint l’USPD (pacifistes) pour se retrouver dans le courant révolutionnaire que constitue la Ligue spartakiste. Ce courant donne naissance pendant la révolution allemande au Parti communiste d’Allemagne (KPD), dont Clara Zetkin est députée au Reichstag durant la république de Weimar, de 1920 à 1933.

(4) Charles Tillon, né le 3 juillet 1897 à Rennes et mort le 13 janvier 1993 à Marseille, est un homme politique français, député, ministre, membre du comité central et du bureau politique du Parti communiste français. Il prit part à la Résistance pendant la guerre, en tant que fondateur et commandant en chef des FTPF (Francs-tireurs et partisans français).

(5) Le film a été tourné à l’initiative du Parti communiste français pour la campagne électorale du Front populaire avec des fonds recueillis à la suite de collectes effectuées au cours de meetings, et avec la participation bénévole des techniciens et artistes. Lors de sa sortie, il s’est vu refuser le visa permettant sa projection publique et n’a alors été diffusé que dans les cellules et meetings communistes, comme le 7 avril 1936 à La Bellevilloise. Il ne reçoit son visa d’exploitation des autorités françaises qu’en 1969.  

(6) Auguste Lecœur, né le 4 septembre 1911 à Lille et mort le 26 juillet 1992 à Chalon-sur-Saône, est un dirigeant du Parti communiste français, dans la clandestinité de 1942 à 1944, et dans l’après-guerre ensuite. Il a également été sous-secrétaire d’État à la Production charbonnière, maire de Lens et député du Pas de Calais. 

(7) Émilienne Marie Mopty, née Wantiez, est une résistante française de la Seconde Guerre mondiale. Elle est née le 29 octobre 1907 à Harnes et a été décapitée le 18 janvier 1943 à Cologne par l’armée nazie. Sa mort a fait d’elle une personnalité du Bassin minier du Nord-Pas de Calais. Mère de trois enfants et femme de mineur, elle prit la tête des manifestantes qui ont joué un rôle primordial lors de la grève des mineurs du Nord-Pas de Calais de 1941. Elle organise ensuite des barrages routiers, des manifestations, transporte armes et explosifs. À la fin du mois de septembre 1942, elle prépare l’attaque d’un peloton d’exécution de la citadelle d’Arras, quand la Gestapo l’arrête après une dénonciation. Torturée, puis condamnée à mort par la Feldkommandantur d’Arras, Émilienne Mopty est décapitée le 18 janvier 1943 à 19h30, à l’âge de 35 ans.

(8) Voir Eve Meuret-Campfort, Le rapport au genre et à la classe de militantes syndicales ouvrières: deux voies d’émancipation, Le Mouvement Social, 2018/4 (265), pp.95 à 110.

Illustration: première page du magazine Femmes Françaises avec la résistante Martha Desrumaux, 26 avril 1946 (source Gallica).

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