Ce que le Covid change au monde du travail (2) - Forum protestant

La seconde partie de la table ronde animée par Stéphane Lavignotte poursuit la discussion autour des répercussions de la pandémie sur le monde du travail. Plus que jamais, la crise du Covid semble avoir mis l’accent sur des problématiques telles que la montée de l’individualisme au détriment du bien commun ou l’indigence de la formation managériale. Pour sortir de ces tendances et recréer du bien-être au travail, des changements paraissent nécessaires: une meilleure communication au sein des entreprises, un retour de l’engagement collectif, une remise en question des notions de pouvoir et d’autorité.

Deuxième partie de la première table ronde, 9e convention du Forum protestant le 11 décembre 2021.

 

Visionner l’ensemble des interventions et débats de la 9e convention (la première table ronde va de 00.31.15 à 01.31.33).

Lire la première partie de la table ronde.

Stéphane Lavignotte: Gérard Lacour, du côté des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, est-ce qu’il y a une réflexion spécifique, est-ce que la crise du Covid et ses suites a entrainé des discussions au sein des EDC sur ces questions-là, spécifiquement? Que peuvent les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, là où ils sont? Est-ce qu’il y a des échanges dans les milieux patronaux, aux EDC, pour répondre à ces difficultés, à ces défis qu’on a évoqués ensemble?

 

Gérard Lacour:  Que faire en effet? Les discussions à ce sujet sont nombreuses et infinies, avec un choix difficile quant à la bonne idée à rapporter parmi les nombreuses en gestation. Les EDC  s’appuient sur des principes de la pensée sociale chrétienne travaillés en équipe et en commissions à partir des sources bibliques et théologiques œcuméniques. Ils s’en inspirent pour essayer de les mettre en œuvre dans leur travail. Mais peut-être trop chacun de son côté.

Il y a cependant quelque chose qui m’a frappé, peut-être une piste à trouver dans les propos de Véronique Dubarry qui a expliqué qu’il y avait plus de contacts pendant la crise, plus de dialogue social entre les syndicats et les dirigeants. Je trouve cela intéressant et actionnable:  cela voudrait dire, si j’ai bien compris, que s’il y avait un meilleur partage de l’information, tout le monde partagerait mieux les mêmes idées. Il y a souvent des divisions dans les entreprises qui viennent du fait que l’information qui vient d’en haut est peut-être parfois considérée à but tactique. Elle est naturellement filtrée, et peut paraître suspecte. Et là, il y avait de la confiance, une information (disons) transparente et à risque. Il faut prendre le risque de dire les choses. C’est très important, cette vérité. On ne pourra jamais s’entendre et on ne pourra pas avancer si on n’a pas une lecture commune de la réalité mouvante. Cette lecture n’est donc pas fixe, elle ne peut pas produire des dogmes. Le monde du travail, ce sont sans arrêt des situations bonnes, pas bonnes… Il faut bien les lire, et ensemble. C’est le seul moyen pour inspirer la confiance dans une gouvernance qui sera forcément de plus en plus soumise aux nécessités de changer de cap, donner des coups de gouvernail réactifs, rapides, mais le plus précis et doux possible. Sinon, comment l’équipage comprendrait-il ses capitaines? Comment comprendrait-il que pour garder le cap final, il faut souvent changer de cap intermédiaire? Évidemment le chrétien a beaucoup de choses à dire là-dessus. Mais, à mon avis, la première des choses c’est un meilleur partage de l’information.

On a aussi parlé de l’autorité. Dans l’entreprise, des pouvoirs mal pratiqués, c’est affreux, cela entraine beaucoup d’exclusion. Il faut se battre contre les exclusions quelles qu’elles soient, et il y en a beaucoup. Les dysfonctionnements, c’est le combat des dirigeants et c’est très important. Et cela va jusqu’à la justice dans l’entreprise, jusqu’à discerner, mettre en lumière, respecter et faire respecter, tels un lien et un bien commun.  Voilà, je pense qu’il faut aller vers cette idée selon laquelle chacun peut devenir plus libre, responsable et solidaire. Et que le chef d’entreprise doit porter toute son attention sur le comment faire grandir ses collaborateurs dans ce sens-là. Je crois que les EDC partagent cette idée.

 

Stéphane Lavignotte: Bruno Cadez, dans ces situations-là, en pleine crise du Covid, qu’est-ce que propose l’Action Catholique Ouvrière? On connait cette expression: être en ACO. Ça dit beaucoup de choses, on a entendu parler des groupes d’ACO… Comment accompagnez-vous vos membres sur les difficultés qu’on évoquait?

 

Bruno Cadez: Pour nous, il y a deux aspects. Il y a à la fois permettre aux membres d’ACO de prendre un temps en équipe, de témoigner de ce qu’on vit au travail (ou au non-travail, dans le sens salarié, puisqu’il y a aussi des chômeurs qui sont en ACO), d’essayer aussi de relire cela à la lumière de l’Évangile, éclairer de notre foi ce que ça peut signifier. Et puis nous avons aussi une démarche qui consiste à voir, juger, agir. On regarde ce qu’on vit, on essaie d’analyser, et puis on décide à partir de là d’agir pour transformer à la fois notre vie personnelle et la manière dont notre société fonctionne. Sur l’agir, nous insistons beaucoup ces derniers temps sur la question de la dignité, le travail comme expression de la dignité humaine. J’ai beaucoup apprécié ce que disait Gérard Lacour sur le droit au travail. C’est aujourd’hui quelque chose dont on peut se revendiquer. Il y a toute une série de gens dont la dignité est bafouée parce qu’ils ne peuvent plus travailler. On a décidé, nous à l’ACO, de se tourner aussi vers les chômeurs et on propose d’insister beaucoup sur cette question de la dignité. Tous les ans, on participe le 7 octobre à la journée mondiale pour un travail décent, on mène des actions, on rencontre, on organise par exemple des tables rondes avec des syndicats… On a aussi du temps plus spirituel avec des célébrations dans certaines églises. Mais nous menons aussi un travail avec la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) (1), la Mission Ouvrière (2), la Mission de la mer (3). On pense que ça pourrait être bien que cette journée-là puisse être beaucoup plus présente dans le paysage social français.

 

Stéphane Lavignotte: Côté syndical, comment s’adapte-t-on à ces réalités? Est-ce que le syndicalisme, le travail syndical, est transformé avec ce qui s’est passé avec le Covid, avec le télétravail?

 

Véronique Dubarry: Énormément… Il y avait les rituels que tout le monde connait: la diffusion de tracts devant le ministère (en ce qui me concerne), devant la boîte ou sur le lieu de travail. Ça, déjà, ça nous est interdit maintenant. Ça n’est pas interdit (entendons-nous bien), mais c’est quelque chose qui n’est pas recommandé, donc on ne le fait plus. De la même façon que le lien a été rendu compliqué par le télétravail au sein des équipes, il est aussi compliqué pour les syndicalistes de le retisser, d’être dans un échange banal, se croiser dans les couloirs, prendre le temps de discuter… Souvent, le tract n’est qu’un prétexte. Ce qui est important, c’est le contact qu’on peut avoir dans ces moments-là. C’est plus difficile, voire pas possible, donc il faut trouver d’autres formes d’échanges.

Par ailleurs, je vais citer à nouveau l’étude de la Fondation Jean Jaurès (4) qui est sortie récemment et qui touche du doigt le fait que, à la suite de ces confinements divers et variés, il semblerait que les Français se soient énormément renfermés sur leur sphère privée, y compris parce qu’ils y travaillent, et puis parce qu’ils étaient empêchés d’en sortir pendant les confinements. De cette attitude-là ressort aussi un désintérêt pour la chose publique et la chose collective. Il y a donc le renforcement chez les travailleurs, chez les agents, d’un véritable individualisme par ailleurs accentué et encouragé par les nouvelles dispositions concernant la fonction publique qui renvoient l’agent, pour toutes ces questions de télétravail, d’obtention du télétravail mais aussi de mobilité ou de promotion, dans un face à face avec son supérieur hiérarchique. Il n’y a plus un regard collectif porté par les syndicats puisqu’un certain nombre de dispositifs et d’instances paritaires a disparu.

«Dès qu’on leur dit qu’il y a un problème sur le télétravail, sur l’obtention du télétravail, est-ce que ce sera un, deux ou trois jours, là ça suscite énormément de réactions parce que c’est ce qui intéresse les agents individuellement.»

Quel est le rôle des syndicats dans ce tête à tête qui est la règle maintenant? Je vois qu’il y a assez peu de réactions ou pas de réactions dans les interpellations qu’on peut avoir à l’égard des agents ou des informations qu’on leur transmet, dès lors qu’il s’agit de sujets généraux ou d’informations générales sur ce qu’il se passe aujourd’hui dans la fonction publique. En revanche, dès qu’on leur dit qu’il y a un problème sur le télétravail, sur l’obtention du télétravail, est-ce que ce sera un, deux ou trois jours, là ça suscite énormément de réactions parce que c’est ce qui intéresse les agents individuellement. C’est du coup compliqué parce que j’imagine qu’aucun syndicat (en tout cas en ce qui nous concerne c’est hors de question) ne souhaite abandonner l’idée de collectif, de défense collective, de mobilisation collective, de réponse et de demande collective… Ça va pourtant être extrêmement difficile de remobiliser les agents, les travailleurs, les salariés, dans une démarche de ce type. Donc pour l’instant, on est surtout dans un énorme point d’interrogation sur la question de comment on va s’en sortir.

 

Stéphane Lavignotte: J’ai vu que Gérard Lacour réagissait quand Bruno intervenait et souhaitait prendre la parole. J’en profite donc pour vous donner la parole, Gérard, et vous poser une autre question qui nous amènera vers la conclusion. Est-ce qu’il vous semble que cette situation inviterait les Églises, les mouvements d’Églises, à être plus présents sur ces questions-là?

 

Gérard Lacour: Oui, en Alsace il y a une présence, par exemple, de l’Église protestante dans le monde du travail…

 

Stéphane Lavignotte: On aura un représentant, Claude Horvilleur, qui nous en parlera tout à l’heure, justement.

 

Gérard Lacour:  Présents… oui. Mais je pense que la présence passe par les personnes et les individus qui sont dans l’entreprise plus que par des interventions officielles ou ecclésiastiques. Nous, les protestants, avons plus particulièrement, mais pas exclusivement, vocation à devenir des  évangélisateurs laïcs. Les entreprises peuvent très bien être des lieux d’expression du témoignage chrétien et de notre présence. Présence en joignant paroles et actes au cœur de la raison d’être de l’entreprise. Le chrétien donne du sens à sa vie par la foi et, c’est la même chose, il donne aussi du sens à son travail par la foi. Il n’y a pas de sacré et de profane, c’est le même monde pour le protestant. Il peut se sentir très libre à cet égard, et cela devrait lui permettre de mettre en œuvre dans l’entreprise des actes, des paroles, des signes porteurs de témoignage et d’esprit chrétien. Tout en œuvrant pour le bien aller de l’entreprise.

À titre d’exemple je voudrais juste ajouter quelques mots sur ce que disait Véronique Dubarry. Je trouve que le télétravail permet la flexibilité, et la flexibilité c’est tout de même très important car c’est aussi une condition de bonheur que de maitriser son temps, d’être libre de son temps. Je crois qu’aujourd’hui, il faut viser à être heureux dans le travail, réenchanter le travail. Ce sont les équipes heureuses qui font les équipes gagnantes, pas le contraire: ce n’est pas parce que les équipes sont gagnantes qu’elles sont heureuses. Il y a eu dans ce sens les grandes mesures dites des 35 heures (5), quasi sacrées au départ, peut-être trop imposées d’en haut, trop uniformisées et généralisées pour ne pas susciter de critiques jusqu’à nos jours dans divers milieux, dont certains politiques et patronaux. Je les trouve aujourd’hui sinon oubliées, du moins insuffisamment utilisées dans certains de leurs aspects positifs. Quand on a fait les 35 heures il y avait une belle idée, c’était le partage du travail et puis c’était aussi plus de flexibilité. Et surtout, avec les 35 heures, il y avait l’annualisation.

«C’est peut-être le moment de prendre ces mots encore plus au sérieux et de dire que si «l’Homme est capital», si «l’Homme est premier», c’est que l’Institution, elle, passe en second. C’est d’abord l’Homme et non pas l’Institution.»

On ne parle presque plus de l’annualisation, alors que c’était quelque chose de formidable, notamment pour les entreprises plus ou moins saisonnières, avec des variations d’activité subies ou imprévisibles, ou avec une concurrence trop souvent lointaine, forte, en croissance, inattendue.  Aujourd’hui, dans ce monde d’incertitude croissante, on ne peut plus prévoir comme du temps de la planification (précise et parfois rigide) à 5, 10, 15 ans voire plus. Et pourtant, intégrer le sens du long terme dans les décisions est essentiel bien que délicat. Alors ne serait-ce pas le moment de retrouver la question de l’annualisation avec une grosse flexibilité annuelle sur le temps de travail?  De revoir à la lumière de cet atout les 35 heures dans un contexte où est prise vraiment en compte la pluralité et la diversité des situations, pour des décisions prises par les acteurs du terrain, libres et responsables, dans le cadre d’accords travaillés collégialement? C’est vraiment une réflexion qui me semble devoir être remise d’urgence sur le tapis. C’était une belle idée au départ puis tout le monde a tiré dessus alors que c’était tout de même important.

Et puis, dernière chose: les EDC, le CJD (6) et puis beaucoup d’autres ont tous dit (pour se définir) «l’économie au service de l’Homme», «l’entreprise au service de l’Homme» ou «l’Homme est capital». Oui, mais c’est peut-être le moment de prendre ces mots encore plus au sérieux et de dire que si «l’Homme est capital», si «l’Homme est premier», c’est que l’Institution, elle, passe en second. C’est d’abord l’Homme et non pas l’Institution. Il y a le conflit entre l’Institution et l’Homme. C’est l’Homme qui doit parler. De même, il me semble qu’il faut être prudent lorsqu’on parle d’Objectif. L’humanité ce n’est pas de faire primer un objectif économique sur l’Homme, sur l’objectif humain. D’autant plus que nombreux sont les objectifs erronés, basés sur idéaux, des souhaits, plutôt que sur des données raisonnables ou scientifiques. Si nous voulons vraiment joindre la parole aux actes, il y a du boulot… Mais j’y crois, parce que se battre sur ces sujets, ne serait-ce pas manifester la présence de l’Esprit?  Et répondre un peu à votre question?

 

Stéphane Lavignotte: J’ai vu que Catherine Mieg était très attentive et réagissait beaucoup à tout ce qui était dit et je lui demanderais bien une petite réaction à tout ce qu’elle a entendu. Mais peut-être d’abord, Bruno, qu’est-ce que vous souhaiteriez du point de vue de la présence des chrétiens, de la présence des Églises, sur ces thèmes-là? Pour vous, cette présence chrétienne dans le monde du travail, est-ce que c’est important?

 

Bruno Cadez: Oui, c’est effectivement très important. Disons que le discours d’ensemble de l’Église catholique – puisque je suis catholique – s’est beaucoup porté ces derniers temps sur les questions de bioéthique. Ces questions sont effectivement très intéressantes mais il me semble que sur les questions de travail, un certain nombre de gens de la hiérarchie de l’Église devraient être beaucoup plus audacieux. Parce que, finalement, le travail, c’est une manière aussi de rejoindre ce que certains appelaient la pâte humaine, une manière très concrète d’être en lien avec les gens tels qu’ils vivent. C’est vrai que des mouvements comme l’Action Catholique Ouvrière, c’est aussi une présence d’Église. On dit en ACO qu’on a une double fidélité, une fidélité au Christ et à la classe ouvrière, et notamment aux organisations dont elle s’est dotée. C’est ce qui fait que, par exemple – et je terminerai là-dessus – un des aspects du discours de l’Église aujourd’hui est qu’il doit, à mon avis, être davantage tourné vers l’espérance, vers quelque chose qui peut porter l’espérance d’un nouveau monde, qu’il y ait des gens en émergence dans tout ce qui apparait aujourd’hui dans le monde du travail. On insiste beaucoup à l’ACO sur toute l’importance du collectif, surtout dans cette situation aujourd’hui où beaucoup se retrouvent un peu repliés sur eux-mêmes, ont peur… Le télétravail a quand même aussi isolé beaucoup de gens et c’est important de ne pas être seul derrière son masque. C’est pour ça que nous insistons beaucoup sur rejoindre les organisations syndicales du monde du travail d’aujourd’hui parce que c’est là que se construit peut-être cette espérance.

 

Stéphane Lavignotte: En tant que pasteur de la Mission populaire évangélique, je partage complètement ce que vient de dire Bruno et je pense qu’il y a à la fois plus d’engagement à avoir globalement (et c’est ce qu’on verra avec la deuxième table ronde) et sans doute plus de collaborations avec nos cousins catholiques de l’ACO ou de la JOC. Dans nos mouvements (je pense à la Mission populaire où il y a un certain nombre de gens qui sont militants dans des organisations syndicales), ce serait intéressant de réfléchir aussi à ces affiliations-là. Catherine Mieg, vous qui avez écouté avec beaucoup d’attention: quelques échos à ce que vous avez entendu pendant cette table ronde?

 

Catherine Mieg: J’ai trouvé les témoignages des uns et des autres très intéressants. Je voudrais pointer la question du pouvoir qui est revenue pratiquement chez tous les intervenants. C’est quelque chose qui n’est pas du tout pensé à travers le management. Je suis toujours frappée quand je vois les formations management, quand j’en donne, quand j’ai l’occasion d’accompagner les managers, par le fait que nulle part on ne dit que la relation managériale est une relation de pouvoir, qu’il y en a un qui décide et l’autre qui ne décide pas. On ne s’interroge pas sur ce qu’on fait de cette relation de pouvoir. Je défends le pouvoir dans le sens où il structure l’Institution et qu’il clarifie les places de chacun mais la question est: comment les managers occupent cette place de manière éthique? C’est vraiment ça qui est posé et je pense qu’on a un chemin énorme à faire pour amener les managers à réfléchir à ce qu’ils viennent chercher dans le pouvoir. Je parle de partenaire de la relation de travail parce que je pense que, même si la relation est une relation de pouvoir dans les faits, il faudrait arriver à une relation de partenariat. Et juste derrière ça, il y a un déficit énorme dans les formations et chez les managers sur la question du travail, des sciences du travail. C’est-à-dire qu’en fait, le travail est abordé par le pilotage, par ce reporting justement, par les tableaux de suivi d’activité et, malheureusement, les managers sont très démunis face à la question: qu’est-ce que ça fait à un homme, à une femme de travailler et comment le manager peut l’aider à trouver son épanouissement dans le travail? Vous n’avez qu’à regarder les kilomètres de rayonnages de manuels sur le management qui répètent tous la même chose et qui ouvrent très peu cette question: finalement, qu’est-ce que l’être humain vient chercher dans le travail et comment en tant que manager je peux l’aider à s’épanouir le mieux possible?

 

Stéphane Lavignotte: Un mot de Gérard avant de conclure cette table ronde.

 

Gérard Lacour: Je réponds à Catherine. J’ai participé à un petit bouquin sur Pouvoir et autorité du dirigeant (7).

 

Catherine Mieg : Je crois que je l’ai lu!

 

Gérard Lacour: J’en suis un des coauteurs. Mais il y a pouvoir et autorité et on penche tout de même vers la recherche d’une autorité de service et de compétences. On vient également d’écrire un petit opuscule sur ce que vous venez de dire à propos du travail, la relation au travail, le thème du travail: Le Travail dans la pensée sociale chrétienne (8)

 

Catherine Mieg: Dans les informations je veux aussi dire que je viens de terminer avec un stagiaire que j’avais eu en formation un petit livre sur le travail hybride, Repenser le travail en mode hybride (9). C’est très pratico-pratique, parce que c’est à travers des situations de management sur lesquelles on a posé un regard de manager et un regard de psy pour essayer de donner quelques clefs afin de penser ces nouveaux modes d’organisation du travail.

 

Pierre-Olivier Monteil: J’en profite pour glisser un mot: ayant lu l’ouvrage en question, c’est très intéressant. Merci Catherine.

 

Catherine Mieg: Merci, Pierre-Olivier ! Alors, si en plus j’ai des supporteurs…!

 

Gérard Lacour dirige l’entreprise Industries solidaires et Comptoirs de l’Est et de l’Ouest (ISCEO) et est membre d’Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC).

Bruno Cadez est journaliste et secrétaire national de l’Action Catholique Ouvrière (ACO).

Véronique Dubarry est secrétaire générale de SUD Centrale Solidaires, syndicat des personnels des services centraux du ministère de l’Économie, des finances et de la relance.

Stéphane Lavignotte est pasteur au sein de la Mission populaire évangélique et à la Maison ouverte (Montreuil). Également journaliste et essayiste, il a publié entre autres des livres sur les pensées de Jacques Ellul, Serge Moscovici et André Dumas (André Dumas, habiter la vie, Labor et Fides, 2020, issu de sa thèse de doctorat en 2019).

 

Illustration: distanciation sociale (photo Maximilian Schönherr, CC-BY-SA-4.0).

(1) Jeunesse ouvrière chrétienne: association catholique de jeunes du milieu ouvrier fondée en 1925, elle est présente dans de nombreux pays francophones.

(2) Fondée en 1957, la Mission ouvrière est l’institution de l’Église catholique qui regroupe les acteurs de l’évangélisation du milieu ouvrier et des quartiers populaires tels que l’Action catholique des enfants (ACE), la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), ou encore l’Action catholique ouvrière (ACO).

(3) Organisme catholique rattaché à l’Apostalus Maris, lui-même lié à la Pastorale des migrants. L’objectif de ce mouvement est «le bien spirituel, moral et social et le service fraternel des gens de mer de toutes nationalités et de leurs familles, l’aide au fonctionnement d’organismes maritimes exerçant une activité culturelle, sociale, éducative ou cultuelle».

(4) Une société fatiguée?, Fondation Jean Jaurès, 26 novembre 2021.

(5) Mesure de politique économique mise en place par le gouvernement Jospin à partir de l’année 2000 et obligatoire pour toutes les entreprises à compter du 1er janvier 2002. Cette réforme fixe la durée légale du temps de travail pour un salarié à temps plein à 35 heures par semaine au lieu de 39 heures précédemment, en contrepartie d’une plus grande flexibilité des horaires.

(6) Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise. Mouvement d’entrepreneurs, créé par Jean Mersch en 1938.

(7) Pouvoir et autorité du dirigeant, réflexions et questionnements, Les Cahiers des EDC, publication collective des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens.

(8) Le Travail dans la pensée sociale chrétienne, itinéraire pour entrepreneurs et dirigeants, 6 temps de réflexions et d’échanges, publication collective des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens.

(9) Repenser le travail en mode hybride, des nouvelles du management public, Catherine Mieg et Alain Porteils, Territorial éditions (Les Essentiels), 2021.

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