Contribution à la constitution d’un « think tank » protestant - Forum protestant

Contribution à la constitution d’un « think tank » protestant

Dans la foulée de la première convention du Forum de Regards protestants du 14 septembre 2013, il a été proposé de lancer un think tank protestant. La présente note se propose de donner du corps à cette idée pour qu’elle puisse être développée et mise en œuvre le plus rapidement possible.

Pourquoi un think tank ?

L’idée d’un think tank (« laboratoire d’idées ») est d’origine anglo-saxonne (voir par exemple la Brookings Institution aux Etats-Unis). Elle consiste à réunir des compétences pour produire des analyses non sollicitées à destination des décideurs ou des médias. Un think tank doit être relativement indépendant des destinataires de ses analyses, ce qui lui permet de prendre du recul, de sortir des sentiers battus et des discours officiels. Néanmoins la plupart des think tanks se rattachent à un référentiel particulier, ne serait-ce que par leurs moyens de financement (la fondation Jean-Jaurès ou Terra Nova au Parti Socialiste, l’Institut Montaigne au monde de l’entreprise, la Fondation pour l’innovation politique à l’UMP etc.)

L’intérêt d’un think tank est de produire des propositions ayant des applications concrètes, susceptibles d’influencer le débat politique, économique, social. De ce point de vue, le rayonnement d’un think tank repose sur la qualité technique des analyses qu’il produit mais aussi sur leur pertinence dans les débats du moment, ou mieux : en amont de ces débats.

Pour un groupe d’intellectuels protestants ne pouvant aligner des effectifs très nombreux, mais disposant d’une expertise de très bon niveau sur des sujets variés, le think tank apparaît comme un moyen d’expression adapté, à condition que son activité soit structurée par une fonction éditoriale forte.

Pourquoi protestant ?

L’intérêt d’un think tank protestant est d’offrir à l’opinion une expertise dépassant (dans une certaine mesure) les clivages politiques traditionnels français, ou encore l’opposition public/privé, pour se placer explicitement du point de vue d’une tradition chrétienne de confession protestante. Ce positionnement est original en France pour un think tank, même s’il existe déjà des lieux où peut s’exprimer cette sensibilité (le journal Réforme, la revue Esprit, etc.).

Il paraît aux participants que les Protestants peuvent être porteurs de valeurs qui les identifient plus particulièrement au sein du débat public : tolérance, importance des libertés individuelles et notamment de la liberté de conscience, confiance dans la volonté positive de Dieu pour le monde, souci des frères et sœurs les plus démunis, importance du jugement personnel, défiance vis-à-vis des pouvoirs totalitaire, respect des pouvoirs légitimes…

Pour autant, il n’est pas question de proposer un point de vue « protestant » unifié sur tous les sujets traités. Ce point de vue unifié n’existe pas, ne serait-ce que parce que le protestantisme français est lui-même très varié.

Quel mode de fonctionnement ?

Le mode de fonctionnement envisagé repose sur l’idée que le think tank ne doit pas être seulement un lieu de débat et de témoignage pour les participants, mais un lieu de production d’idées propres à alimenter le débat public et diffusées vers l’extérieur. L’impératif de communication signifie un effort de mise en forme des idées, en principe sous forme de notes de quelques pages, ou plus exceptionnellement de rapports. Ces notes sont signées du think tank,  ce qui traduit une démarche d’appropriation collective, organisée dans une démarche éditoriale.

Le travail du think tank peut commencer par l’établissement d’une liste de thèmes sur lesquels des contributions individuelles ou collectives seraient bienvenues. Une fois prêtes, les contributions feront l’objet d’un débat, lors de ses réunions, par exemple mensuelles. Elles seront ensuite éventuellement amendées sous la responsabilité collective du think tank puis publiées par divers moyens (envoi aux médias, aux responsables politiques, économiques ou sociaux, mise en ligne sur un site internet dédié, etc.).

Le think tank sera présidé par Olivier Abel et pourrait utilement se doter d’un secrétariat.

Quelles thématiques ?

Il conviendra que les thématiques soient très larges, tout en restant dans des domaines susceptibles d’intéresser le débat public. Devraient être exclues les contributions trop universitaires, théologiques, ecclésiales ou techniques, non par manque d’intérêt mais parce qu’elles ne sont accessibles qu’à un public d’initiés.

Dans le champ à traiter, on peut imaginer les questions sociales (réforme des retraites…), de santé (la fin de vie…), économiques (le soutien des entrepreneurs…), internationales (la guerre en Syrie…), ou plus politiques (l’accueil des étrangers…), mais cela dépend aussi des compétences présentes au sein du think tank.

Quel nom ?

Le terme de forum a été lancé (« le forum de Regards protestants »). Mais il n’est pas certain qu’il convienne pour un think tank, puisqu’il fait référence plutôt à un lieu de rencontre et de témoignage qu’à un atelier de production d’idées. Une autre possibilité serait de se rattacher à une référence historique protestante (par exemple cercle « Hic et Nunc », en référence à la revue animée dans les années 1930 par de jeunes intellectuels protestants français). On peut aussi envisager de se placer sous l’égide d’un intellectuel protestant respecté ayant porté un regard intéressant sur la vie sociale de son temps : pourquoi pas Jacques Ellul, Denis de Rougemont ou Raoul Allier ?

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