Héritages spirituels et humanisme laïque: enjeux contemporains pour l'avenir de l'Europe - Forum protestant

Héritages spirituels et humanisme laïque: enjeux contemporains pour l’avenir de l’Europe

Peut-on démocratiser les Écritures ? Oui, si on les libère «des contraintes religieuses» pour «encore approfondir notre vision de l’histoire et de la nature humaine, tout en encourageant un dialogue interculturel plus ouvert et inclusif» (le catholique André Paul), ou si on promeut une «spiritualité laïque» pour «maintenir un lien avec les traditions religieuses tout en évoluant dans une société pluraliste et sécularisée» (l’athée Luc Ferry). Des réflexions qui ne peuvent qu’enrichir les débats et dialogues actuels autour du rôle des sources spirituelles en Europe dont Josepha Faber Boitel donne ici trois aperçus.

Article publié sur Des mots en phase.

Lire le premier volet sur La Réforme protestante et la sécularisation des textes sacrés.

 

Introduction

L’Europe, riche de son histoire et de ses multiples influences culturelles, est à un moment clé de redéfinition de son identité. Cet article explore les points de vue de deux penseurs, André Paul et Luc Ferry, sur la démocratisation de la lecture des textes religieux. André Paul propose une lecture critique des Écritures pour les intégrer pleinement au patrimoine culturel, tandis que Luc Ferry plaide pour une «spiritualité laïque» qui conserve les valeurs humanistes sans les associer à une religion spécifique.

Nous examinons également comment ces idées s’intègrent dans les discussions contemporaines sur les racines spirituelles de l’Europe, à travers des événements comme la Table Ronde à Strasbourg, les Journées de l’UCLy et l’engagement de DECERE. Ces initiatives montrent l’importance des sources spirituelles dans la construction d’un avenir européen résilient et inclusif, en proposant des pistes pour redéfinir le rôle des traditions religieuses et spirituelles dans une Europe en évolution.

 

I. André Paul: pour une lecture réformatrice et séculière des textes religieux

1. Une approche critique et symbolique

André Paul, théologien catholique et exégète, bouscule quelque peu les idées sur la naissance du christianisme. Sa démarche, exposée notamment dans son livre Jésus Christ, la rupture (1) , me paraît pouvoir être qualifiée de réformatrice et s’appuie sur une exégèse qui met en avant l’importance de la lecture critique et historique des textes sacrés ainsi que leur dimension symbolique adogmatique.

D’une part, il soutient que pour comprendre pleinement les Écritures, il est essentiel de les replacer dans leur contexte historique et culturel. Cette démarche permet de révéler les multiples strates de signification et les dynamiques internes des textes: «Nous considérerons les choses du côté de l’homme, être social qui façonne et détermine l’histoire» (2).

D’autre part, il plaide pour une approche exégétique qui ne se limite pas à une lecture littérale mais qui explore les dimensions symboliques, métaphoriques et allégoriques des Écritures. Cette méthode enrichit la compréhension des textes et ouvre des perspectives nouvelles pour leur application dans le monde contemporain. Il voit dans cette approche une manière de revitaliser la foi et de rendre les textes religieux pertinents pour les défis actuels :

«Restaurer, réhabiliter même, les prérogatives littéraires des témoins majeurs que sont les évangiles bibliques. Ces derniers nous sont apparus comme des vies à l’antique. Ce ne sont pas des compilations plus ou moins apprêtées d’unités éparses (…). Ils constituent les fondements et marquent le départ du destin culturel du christianisme». (3)

 

2. Vers une lecture laïque et pédagogique

Sortis du cultuel pour être analysés dans une perspective culturelle, les textes s’émancipent du sacré pour être disponibles au monde séculier. En effet, au 20e siècle, on a assisté à une nouvelle ère de diffusion massive de la Bible, mais cette fois sous l’appellation La Bible sans l’adjectif sainte, marquant une sécularisation. Ce qui amène à un impératif pédagogique en relation avec la formation du citoyen. André Paul estime qu’il faut opérer une «séparation» claire entre la Bible, en tant qu’œuvre culturelle et patrimoniale d’un côté, et les «livres saints» propres aux doctrines et cultes du judaïsme et du christianisme de l’autre.

André Paul appelle à une sécularisation plus explicite et systématique de la Bible dans le milieu scolaire, accomplissant une laïcisation du corpus de textes. Comment ? En la restituant à l’Antiquité classique au même titre que les grandes œuvres de la Grèce antique. Il souhaite qu’elle soit enseignée de l’école primaire à l’université, pour son apport culturel. Dans cette optique laïque, le mythe contenu dans les récits bibliques retrouverait sa force et son rôle en délivrant des leçons «révélatrices» non plus sur Dieu mais sur l’humain:

«Nous dirons que le mythe, c’est l’histoire à la manière d’une généalogie totale qui ramène au présent dans l’acte même de le transcender. Il n’y a pas d’histoire sans mythe ni de mythe sans histoire. Nous valoriserons le mot en usant de sa forme grecque, ‘mythos’. À la chose que ce terme désigne, nous tenons à conserver son intégrité, la traitant tel un partenaire qui, selon les mots de Plutarque,  »signifie à l’âme la meilleure façon de vivre ». ‘Signifier’, c’est faire connaître». (4)

Comme il l’explique dans sa tribune en ligne, la Bible pourrait alors être lue, étudiée et comprise avec ou sans référence au divin:

«Et l’on pourrait lire, étudier et comprendre les textes dits bibliques avec ou sans Dieu, et si c’est avec Dieu, avec aussi celui des autres. La prise en compte par la société laïque d’une Bible ainsi ‘séparée’, ne créerait-elle pas des situations de lecture sans départages ni religieux, ni sociologiques, ni ethniques ? Les conditions de sa démocratisation seraient alors acquises». (5)

En fin de compte, libérer ces textes des contraintes religieuses pourrait encore approfondir notre vision de l’histoire et de la nature humaine, tout en encourageant un dialogue interculturel plus ouvert et inclusif. Il partage ainsi la vision de Luc Ferry, comme expliqué dans la section suivante. En proposant l’intégration de ces textes fondateurs dans le programme des humanités antiques, il défend la transmission des valeurs humanistes qui ont profondément marqué la culture européenne. Cette perspective est également en écho dans plusieurs cercles de réflexion impliqués dans le débat européen, comme détaillé dans la troisième et dernière partie de cet article.

 

II. Luc Ferry: philosophie et spiritualité laïque au service des valeurs humanistes

1. Un mouvement d’appropriation philosophique

Luc Ferry, philosophe et ancien ministre de l’Éducation, apporte une perspective complémentaire en soulignant l’importance de la transmission culturelle et éducative des valeurs humanistes héritées des traditions religieuses. Il considère que la culture européenne est profondément marquée par des influences judéo-chrétiennes qui ont façonné ses valeurs démocratiques et humanistes. Il les aborde conjointement dans son livre intitulé Philosophie et christianisme pour les nuls (6), qui présente l’évolution de la pensée sur le religieux tout en rappelant ses influences sur nos pensées et institutions contemporaines.

Ferry expose sa pensée dans une émission éponyme (7): il considère que «l’athéisme est une foi comme une autre, car il est impossible de prouver que Dieu n’existe pas». Cet argument permet de comprendre comment il perçoit le phénomène de sécularisation qu’il soutient. Selon Ferry, «la philosophie est en grande partie une sécularisation des religions». Il cite l’idéalisme allemand comme exemple, qu’il considère être une sécularisation de la Réforme protestante de Luther, tandis que la philosophie grecque serait une sécularisation de la mythologie grecque. Pour illustrer ce principe sur le plan moral, Ferry évoque Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique, et considère, comme lui, que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen serait une sécularisation du christianisme: «L’égalité des créatures devant Dieu devient l’égalité des citoyens devant la loi». Ferry conclut que «l’idée républicaine est la sécularisation du judaïsme et du christianisme» en s’appuyant notamment sur les philosophies de l’amour qui traversent ces trois discours, du Lévitique à la Fraternité en passant par le Christ et l’amour du prochain. Il insiste sur la richesse d’une approche éducative intégrant les textes fondateurs non pas dans «le cadre de la religion, principal facteur de guerre dans l’histoire», mais pour leur contribution à la formation de la pensée critique et éthique de la res publica, république laïque, principal facteur de paix dans l’histoire.

 

2. Une spiritualité laïque

Luc Ferry développe le concept de «spiritualité laïque» dans son livre intitulé La Révolution de l’amour: Pour une spiritualité laïque (8). Il y propose une lecture humaniste des Écritures, mettant en avant les valeurs universelles de compassion, de justice et de respect de la dignité humaine. Ce livre explore comment les enseignements et les valeurs des grandes traditions religieuses peuvent être intégrés dans une perspective laïque, facilitant ainsi une éthique personnelle et une quête de sens en dehors du cadre religieux traditionnel. Ferry souligne que les textes religieux renferment des sagesses intemporelles pouvant guider les individus dans leur recherche de sens et de bonheur. La spiritualité laïque, selon lui, n’est pas un oxymore mais une approche visant à concilier les aspirations spirituelles avec une vision séculière de la vie, où les valeurs de compassion, de justice et de respect de la dignité humaine sont centrales, tout en étant indépendantes de toute religion organisée.

Pour Luc Ferry, les textes religieux, particulièrement la Bible, représentent des sources d’inspiration et de réflexion éthique qui peuvent être exploitées sans nécessiter une adhésion dogmatique. Cette approche permet de maintenir un lien avec les traditions religieuses tout en évoluant dans une société pluraliste et sécularisée. De manière similaire, cette démarche guide les réflexions et les propositions d’actions des cercles de réflexion œcuménique élargie concernant l’avenir de l’Europe, tant comme concept que comme réalité géopolitique.

 

III. Les racines Spirituelles de l’Europe: fondations et horizon pour l’avenir

Les discussions contemporaines sur l’avenir de l’Europe montrent une préoccupation croissante pour ses racines spirituelles. À travers des événements récents tels que la table ronde de Strasbourg, les Journées de l’UCLy et l’engagement de DECERE, les questions spirituelles sont abordées comme des ressources essentielles pour comprendre et façonner le destin de l’Europe. Ces cercles de réflexion mettent en lumière l’importance du patrimoine spirituel européen, transcendant les simples héritages culturels pour devenir des fondations morales et éthiques dans un monde en constante évolution. Cette section explore comment ces réflexions s’inscrivent dans la continuité des perspectives de André Paul et Luc Ferry, en examinant leurs implications pour l’avenir de l’Europe.

 

1. Réflexions sur l’Europe et ses sources spirituelles: aperçu de la table ronde de Strasbourg

Le 25 avril 2024, le grand amphithéâtre de la région Grand Est à Strasbourg a été le théâtre d’une table ronde intitulée L’Europe demain au regard de ses sources et ressources spirituelles (9). Organisée par six associations majeures (LVN, Démocratie & Spiritualité, la Fraternité d’Abraham, les Poissons Roses, le Pacte civique et Sauvons l’Europe), cet événement a offert un espace unique d’échanges sur les questions spirituelles façonnant l’avenir de l’Europe.

Dans ce contexte, le terme source a été préféré à racine pour ses connotations dynamiques et évolutives, contrairement aux racines, qui évoquent un ancrage fixe. S’abreuver à une source suggère la capacité de se ressourcer puis d’avancer librement. Le passage de l’«héritage culturel, humaniste et religieux» à celui de «patrimoine spirituel et moral» souligne un héritage transmis, englobant les dimensions géographiques, culturelles, économiques et politiques de l’Europe. Il a été souligné que l’Europe possède une identité religieuse profonde, tout en ayant connu des périodes d’hyperviolence au nom des convictions religieuses. Les échanges se sont déroulés sous l’angle de l’histoire ou de la science historique, en tant qu’exploration factuelle de l’évolution des idées et des valeurs au sein de la société européenne, à la lumière des racines spirituelles et culturelles de l’Europe. Pour des perspectives d’avenir, reconnaître que la violence au nom d’une identité religieuse est contradictoire avec les valeurs universelles de l’humanité et de la citoyenneté représente la véritable maturité morale et spirituelle de l’Europe.

 

2. Espérance chrétienne, vulnérabilité et résilience: aperçu des Journées de l’UCLy

Les Journées de l’UCLy 2024 explorent les moteurs de reconstruction pour nos sociétés à travers une série de questionnements essentiels. La soirée d’ouverture, animée par Guillaume Tabard, a posé la problématique de la résilience des institutions face aux crises, avec Florence Parly comme intervenante principale. La journée du lendemain, sous la houlette de Sandrine Audrain, a débuté avec des allocutions officielles et une introduction thématique par Chiara Pesaresi sur les vulnérabilités contemporaines. Des tables rondes animées par des figures médiatiques telles que Jean-Christophe Ploquin et Guillaume Tabard ont exploré le crédit du récit sur l’effondrement et la fragilité démocratiques, avec des contributions majeures de personnalités académiques, politiques et économiques. Enfin, le programme a inclus des dialogues entre théologiens, un témoignage marquant d’Alain Bernard, ainsi qu’une réflexion sur le rôle des entreprises dans la résilience sociétale, soulignant l’engagement de l’UCLy dans les débats contemporains cruciaux.

Lors de cette seconde édition des Journées de l’UCLy (10), le thème crucial de la vulnérabilité des institutions a été exploré et a retenu mon intérêt. La résilience soutenue par les valeurs d’espérance et de solidarité a été mise en exergue. Face à l’éventualité d’un effondrement des systèmes et des médiations sociales, les intervenants ont examiné la pertinence de cette notion, la vulnérabilité, dans le contexte actuel. En abordant la crise de l’éducation, du système de santé, et des structures sociales et environnementales, ils ont mis en lumière la nécessité de découvrir des lieux de résilience et de reconstruction. Monseigneur Olivier de Germay et le père et professeur Olivier Artus ont mené les discussions, en insistant sur l’importance de l’espérance et du dialogue hors rapport de forces comme contrepoids à ce pessimisme ambiant.

Les débats ont souligné que les effondrements que nous observons sont intrinsèquement liés à la nature transitoire et limitée de notre condition humaine, ainsi qu’au péché. Face à ces défis, les solutions purement économiques et sociales s’avèrent insuffisantes. Il est essentiel de se tourner vers l’espérance chrétienne, qui dépasse le cadre d’une simple idée pour devenir une expérience profonde et vivante. Cette espérance repose sur la conviction que Dieu est présent au cœur même de nos épreuves.

 

3. Réflexion sur l’avenir de l’Europe: Démocratie, Construction Européenne & Religions (DECERE)

Découverte de l’association DECERE

J’avoue avoir découvert cette année seulement l’association DECERE, connue sous le nom complet de Démocratie, Construction Européenne & Religions, et ce grâce au portrait de François Brunagel paru dans Réforme (11) en juin dernier. Cette association, fondée en 2005 par le diocèse catholique de Strasbourg et les frères dominicains de la Province de France, apporte une contribution significative à notre réflexion sur l’avenir de l’Europe à la lumière de ses sources spirituelles. DECERE se consacre à étudier le rôle des religions et des convictions dans le contexte européen, favorisant un dialogue interculturel et interreligieux inclusif. Elle explore l’impact des convictions personnelles et religieuses sur la citoyenneté démocratique et la société civile.

En collaborant avec diverses institutions européennes et internationales, DECERE contribue à façonner une éthique publique qui reconnaît et valorise la contribution des religions au bien commun. Cette perspective est cruciale pour envisager un avenir résilient et inclusif pour l’Europe.

 

Le rôle du dialogue interreligieux et philosophique dans la construction européenne: séminaire européen du 13 février 2024

Je vous propose un résumé du séminaire de réflexion et de dialogue entre les institutions européennes et les églises, les organisations religieuses et philosophiques, organisé par le Parlement européen, qui s’inscrit dans la mise en œuvre du dialogue prévu par l’article 17 du traité de Lisbonne (12). Ce séminaire a illustré une des rencontres de niveau européen entre le Parlement européen et les cultes et groupes convictionnels. Ce dialogue engage les Églises ainsi que les groupes philosophiques dogmatiques et adogmatiques dans une démarche essentielle de défense et de renforcement des valeurs européennes. Ce dialogue constant est crucial pour préserver et promouvoir la tolérance, le pluralisme, la solidarité, l’état de droit, la liberté de foi et la cohésion sociale.

L’année 2024 est déterminante pour l’avenir de l’Europe et du monde, avec 80 États d’Orient et d’Occident procédant à des élections, souvent dans des contextes où il n’y a ni opposition, ni médias indépendants ni candidatures exemptes de danger. Les élections ne sont pas synonymes de démocratie, et les démocraties libérales doivent choisir entre une Europe ouverte au monde ou refermée sur elle-même. Le suffrage direct pour le Parlement européen, emblème de la démocratie parlementaire libérale, est lui-même en ballottage dans les opinions publiques. Ce débat sur la démocratie et ses orientations futures repose sur des valeurs fondamentales telles que la liberté de religion et d’opinion, ainsi que l’accès de tous au processus démocratique. Il s’agit de protéger ce que l’on pourrait appeler le patrimoine humain. Comme le rappelle Othmar Karas: «L’Europe n’est pas un simple projet économique (…). Au cœur de l’Europe, on trouve des hommes et des femmes, notre bien commun, notre avenir commun».

Les Églises et organisations non confessionnelles sont impliquées dans la lutte contre la violation de ces valeurs communes, tant au sein qu’en dehors de l’Union européenne. Leur engagement n’est pas purement théorique, mais se traduit par des mesures concrètes. Othmar Karas énumère les trois piliers de cette action: la prolongation de la mission de la Commission en charge de la lutte contre la désinformation en 2023, l’établissement d’une charte sur le parlementarisme en 2024, et le dialogue régulier prévu par l’article 17 du traité de Lisbonne. Ce dialogue, entre associations religieuses (inter- et intra-religieuses), philosophiques et non confessionnelles, est déterminant pour le discours démocratique, car, comme l’affirme Othmar Karas, «elles font partie intégrante de la société civile. Vous apportez une contribution importante à la défense des valeurs culturelles, morales et éthiques».

«Si l’un de vous souffre, c’est la communauté tout entière qui souffre», rappelle un théologien. Ainsi, dans le cadre européen, la théologie peut être au service du déploiement du «potentiel de l’être humain». C’est pourquoi des termes et expressions tels que «perte de terrain des valeurs religieuses au profit des valeurs personnelles», «laïcisation» et «valeurs universelles» méritent d’être évoqués et explicités plutôt que résumés et camouflés par «valeurs européennes», d’autant que leur signification est variable d’un pays européen à l’autre. Réfléchir aux fondements de l’éducation et à l’application à d’autres sujets de grilles de lecture issues de la théologie, paraît crucial car cela remet l’Humain au centre des préoccupations.

Il me semble donc que la vision réformatrice de André Paul sur la sécularisation des textes religieux et la perspective de Luc Ferry sur la spiritualité laïque se retrouvent dans ces initiatives. Elles soulignent la nécessité de redéfinir le rôle des traditions religieuses et spirituelles dans une Europe en constante évolution, cherchant à intégrer ces héritages dans un cadre laïque et pluraliste. L’Europe d’aujourd’hui et de demain peut tirer des leçons précieuses de son passé spirituel pour construire un avenir où les valeurs humanistes et éthiques continuent de guider son développement.

 

Conclusion

Les perspectives de Luc Ferry et André Paul montrent que les textes religieux peuvent continuer à jouer un rôle crucial dans la société moderne, que ce soit à travers une spiritualité laïque ou une lecture exégétique, historique et symbolique approfondie. Ces approches contemporaines permettent de réinterpréter les Écritures de manière à les rendre accessibles et pertinentes pour tous, indépendamment des croyances religieuses individuelles.

À travers la diversité des réflexions offertes par la table ronde à Strasbourg, les Journées de l’UCLy, l’action d’information de DECERE, et de l’article 17 appliqué par le Parlement européen, il est clair que les sources spirituelles de l’Europe constituent des sources d’inspiration et de sagesse pour naviguer dans un monde en constante évolution. La reconnaissance de cet héritage spirituel comme un fondement de valeurs communes, malgré les défis contemporains, montre la voie vers un avenir résilient et inclusif pour le continent.

En intégrant ces réflexions dans les débats sociétaux et politiques, l’Europe peut renforcer sa cohésion tout en respectant la diversité des croyances et des convictions, promouvant ainsi une citoyenneté démocratique enrichie par son patrimoine spirituel et moral.

 

Illustration: séminaire du 13 février 2024 au Parlement européen.

(1) André Paul, Jésus Christ, la rupture. Essai sur la naissance du christianisme, Bayard, 2001.

(2) Idem, p.9.

(3) Id., p.271.

(4) Id., p.22.

(5) André Paul, Peut-on remettre en question le mot « Bible »?, Huffpost (Prise de parole), 31 janvier 2013.

(6) Luc Ferry, Philosophie et christianisme pour les nuls, Pour les nuls, 2022.

(7) Philosophie et christianisme avec Luc Ferry, France Inter, 25 novembre 2022.

(8) Luc Ferry, La Révolution de l’amour: pour une spiritualité laïque, Plon, 2010.

(9) Vidéo de cette table ronde sur le site de l’association LVN. Les participants étaient Fabienne Keller, Philippe Gaudin, Gérard Haddad, Daniel Lenoir, Arthur Colin et Patrice Obert.

(10) Dialogue entre théologiens: Effondrement et espérance chrétienne, Journées de l’UCLy, 11 avril 2024, KTO TV.

(11) Laure Salamon, Champion d’Europe, Portrait, Réforme 4046, 6 juin 2024, p.16.

(12) Séminaire de dialogue entre les institutions européennes et les Églises, les organisations religieuses et philosophiques, sur L’importance du dialogue au titre de l’Article 17 pour sensibiliser à la désinformation et l’ingérence étrangère, ainsi que pour obtenir une meilleure participation aux élections européennes, Parlement européen, 13 février 2024.

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