Et si un Clemenceau de l’emploi pouvait être un début de solution ?
La France est en panne, de plus en plus engluée dans un chômage dévastateur. Clemenceau fut l’artisan de la victoire de 14-18, focalisant sa politique sur la guerre, devenue la priorité, abordant tous les sujets sous son angle particulier. Pourquoi ne pas tenter d’aborder le chômage, au moins dans une première phase, de cette façon ?
Le problème de l’emploi est trop complexe et trop enraciné dans le fonctionnement actuel de notre société pour pouvoir être réglé d’un coup de baguette magique. Il n’en reste pas moins qu’il est tellement dramatique pour notre société, qu’en attendant des solutions plus pérennes – telles que la création massive de nouvelles entreprises marchandes proposant de nouvelles offres compétitives -, il serait tentant, déjà, de l’attaquer à court terme à la façon dont Clemenceau attaqua en son temps le problème de la guerre en 1917. Pourquoi ne pas favoriser dans toutes les décisions politiques la création d’emplois marchands (1) ? Trouvons rapidement un Clemenceau de l’emploi ! Cet homme avait l’habitude de répondre à toutes les questions ainsi : « Je fais la guerre. » Ayons le courage de dire « je crée de l’emploi » pourvu qu’il soit solvable !
Faut-il autoriser le travail le dimanche ou le soir ? Si je crée de l’emploi, oui ! La messe et les syndicats n’auront qu’à suivre. Faut-il libéraliser les taxis ? Si je crée de l’emploi, oui ! Tenir compte de leurs problèmes dans la mise en place de la solution, oui. La reporter, non. C’est d’ailleurs valable pour la plupart des monopoles qui gèrent des rentes. Faut-il bouger les seuils sociaux, en les doublant par exemple ? Si je crée de l’emploi, oui ! Le Code (et l’Inspection) du travail devront suivre. La confiance ne se recrée pas sous condition. Faut-il obliger les jeunes à remplir les emplois vacants ? Si je crée de l’emploi, oui ! La tolérance sociale va-t-elle en souffrir ? Oui un peu. Mais des gens reviendront-ils dans le circuit économique ? Oui. Alors allons-y. Faut-il accepter les jobs à temps partiels ? Mieux vaut une part d’emploi complétée par des aides sociales que pas d’emploi du tout, donc oui. Cela signifie-t-il que nous allons casser notre système ? En partie peut-être, mais il faut savoir ce que l’on veut.
L’enjeu : stopper la hausse du chômage, contribuer à rétablir des équilibres globaux, participer à la restauration de la confiance
Quelle est la priorité ? Faut-il c réer des emplois aidés ? Non ! Ils seraient financés par l’impôt est donc viendraient à terme détruire l’emploi existant. Faut-il sauver les emplois de la SNCM ? Non. Pour les mêmes raisons que les emplois aidés, ils ne sont plus compétitifs. Faut-il créer des emplois dans le gaz de schiste ? Oui, au moins au niveau de l’exploration et de la recherche, si les investisseurs privés sont prêts à tenter l’aventure. Cela ne veut pas dire laisser faire n’importe quoi. C’est bien ce que nous faisons dans les éoliennes. Faut-il accueillir les étrangers, y compris des émirs, dans les hôpitaux français ? Si cela crée des emplois et que ceux-ci payent leurs prestations, alors oui, trois fois oui. La loi Duflot a bloqué la construction et les emplois afférents ? Si oui, alors détruisons-là. Tant pis pour l’ego de Mme Duflot.
Si nous choisissons l’emploi, il faut avoir le courage de le dire et de le faire. En faisant attention aux modalités certes, mais en acceptant que c’est l’emploi qui prime, pas le passé, pas les avantages acquis, les monopoles ou les statuts. Aménager le Smic, au moins dans sa régionalisation, est certainement faisable et utile. Le coût de la vie est différent à Paris, à Lyon et à Guéret, les horaires tant hebdomadaires qu’annuels aussi. Acceptons simplement que la priorité est l’emploi, et donc quelque part la remise en route d’une spirale économique positive même si elle aura à l’arrivée un aspect un peu différent. Cela n’exclue pas, comme le proposait l’étude Mac Kinsey, de booster certains secteurs comme le bâtiment ; encore faut-il vérifier que l’on installe des conditions de marché qui feront que les locataires pourront payer, mais aussi que les investisseurs y retrouveront leur compte. Sinon, nous aurons un résultat à la Duflot : baisse des mises en chantier ! L’avantage de cette solution, de court terme, est qu’elle pourrait permettre avec un peu d’énergie, de constance et de chance, de stopper la hausse du chômage, de contribuer à rétablir des équilibres globaux (hausse des rentrées, baisse des aides), de participer à la restauration de la confiance.
(1) Emplois marchands : facturés via un produit ou un service, ils financent les dépenses collectives. Ils s’opposent aux emplois publics qui le plus souvent sont gratuits pour le consommateur et donc financés en définitive par les premiers via l’impôt et les prélèvements.