Aurélien Bellanger, narrateur de l’illusion d’une laïcité pure
«Un roman portant sur la laïcité, c’est rarissime !» Le dernier livre d’Aurélien Bellanger (Les derniers jours du Parti socialiste) est à la fois un roman, un essai et une satire sur le Printemps républicain, mouvement ultra-laïque qu’a un temps fréquenté l’auteur. Pour Jean Baubérot-Vincent, qui s’est «régalé à le lire», il y a toutefois un problème: «Bellanger fait comme si n’existait aucun autre discours laïque» et son livre «ne donne aucune clef pour mener cet indispensable combat. Sa drôlerie est alors un peu celle du désespoir».
Texte publié sur le blog de Jean Baubérot.
Dans une rentrée littéraire qui s’annonce foisonnante, les critiques retiendront sans doute le roman d’Aurélien Bellanger, Les derniers jours du Parti socialiste (Seuil) qui, comme son titre ne l’indique pas, est centré sur la laïcité. Un roman portant sur la laïcité, c’est rarissime ! Mais est-ce vraiment possible ? Grâce à sa verve, à son style très alerte, à son sens de la formule et de l’intrigue, Bellanger démontre que oui. Et comme il est question de ce qui s’est passé ces dernières années, de ce qui est encore chaud-bouillant, l’auteur joint un courage certain à son indéniable talent. Bref, je me suis régalé à le lire. Pourtant, l’ouvrage ne m’a pas totalement convaincu. Il me semble marqué d’ambivalence et sa fin m’a laissé un peu sur ma… faim. Je suis comme cela: «Jamais content. Carrément méchant», chanterait Alain Souchon !
Roman sur le Printemps républicain
Ce livre se situe, en fait, à la frontière du roman et de l’essai; cette situation, toujours casse-gueule, comporte le risque d’être pontifiant, un tantinet didactique. Bellanger côtoie à quelques reprises un tel précipice mais, à chaque fois, il évite d’y tomber grâce à son sens de la satire, à son don de conteur. Roman sur la laïcité donc, plus précisément roman sur le Printemps républicain, rebaptisé (c’est le cas de l’écrire !) Mouvement du 9 décembre (en référence à la loi de séparation de 1905, bien sûr).
Dans un bref prologue, Bellanger s’imagine en universitaire voulant retracer l’histoire de cette organisation «qui a assuré la liquidation idéologique du vieux parti socialiste» et a dressé des «passerelles» entre la gauche et la droite. Il note que, selon certains, «sa bataille pour la laïcité serait une version policée de la théorie du grand remplacement». Dans ce cas de figure, le Mouvement apparaitrait comme un «symptôme de la droitisation de la vie politique française». Cette analyse, qu’il partage, malgré l’usage du conditionnel, lui semble cependant trop partielle car elle n’explique pas comment ce courant «a pu initialement séduire des républicains sincères, des militants antiracistes, et plus généralement, toute une partie du peuple de gauche». L’ensemble du roman va mettre en tension ces deux aspects.
Manifestement, Bellanger s’inspire là de son histoire personnelle: les sirènes du Printemps républicain l’ont tenté, et il en est revenu. Cependant son livre n’a rien d’autobiographique, il met en scène des personnages sur lesquels il s’avère facile, pour qui s’est un peu penché sur la question, de mettre des noms. Ainsi, Laurent Bouvet, la figure du groupe, devient, sous sa plume, Grémond, c’est-à-dire René Rémond, «avec un G à gauche». Les médiatiques Michel Onfray (le «tribun de la plèbe», le «philosophe des champs» qui «écrit tout et son contraire sur quantité de sujets») et Raphaël Enthoven (le «don juan de la montagne Sainte Geneviève», le mondain «philosophe des villes») sont également des acteurs clefs du roman.
Plus épisodiquement, apparaissent Philippe Val (qui fut rédac’ chef puis directeur de Charlie hebdo, avant d’être nommé par Sarkozy à la direction de France Inter, où il censura à tout va), Caroline Fourest, Rachel Khan, Jean-Michel Blanquer (le «grand ministre de la Laïcité») et quelques autres, tel Gilles Kepel. Un des protagonistes, le «romancier Sauveterre», est le double de l’auteur lui-même, d’abord très proche du Mouvement et, in fine, traité d’«islamo-gauchiste» quand, «timidement», il présente une objection. Enfin, sans pseudo, il est question de Macron, dénommé aussi «le Chanoine» (du Latran), sorte de «Julien Sorel» ayant enfin épousé «Madame de Rênal», se voulant «prestidigitateur de lui-même» et inventeur, grâce à sa meilleure ennemie Marine Le Pen, de «l’élection présidentielle à un scrutin uninominal à un tour».
Aucun autre discours laïque ?
Le ton est enlevé, et nous rions volontiers au récit de l’itinéraire de Grémond-Bouvet, frustré par le double échec de sa carrière d’universitaire et de militant politique (1), et à celui des aventures du créateur de «l’Université du Bocage», Frayère Onfray et de l’essayiste, pontifiant sur France-Culture, Taillevent-Enthoven, deux personnes qui ne sont pas, en fait, des philosophes au sens classique du terme, mais des hommes de médias (même si envisager la philosophie comme une «orgie», pourquoi pas !). Leur rencontre donne lieu à des scènes savoureuses, comme celle où les deux compères, leur ami Revêche-Val et la commère Bourny-Fourest, refont le monde à leur manière, tout en décortiquant et en dévorant de délicieux homards, après qu’une «employée de maison» eut débarrassé les entrées.
Reste que, dès ce moment-là, j’ai ressenti une relative gêne sur la manière dont Bellanger met en scène le discours de ses personnages, en faisant mine de partager leur point de vue (sauf, je vais y revenir, les cailloux que, tel le petit Poucet, il sème sur la route). Peut-être a-t-il voulu, consciemment ou non, nous montrer à quel point ce discours a pu longtemps faire illusion auprès de gens comme lui, peut-être a-t-il voulu insister sur son aspect séducteur. Il n’en reste pas moins qu’un big problème se pose: tout au long du roman, le propos de ses protagonistes est le seul qui prône la laïcité, le seul qui combat l’islamisme et perpétue les idéaux de la gauche, qui
«avait renoncé à ce qui la caractérisait le mieux à travers les âges: la défense de la laïcité. Cent ans après la loi de 1905, après plus d’un siècle à aiguiser ses armes sur la vieille meule du christianisme, elle n’avait pas su, pas osé s’adapter à l’ennemi qui avait surgi devant elle au tournant du nouveau millénaire».
Bellanger fait comme si n’existait aucun autre discours laïque. Sauf erreur de ma part, seulement deux tout petits passages (deux lignes chacun) évoquent que, durant toutes ces années, un Observatoire de la laïcité a œuvre (qu’a-t-il fait ?, qu’a-t-il énoncé ? Mystère), rien sur les différents juristes, historiens, sociologues, politistes, voire essayistes travaillant le sujet, rien non plus sur des associations laïques comme la Ligue des droits de l’Homme, la Ligue de l’enseignement, La Libre pensée (sauf un sommaire jugement dépréciatif), les personnalités politiques défendant une autre vision. Quand nous trouvons quelques très brèves allusions à des porteurs de discours différents, il s’agit d’islam (Olivier Roy), de discrimination (Rokhaya Diallo), pas de laïcité. L’auteur opère une belle critique de «la pensée se donnant en spectacle» («C’était à se demander comment on avait pu se priver aussi longtemps d’un tel divertissement» !), mais il paraît ne connaitre lui-même de la réalité que sa face émergée médiatique, les neuf- dixièmes qui ne sont pas (ou très peu) médiatisés semblent échapper à son univers. Le fait n’est pas gênant, ses conséquences (nous le verrons) le sont.
Des petits cailloux sur le chemin
Certes, ce serait lui intenter un bien mauvais procès que de croire qu’il cautionnerait le discours qu’il met en scène. En racontant ses personnages, il montre leur complète ambiguïté. Le Mouvement du 9 décembre-Printemps républicain apparait clairement comme une entreprise qui tente de subvertir l’État à son profit, et «à son apogée, [il] aura presque pris possession de la République, notamment via les préfectures ou les cabinets des ministres», et formera une sorte de «Conseil Constitutionnel occulte». Sous sa plume, Charlie-hebdo, de journal satirique de la contre-culture, devient «la culture officielle», «l’âme de la France éternelle», une «agence intergouvernementale du rire»: ne pas s’esclaffer à ses dessins, c’est «comme siffler La Marseillaise», le défendre relève de «la raison d’État». Bref, la rédaction du journal aura «sa statue en face de celle du général de Gaulle sur les Champs-Élysées». Ce jour-là, les bibliothèques ne seront plus remplies «de livres, mais de caricatures» ! D’ailleurs, fi de Gutenberg, avec Grémond-Bouvet «la révolution laïque [a] lieu sur Twitter».
Comme je l’ai indiqué, de petits cailloux jalonnent le chemin: ainsi, Grémond s’avère fasciné par la figure de Maurras, Charb (de Charlie) indique «Nous sommes des républicains radicalisés, des fondamentalistes des libertés individuelles» (donc des frères ennemis de ceux que l’on prétend combattre) et «Sarkozy est à la droite ce qu’a été autrefois Clemenceau à la gauche…» (donc on peut pactiser avec lui). La vision de la laïcité des promoteurs du Mouvement du 9 décembre apparaît totalement sacrale: «La laïcité, c’est plus encore que les droits de l’homme, ce que la France a apporté de plus grand au monde». Elle est «la forme même de toute association possible, un principe qui avait la prééminence sur celui d’égalité», sans elle «pas de fraternité qui ne soit vraiment universelle». Quant à la liberté, la laïcité s’y substitue puisque nos compères proposent une nouvelle devise républicaine: «Laïcité, égalité, fraternité».
Mais ces petits cailloux, un peu clairsemés, seront-ils compris par les lecteurs comme destinés à leur éviter de s’égarer ? Pas sûr, tellement l’idéologie dominante tente de faire passer de semblables propos pour l’évidence même. Alors Bellanger se fait plus explicite, cite un «spécialiste de l’islam politique»: «Ces laïcards farouches et intransigeants « rejoignent très largement, par leur hypocrisie fondamentale, la confrérie des Frères musulmans, dans leur façon identique de faire de la politique en prétendant regarder ailleurs »». Et notre auteur ajoute: «La possibilité subliminale d’un retour effronté à la nation et à son unité dernière, l’unité religieuse: voilà ce que le Mouvement du 9 décembre [a] réussi à réinventer». Comme certains religieux se radicalisent en recherchant toujours plus de pureté, toujours plus de halal, les personnages du livre sont dans la quête, sans fin et illusoire, d’une dangereuse (d’un point de vue démocratique) pureté laïque. Leur démarche apparaît typiquement parareligieuse
La fin dévoile très clairement l’imposture du Mouvement du 9 décembre-Printemps républicain, et de l’hebdomadaire qui lui est proche, Le Cercle de la raison (si j’ai bien compris, il s’agit d’un mixte des publications Franc-Tireur et Front populaire) dont la ligne politique se résume à deux concepts: «Celui de Bourny, selon lequel l’islamophobie n’existait pas, et celui de Grémond, selon lequel les antiracistes étaient les véritables racistes». Frayère, l’athée militant qui a découvert la grandeur du catholicisme traditionnel, d’Onfray se mue alors en une sorte d’Eric Zemmour et il devient candidat à la présidence de la République. Cette initiative est accueillie favorablement par Marine Le Pen: elle lui permet de se «recentrer» puisque Frayère-Onfray-Zemmour est, «sur absolument tous ses thèmes, encore plus à droite qu’elle». Le fondateur de «l’université du Bocage» annonce, en effet, qu’un «vaste plan de remigration des populations issues de l’immigration» sera «la mesure phare» de sa présidence et, en fait, la «promesse implicite de sa campagne» consiste à «rendre l’islam progressivement illégal en France» (les catholiques, eux, n’auront pas à se plaindre !).
Ce «portrait sans concession des errements de la gauche» (page 4 de la couverture) est fort plaisant et, pourtant, je l’ai indiqué dès le départ, il n’emporte pas, de ma part, une entière adhésion. Pour deux raisons.
Deux lectures biaisées, une lecture désespérante
La première, je l’ai déjà mentionné mais il me faut y revenir, est que, tout au long de l’ouvrage, les thèmes du Printemps républicains sont narrés comme si seuls ils représentaient la laïcité. Or face au comique de situation, lié aux travers des personnages, se trouve le tragique du contexte réel: les attentats terroristes qui, depuis 2012, endeuillent la France (et, bien sûr, sont présents dans le livre). Dès lors, le roman court le risque de deux lectures, fallacieuses au vu des intentions de l’écrivain mais cependant possibles, et d’une troisième qui représente, de mon point de vue, le véritable défi lancé au livre et à son auteur.
D’abord, une lecture trumpiste, c’est-à-dire analogue à celle qui conduit des évangéliques américains à soutenir Trump malgré le fait que la sexualité de ce milliardaire apparaisse peu ragoutante. Pour eux, peu importe la vie privée de l’ex-président, l’essentiel étant les valeurs qu’il incarne, entre autres son refus de l’avortement. Et, la fin justifiant les moyens, la tentative de prise du Capitole devient légitime. De même, les faiblesses de Bouvet et consorts ne font que mettre plus en lumière la pureté de leur idéal laïque (2), son urgence face au danger d’un certain islam. Dans ce cas, peu importent les travers des protagonistes, et la prise de pouvoir occulte du Printemps républicain apparaît de bonne guerre. Une lecture sélective du roman peut être faite, retenant, au premier degré, toute l’argumentation mise dans la bouche des personnages ou, de façon plus équivoque, du narrateur qui, ironiquement certes (mais sera-ce clair pour tout le monde ?), fait mine d’adopter leur point de vue.
Ensuite, une seconde lecture, également sélective, sera celle de ceux pour qui le Printemps républicain et ses acolytes reste une belle aventure, même si elle a, ces derniers temps, plus ou moins mal tourné. Bellanger évoque lui-même la possibilité d’une semblable interprétation: selon certains, Frayère-Onfray a basculé «à tel ou tel moment» mais «ses livres antérieurs demeuraient excellents». Le déni restera alors total.
Deux lectures biaisées mais possibles donc. Une troisième est plus inquiétante encore car là, les lecteurs entrent véritablement dans l’ouvrage, en comprennent le propos, s’amusent à sa satire, mais… en ressortent totalement désemparés. Car, de l’attaque meurtrière contre l’école juive de Toulouse en 2012 à l’assassinat de Samuel Paty en 2020, en passant par les massacres de 2015 à Paris et de 2016 à Nice, les faits dont il est question dans le livre sont dramatiquement bien réels. Comme seule l’interprétation de la laïcité du Printemps républicain est décrite (et celle-ci, d’ailleurs, se présente comme LA laïcité elle-même), si la «bataille pour la laïcité [ne] serait [donc qu’] une version policée de la théorie du grand remplacement», si elle n’aboutissait, de fait, qu’à «la droitisation de la vie politique française», alors pour une femme ou un homme de gauche, il y a vraiment de quoi se désespérer. Et, comme on ne peut vivre désespéré, alors les deux premières versions apparaissent comme des lectures-refuges pour éviter de sombrer dans la déprime…
Il faut se battre contre ce qu’on nomme «l’islamisme radical» et la menace qu’il représente pour la démocratie. Nulle complaisance à avoir. Mais il faut se battre beaucoup plus efficacement qu’on ne le fait avec l’instrumentalisation actuelle de la laïcité. Or ce roman, qui est également un essai, ne donne aucune clef pour mener cet indispensable combat. Sa drôlerie est alors un peu celle du désespoir. Certes, on comprend que l’auteur n’ait pas voulu écrire une fable édifiante, transformer son livre en «manuel d’éducation civique» (ce qu’il reproche à Charlie d’avoir voulu faire). Mais on ne se situe pas impunément à la difficile frontière de la fiction et de l’essai. Quand on s’est placé volontairement à cet endroit, où on peut prendre des coups des deux côtés, il faut l’assumer.
Ni histoire contrefactuelle, ni loi de 1905
Seconde raison d’une relative gêne: la fin du livre aurait dû permettre de résoudre le problème que je viens de soulever mais, à mon humble avis, elle n’a pas réussi à le faire. Pourquoi ? Bellanger avertit ses lecteurs: «Aucun philosophe n’a encore été candidat à la présidence de la Ve République. L’ouvrage que vous avez entre les mains relève de l’histoire contrefactuelle». Que nenni. L’histoire contrefactuelle, c’est prendre une réalité historique, modifier un de ses éléments et imaginer les changements plausibles que cela aurait entraîné dans le reste de la réalité historique examinée. Bellanger se contente, lui, d’ajouter (ou de modifier à la marge) un élément à la présidentielle de 2022: la candidature du philosophe Frayère (substituée à celle de Zemmour) et, paradoxalement (car il est romancier), il n’ose pas vraiment tordre la réalité historique (pour mieux l’appréhender) comme le font les historiens s’adonnant à l’histoire contrefactuelle, ce qui suppose de laisser libre cours à une imagination (cependant) régulée (3).
Une autre fin aurait consisté à raconter l’alliance politique de Frayère avec Marine Le Pen et de faire de cette dernière la gagnante de la présidentielle, grâce à l’appui du Mouvement du 9 décembre et de son entrisme dans le corps des hauts fonctionnaires. Après tout, Élisabeth Badinter avait déclaré, en son temps, que seule Marine Le Pen se battait pour la laïcité (ce qui montre qu’avant même la création du Printemps républicain, le ver était dans le fruit !). Cette venue au pouvoir d’une laïcité lepéniste provoquerait une prise de conscience des personnes de gauche tentées par le Mouvement du 9 décembre et les obligerait à s’interroger sur ce qu’est la laïcité de 1905… et, enfin, à accepter de de se mettre au travail sur le sujet (au lieu de bêler des stéréotypes, qui traînent dans toutes les poubelles) pour comprendre pourquoi, en refusant une «victoire excessive, entière» (Aristide Briand, jamais cité dans le livre… contrairement à Combes), la laïcité historique a été, à la fois, victorieuse et pacificatrice (4). J’ai entièrement confiance dans la virtuosité d’écriture de Bellanger pour faire en sorte que cette découverte n’ait rien d’une leçon de morale ou d’un manuel d’éducation civique. Mais, dans la fin actuelle de son livre, je reste un peu sur ma faim.
Vous l’avez compris, Alain Souchon va intégrer Les derniers jours du parti socialiste à une nouvelle version de sa chanson Presque («C’est presque toi, presque moi ces amoureux dans la cour. C’est presque nous, presque vous. C’est presque l’amour») et il va chanter: «C’est presque un grand roman».
Illustration: lors d’un rassemblement du Printemps Républicain en 2021.
(1) Depuis plusieurs années, certains insistent, de façon un peu sévère, sur ce double échec. Ainsi, selon M Le magazine du Monde (17 janvier 2018), Pierre Rosanvallon déclarait: «Laurent Bouvet n’a réussi ni sa carrière politique ni à devenir un intellectuel vraiment marquant». Pour ma part, je lui témoignais de «l’estime» tout en regrettant son côté «gladiateur» et en affirmant «peu croire aux vertus des jeux du cirque».
(2) Cela d’autant plus que Grémond-Bouvet affrontant avec courage la terrible maladie de Charcot, l’ironie ne peut plus être de mise et, est-il indiqué, «l’idée de sa mort prochaine avait donné à ses visions politiques une clarté exceptionnelle. Le docteur en sciences politiques, entré dans la dernière séquence de sa vie, voyait enfin distinctement les forces auxquelles il avait consacré son existence».
(3) J’ai tenté d’expliquer ces règles dans le volume 3 de ma Loi de 1905 n’aura pas lieu. Histoire politique des séparations des Églises et de l’État.
(4) Si Bellanger rebaptise le Printemps républicain en Mouvement du 9 décembre [1905], les allusions qu’il fait à la séparation sont toutes erronées, reproduisant les contre-vérités que l’on trouve, effectivement, dans les milieux du Printemps républicain, de Marianne, etc. Il n’est donc jamais décrypté en quoi le Mouvement du 9 décembre-Printemps républicain se recommande de façon fallacieuse de la loi de 1905.