Palmes et psaumes

Pour la cinquième fois, un Festival international de poésie de la foi sera organisé dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Des paroisses de l’Église protestante unie l’ont accueilli tout à tour: Marseille, Grasse, Nice et cette année, Cannes. Le programme détaillé peut être consulté sur le site des éditions Jas Sauvages qui organisent à leur initiative cette manifestation pour son côté culturel, manifestation qui est soutenue par le Conseil régional de l’Église, par le Consistoire Côte d’Azur-Corse et qui est portée par plusieurs paroisses: Grasse, Vence et Cannes notamment. Le Festival rassemble des intervenants qui sont des pasteurs (Jean Alexandre, Christian Barbéry, Silvia Ill, Gérard Scripiec), des universitaires (Jacqueline Assaël, Olivier Millet) et des artistes de renom, musiciens et poètes (Takako Basey, Yves Ughes, Waltraud Verlaguet, etc.).

Depuis cinq ans, l’événement prend de l’ampleur et creuse son sillon: le public vient désormais aussi de l’extérieur des paroisses organisatrices pour y assister et se former, notamment dans les ateliers de poésie qui sont proposés. L’existence de ce type de festival qui promeut une culture actuelle mais ancrée dans les racines de la théologie protestante correspond aux aspirations d’une proportion non négligeable de paroissiens. Des associations locales viennent désormais s’agréger aux actions engagées.

«Rendre l’âme prompte et disposée à toutes œuvres divines»

Le Festival innove et s’adapte, selon les années, au contexte d’accueil. À Cannes, il s’ouvrira sur une excursion poétique aux îles de Lérins, avec une visite du Mémorial Huguenot guidée par Sylvie Cadier, conservatrice de l’Association d’histoire du protestantisme français. Ce sera l’occasion d’un hommage aux pasteurs prisonniers qui faisaient résonner leur foi en ces lieux par le chant prohibé des psaumes.

Le Festival, intitulé précisément Palmes et psaumes donnera lieu à une après-midi centrée autour des Psaumes, avec des lectures et diverses études sur la fonction attribuée à ces chants (avec Christian Barbéry et Marie-Christine Gay), sur leur rythmique, sur le travail de traduction (avec Jean Alexandre) et sur la découverte de psaumes modernes de Paul Claudel, par exemple.

Cette manifestation présente des phases très diverses (voir programme ci-dessous), avec des ateliers d’écriture, des conférences sur l’histoire de la poésie protestante et sur les expressions de la poésie de la foi dans diverses aires géographiques (traditions slave, allemande et française notamment), des soirées variées qui constituent des temps forts:

La première autour de la parution de mon recueil Nouaison prolongé par une réflexion spirituelle sur les notions de lien et de liberté, illustré par une exposition éphémère d’aquarelles, avec un accompagnement de musique classique.

«Elle atterrit
Là
En ce temps inouï
Cette dentelle d’entredeux
Entre Ascension et Pentecôte
Où d’éclaircie sauvage
Embuée et fleurie
Le Plateau sauve
Et embellit
La nouaison de ses jonquilles

Il aurait dit ‘Nouage’
Elle dit ‘Nouaison’»

La seconde préparée par Étienne Pfender, violoniste virtuose et poète, sur le thème de la grâce, met ainsi le Festival à l’unisson du Printemps des poètes sur le plan national.

Maître Eckhart (1260-1327): Les sermons

«Lorsque les temps furent accomplis, alors naquit la grâce. Pour que toutes choses en nous se trouvent accomplies, en sorte que la grâce divine en nous vienne à naître, qu’à cela Dieu nous aide.

L’œuvre de la grâce est de rendre l’âme prompte et disposée à toutes œuvres divines, car la grâce flue de la source divine et est une ressemblance divine…

La moindre œuvre de la grâce est plus élevée que tous les anges dans leur nature. Saint Augustin dit qu’une œuvre de grâce que Dieu opère, comme lorsqu’il convertit un pécheur et fait de lui un homme de bien, cela est plus grand que si Dieu créait un nouveau monde.»

La troisième sera assurée par Olivier Millet qui fera revivre la poésie de la tradition protestante sur la base de ses recherches personnelles et à l’aide d’enregistrements musicaux.

Par ailleurs, le dimanche après-midi, Yves Ughes présentera un spectacle dramatique monté à partir du texte d’un de ses recueils, à défaut de se faire, paru aux éditions Jas sauvages.

«ma tête posée sur les arbres je sens mes doigts comme branches en floraisons
et mon verre est premier sur les hanches de ce palmier en passion

je reviens vers les escaliers ceux de l’enfance le souffle arasé je m’en vais dans les senteurs tituber

pour une cuisine de turbulences la table est mise en espalier

ma tête sur les arbres posée je me souviens et j’acquiesce»

Le dimanche matin, la liturgie, fondée sur le chant des psaumes, rattachera ces journées culturelles à la célébration cultuelle de l’Église.

L’entrée est libre et gratuite pour toutes les phases du Festival.

Notre objectif consiste à inscrire la culture et la littérature protestantes dans la vie intellectuelle et spirituelle de notre société.

Illustration: Cannes vue depuis l’île Sainte-Marguerite près de la pointe du Batéguier (photo Tangopaso).