Le pardon chez Paul Ricœur (2): "un futur à la mémoire" - Forum protestant

Le pardon chez Paul Ricœur (2): « un futur à la mémoire »

«Un dispositif nécessaire» qui «ne doit pas être une simple parole». Dans ce deuxième volet de son intervention aux Jeudis du Défap, Robert Louinor passe aux exemples pratiques: un examiné par Ricœur (la commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud en 1996-1998), un qui le touche de plus près (le massacre des Haïtiens par le régime Trujillo en 1937).

Intervention prononcée aux Jeudis du Défap le 5 septembre 2024. Lire le premier volet de la transcription.

Visionner la vidéo de la conférence sur le site du Défap

3. Enjeux éthico-politiques du pardon dans la construction sociopolitique de la paix

Quels sont les enjeux pratiques que relève Ricœur à propos des usages du pardon dans le champ sociopolitique ? «Qui dit enjeu, dit chose à gagner ou à perdre, mise en danger, en tout cas mise en question», écrit-il (1). Demander ou donner le pardon pour des offenses commises présente un problème fort délicat, tant dans le domaine de l’éthique individuelle que collective: dans certaines cultures, le pardon a une dimension religieuse qui influence fortement les processus socioppolitiques, par exemple dans les sociétés où les principes religieux jouent un rôle central. Le pardon peut y être vu comme un impératif moral (il faut pardonner, on doit pardonner). Mais si un mal a été commis, suis-je dans l’obligation de pardonner (par exemple en tant que descendant des victimes) les descendants des oppresseurs ? Si on parle de la question du pardon, c’est pour nous, êtres humains d’aujourd’hui. Ce qui pose beaucoup de difficultés: «De quelle délégation un homme politique en fonction, le chef actuel d’une communauté religieuse peuvent-ils se prévaloir pour demander pardon à des victimes dont, au reste, ils ne sont pas l’agresseur personnel, et qui elles-mêmes n’ont pas personnellement souffert du tort visé ?» (2). Est-ce que je dois pardonner à la place de l’autre ? Cela pose trois questions sur le plan politique.

Mémoire et pardon. La mémoire est la faculté dont nous disposons pour conserver les faits passés ou pour les rappeler. Pour entrer dans une démarche de pardon, il faut que la victime autant que le coupable se souviennent du mal subi ou commis. Associer la mémoire au pardon, c’est accepter de rouvrir la mémoire pour puiser dans notre passé commun, ce qui nous lie et nous délie. Selon Ricœur, le pardon est une réponse à l’inévitable douleur des souvenirs, puisque la mémoire a pour fonction de conserver les blessures et les injustices du passé. En ce sens, la mémoire et le pardon ont en commun de permettre de se souvenir du crime et de ceux qui sont morts de la mort inventée par l’homme. Si le pardon libère la mémoire du poids insurmontable de la faute passée, la mémoire en retour est libérée pour ce grand projet. C’est ce qui fait dire à Ricœur que «le pardon donne un futur à la mémoire» (3).

Pardon et histoire. «Le pardon permet de revisiter et de raconter autrement les histoires du passé» (4): parler du pardon, c’est rouvrir le passé pour ensuite réinterpréter en vue d’influencer notre présent et se tourner vers l’avenir. Il est donc impossible de penser le pardon sans visiter le terrain de l’histoire. Dans l’histoire, le pardon joue un rôle crucial dans la réconciliation des peuples et des communautés après les conflits.

Pardon et oubli. Dans La mémoire, l’histoire, l’oubli, Ricœur met en lumière les processus de pardon collectif pour dépasser les blessures historiques et construire une paix durable. Mais «quelle sorte d’oubli mériterait d’être tenue pour une trace du pardon ?» (5). Si l’oubli signifie que l’on ne se souvient pas d’une chose ou d’un événement, la mémoire de son côté renvoie à l’aptitude à se souvenir d’un événement passé. Mettre en rapport le pardon avec l’oubli oblige de poser un certain nombre de questions: peut-on pardonner sans rien effacer ?; est-il possible de pardonner sans se souvenir de la faute commise ?… L’enjeu ici est de ne pas cultiver la mémoire de façon morbide ni de tomber dans la tentation de tout oublier. Pardonner, ce n’est ni tomber dans un oubli systématique ni dans l’extrême inverse.

Le pardon est à mes yeux l’aboutissement d’un travail au niveau de mémoire et de l’histoire, qui s’effectue par la reconnaissance et l’acceptation de ce qui s’est passé, sans chercher à l’oublier. Le pardon sociopolitique doit être perçu comme une excuse pour l’oubli ou pour l’effacement de la mémoire des victimes, il doit être un acte qui respecte la mémoire et la dignité des victimes. Le pardon sociopolitique ne vise pas à effacer le passé ni à nier ou oublier le mal commis ou subi, il est la reconnaissance de ce qui a été.

 

Aspect négatif et aspect positif (cas de l’Afrique du Sud)

Les objectifs de la commission Vérité et Réconciliation (6) étaient de collecter les témoignages, consoler les offensés, indemniser les victimes et amnistier ceux qui avouaient avoir commis des crimes politiques. D’après Sophie Pons (7), citée par Ricœur, cette commission accomplit ses objectifs au moyen de trois comités:

Le premier comité sur la violation des droits de l’homme devait établir la nature, la cause et l’ampleur des abus commis entre 1960 et 1994. Il devait rassembler toutes les informations pouvant aider les victimes et les bourreaux à tourner la page. En témoignant, en racontant, on est déjà dans la perspective d’un pardon qui nous invite à revisiter le passé pour voir le mal qui a été commis.

Le deuxième comité sur l’amnistie devait examiner les demandes de pardon à la condition d’aveux complets prouvant la motivation politique des actes incriminés. Il n’avait pas seulement vocation à rétablir la vérité mais aussi à promouvoir la réconciliation entre les Sud-Africains, entre Noirs et Blancs.

Le troisième comité sur la réparation et la réhabilitation avait pour mission d’identifier les victimes et d’étudier leurs plaintes en vue d’indemnisation, d’aide matérielle et de soutien psychologique. Mais en raison des grandes difficultés financières de l’État sud-africain et du programme de reconstruction qui grévait le budget, ces réparations n’ont malheureusement pas pu s’effectuer. L’archevêque anglican Desmond Tutu (les Églises ont joué un rôle important pour aider les parties antagonistes à trouver une solution).a préféré parler de réparation plutôt que de compensation. Car selon lui, la compensation laissait croire qu’on pouvait quantifier la souffrance. Comme tout à l’heure avec la métaphore du papier plié, on ne peut pas quantifier la souffrance, le mal commis. Ce comité devait en tout cas évaluer la gravité des crimes commis et réfléchir à comment réparer l’irréparable.

Les enjeux du pardon sociopolitique dans le cas sud-africain sont donc des enjeux éthiques puisque dans le jugement éthique du pardon, une tension se crée entre les aspects positifs et négatifs.

Aspects négatifs. Le pardon court le risque d’être instrumentalisé par des autorités politiques ou religieuses : si quelqu’un avoue une faute, n’est-ce pas pour éviter de passer devant la justice ? Pour Ricœur, les accusés auraient avoué pour ne pas aller au procès. Il s’agit donc d’un stratagème en vue de demander et d’obtenir une amnistie libératoire de toute poursuite judiciaire et de toute condamnation pénale. La justice est en ce sens sacrifiée au nom de la réconciliation. Desmond Tutu du côté religieux et Nelson Mandela du côté politique essaient d’apporter une perspective de réconciliation car les Sud-Africains étaient divisés à cause des terribles conditions historiques et des préjugés entre Noirs et Blancs. La psychologue Karin Muller a écrit au sujet de l’aveu et du repentir des coupables que «les victimes ont le droit de refuser de pardonner car il est temps de réhabiliter la victime face à son boureau». En se demandant: «Quel mot de réconfort, quelle compensation offre la Commission à tous ceux qui ont souffert ?» (8). Contrairement aux deux premiers comités, le troisième n’a pas atteint son objectif: il n’y a pas eu réhabilitation ni compensation par rapport aux crimes qui avaient été commis.

Aspects positifs. En dépit de cette difficulté, l’expérience de la Commission Vérité et Réconciliation a servi à construire la paix sociale en Afrique du Sud avec un pardon comme geste symbolique de réparation. La Commission a offert un espace public à la plainte et au récit des souffrances et suscité une catharsis partagée. La notion de catharsis renvoie à la dimension thérapeutique et politique du pardon mobilisée par la Commission. En racontant ce qui s’était passé, les victimes ont reçu une écoute nationale qui a pu apaiser leurs souffrances et leurs traumatismes. Cela a apporté des résultats sur les plans psychologique et thérapeutique. Au niveau politique, la Commission a permis de créer un gouvernement d’union nationale. Lorsque Mandela est arrivé au pouvoir, l’Afrique du Sud était encore blessée par des décennies d’apathie. Pour apaiser les esprits, Nelson Mandela a fait le choix du pardon pour éviter un bain de sang et une guerre civile, de l’accord entre l’ANC (noire) et le Parti national (blanc) pour éviter beaucoup plus de crimes. Au niveau sociopolitique, la Commission a été très utile en contribuant à recréer du lien social national et en facilitant la formation d’un gouvernement partagé entre Noirs et Blancs. Desmond Tutu a initié la démarche de pardon avec sincérité et a même écrit un livre intitulé Il n’y a pas d’avenir sans pardon (9).

 

Usage du pardon (cas du massacre des Haïtiens en 1937 en République Dominicaine)

En travaillant sur la question du pardon chez Paul Ricœur, j’ai rencontré cet événement tragique de l’histoire contemporaine d’Haïti: du 2 au 8 octobre 1937, plus de 20000 Haïtiens et Dominicains d’origine haïtienne ont été massacrés par l’armée et la police dominicaine sous le régime de Trujillo (10). En 2007, la question du pardon été soulevée lors d’une messe solennelle à l’occasion de la fête patronale de la paroisse de Dajabón, proche de la frontière haïtienne. Dans son homélie, l’évêque Diómedes Espinal de León a déclaré au nom de l’Église catholique dominicaine que le peuple dominicain devait demander pardon au peuple haïtien pour le massacre de 1937. Comme le pape Jean-Paul II lorsqu’il avait demandé pardon au peuple juif.

Mais est-ce que l’on peut demander pardon au nom d’un peuple ? Est-ce que l’on peut pardonner à la place de l’autre ? Un autre prélat dominicain, l’archevêque Nicolas de Jesús López Rodríguez, a déclaré lui que le peuple dominicain n’avait pas à demander pardon au peuple haïtien pour le massacre de 1937 parce que le responsable de ce massacre était Trujillo, qui était mort et enterré. Pour lui, cela datait de plus de 70 ans et le peuple dominicain n’en était aucunement responsable: «C’est à Trujillo (qui fut un criminel) qu’il faut demander des comptes».

Il y a une tension entre la position d’Espinal de León et celle de López Rodríguez. Qui a raison ? Que faut-il faire ? L’Église catholique dominicaine reste divisée sur cette question: un groupe plaide en faveur d’une demande de pardon, un autre groupe pense que ce n’est pas à eux de demander pardon au peuple haïtien. Dans un tel contexte, ce représentant religieux peut-il demander pardon à titre individuel au nom d’une communauté ou au nom du peuple dominicain ? Je ne le pense pas car les descendants des coupables ne sont pas responsables du massacre perpétré contre les Haïtiens, et les Haïtiens en tant que descendants des victimes ne peuvent octroyer le pardon demandé. Pourtant, ce geste individuel de demande de pardon peut être utile pour améliorer les relations inter-étatiques entre ces deux pays qui partagent la même île. Ce geste symbolique de pardon est une forme d’appel à la cohésion sociale: en agissant ainsi, ce prélat dominicain a pris conscience de l’ampleur du mal commis en 1937 par les dirigeants de son pays. Même s’il n’est pas responsable, il est pourtant concerné en tant que citoyen dominicain. On peut ressentir de la culpabilité sans pour autant être coupable du crime qui a été commis. Le philosophe Karl Jaspers l’a très bien expliqué dans La culpabilité allemande (11).

 

Conclusion

Je soutiens que le pardon sociopolitique peut être un dispositif nécessaire pour construire la paix dans les relations inter-humaines et inter-étatiques. La demande officielle de pardon par un chef d’État (sous la forme d’excuses, d’acte de repentance ou de contrition) me paraît nécessaire pour marquer que cet État se détache définitivement de ses crimes et permettre à une société de s’affranchir des tabous et s’engager dans la construction d’une mémoire collective, ciment du vouloir vivre ensemble. Par contre, le pardon sociopolitique ne doit pas être une simple parole, il doit être accompagné par des actes concrets qui essayent de réparer l’irréparable. Dans son livre Peut-on réparer l’histoire ? (12), Antoine Garapon parle de trois formes essentielles de réparation:

La réparation symbolique cherche à dépasser un événement historique par un geste qui exprime le remord qu’en éprouvent les auteurs, et leur engagement à ne pas le répéter. On ne peut pas parler de pardon sans cela: il faut qu’il y ait de de la repentance, du remord et la promesse qu’on ne va plus recommencer. La repentance se manifeste par un acte public de contrition: ériger par exemple des monuments à la mémoire de la communauté des victimes. C’est un geste symbolique et concret qu’on pourrait mettre en avant quand on parle de la question du pardon sociopolitique.

La réparation politique charche des moyens concrets pour éliminer définitivement les traces d’injustice historique toujours présentes dans certaines populations.

La réparation matérielle se fait sous forme d’indemnisation. Sans argent, peut-on parler de la question du pardon ? Car après les excuses, qu’est-ce qu’on fait ? L’un des plus anciens usages du terme pardon est associé à l’annulation des dettes financières. Ce pardon qui est au sens propre remise de dette permet et marque la reprise de relations diplomatiques pacifiées. Le fait de demander pardon ou accorder son pardon au sens économique originaire (mais pas seulement) est un premier pas vers la paix, une condition sine qua non et un préalable nécessaire à celle-ci. C’est à juste titre qu’Enzo Bianchi (13), un prêtre catholique, dit que le pardon peut s’exercer par la remise de la dette des pays pauvres, condition d’un développement économique.

Dans un monde de plus en plus complexe où les conflits ne diminueront pas en nombre et en gravité mais se multiplieront et s’approfondiront, le pardon sociopolitique est un élément nécessaire pour construire la paix entre les humains dans les relations inter-personnelles ou inter-étatiques. Envisager le pardon comme une pratique sociale et politique, c’est déclarer que l’idée de pardon a des implications dans les «affaires humaines» comme disait la philosophe Hannah Arendt (14). Bien que le pardon ne soit pas une catégorie politique chez Ricœur et qu’il ne puisse être porté par des institutions, on ne peut pourtant nier son rôle dans la restauration de l’équilibre social: les gestes symboliques de demande de pardon de représentants d’institutions politiques ou religieuses pourraient contribuer à construire la paix entre les humains.

 

Après des études de philosophie à l’Université Paris VIII et de théologie à l’ l’Institut protestant de théologie de Paris, Robert Louinor a soutenu en 2023 une thèse en théologie sous le titre : Le pardon chez Paul Ricœur, Une proposition sociopolitique de la paix. Il est depuis 2023 pasteur proposant de l’Église protestante unie de France à Creil, dans l’Oise. Depuis 2009, il s’occupe aussi d’une école pour enfants en difficulté en Haïti où il est né.

Illustration: Frederik De Klerk et Nelson Mandela au Forum économique mondial de Davos en 1992 (photo World Economic Forum, CC BY-SA 2.0).

(1) Paul Ricœur, Accompagner la vie jusqu’à la mort, Esprit, mars-avril 2006 (La pensée Ricœur), pp.316-320.

(2) Paul Ricœur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, p.620.

(3) Paul Ricœur, Sanction, réhabilitation, pardon, in Ricœur, Le Juste, Éditions Esprit, 1995, p.207.

(4) Paul Ricœur, Quel éthos nouveau pour l’Europe ?, in Peter Koslowski (dir.), Imaginer l’Europe. Le marché intérieur européen, tâche culturelle et économique, Cerf, 1992. p.114.

(5) Paul Ricœur, Les difficultés du pardon, Bulletin de littérature ecclésiastique 101 (Institut Catholique de Toulouse) 2000, p.212.

(6) Instituée en 1995 à la suite de l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela en 1994, elle fonctionne de 1996 à 1998 sous la présidence de l’archevêque anglican Desmond Tutu.

(7) Sophie Pons, Apartheid: l’aveu et le pardon, Bayard, 2000.

(8) Karine Muller, Le pardon contre la justice, Études, mai 1997, pp.602-603.

(9) Desmond Tutu, Il n’y a pas d’avenir sans pardon, Albin Michel, 2000 (No Future Without Forgiveness, Doubleday, 1999).

(10) La dictature de Rafael Leonidas Trujillo dura du coup d’État de 1930 à son assassinat en 1961. Lire L’évêque de Mao-Montechristi demande pardon au peuple haïtien, Haïti Recto Verso, 10 octobre 2007.

(11) Karl Jaspers, La culpabilité allemande, Éditions de Minuit, 1948 (Die Schuldfrage, Lambert Schneider, 1946).

(12) Antoine Garapon, Peut-on réparer l’histoire ? Colonisation, esclavage, Shoah, Odile Jacob, 2008.

(13) Enzo Bianchi, Don et pardon, Albin Michel, 2015 (Dono e perdono, Einaudi, 2014).

(14) Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, 1961, Calmann-Lévy (The Human Condition, University of Chicago Press, 1958).

 

 

Commentaires sur "Le pardon chez Paul Ricœur (2): « un futur à la mémoire »"

  • Jean-Paul

    En relisant, grâce à vous, Le pardon difficile (dernier chapitre presque testamentaire de La mémoire, l’histoire, l’oubli) il semble que la distinction entre socio-politique et religieux ne soit pas aussi nette qu’on le croit. Que s’esquisse une tension, une dialectique discrète mais présente à l’esprit de Ricœur, entre l’aspect socio-politique du pardon (domaine des « affaires humaines » dit H. Arendt) et « son aura religieuse », entre le vertical et l’horizontal. « Le pardon a une dimension religieuse qui influence fortement les processus socio-politiques, par exemple dans les sociétés où les principes religieux jouent un rôle central. » dites-vous. Au fond, n’en va-t-il pas de même, mais à bas bruit, dans nos sociétés laïques ? Peut-on échapper (se soustraire) au contexte religieux, spirituel du pardon ? Une autre question, celle que pose Derrida, sans contredire le commandement divin : « Le pardon est-il chose de l’homme, le propre de l’homme, un pouvoir de l’homme – ou bien réservé à Dieu ? et déjà l’ouverture de l’expérience ou de l’existence à une surnaturalité comme surhumanité : divine, transcendante ou immanente, sacrée, sainte ou non ? Tous les débats sur le pardon sont aussi des débats sur cette « limite » et le passage de cette limite. » (Pardonner. L’impardonnable et l’imprescriptible.). Echo au texte polémique de Jankélévitch (Pardonner, 1964) qui pose cette terrible question dans la mémoire de la Shoah, à l’époque du débat sur la prescription et qui nous a tous bouleversés : « Le pardon est mort dans les camps de la mort. », une sorte de révision radicale du concept de pardon après Auschwitz, qui tranche de manière terriblement humaine (désespérée) avec son essai philosophique (Le pardon), ce dont il est conscient. Le pardon humain au mieux tend vers un « pardon pur », mais n’est jamais le pardon vrai qui n’appartient qu’à Dieu. Merci beaucoup pour cette intervention (et à Forum Protestant qui nous l’a communiquée) qui laisse augurer d’une thèse riche.

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