Quand les classes moyennes quittent Paris : entre choix et contraintes
« La classe moyenne francilienne est donc bigarrée, et les chercheurs nous invitent à la considérer telle quelle. Si Paris disparaît de son champ des possibles de manière alarmante, il lui reste toutefois une myriade d’autres formes de résider autour de celle-ci. Car, les auteurs le rappellent, la classe moyenne conserve une marge de manœuvre. C’est notamment ce qui la différencie des couches populaires, plus durement frappées par cette mise à l’écart des polarités. Et dont on devine en creux les difficultés encore plus vives à résider l’espace métropolitain. »
Il y a les acteurs de la « bataille du centre » qui sont contraints « d’adopter des stratégies de résistance pour se maintenir » dans les quartiers de Paris intra muros. Il y a « les déplacés » qui ont préféré s’installer dans les départements de la petite couronne parisienne et, victimes de la gentrification de la capitale, « en deviennent ici les acteurs et participent progressivement à remodeler le territoire dans lequel ils s’installent ». Il y a enfin tous ceux pour qui s’éloigner de Paris a été un choix où « le périurbain peut représenter un espace intermédiaire désirable en soi, un lieu idéal entre ville et campagne ». C’est à l’étude de ces choix résidentiels des classes moyennes parisiennes qu’est consacré le livre Quitter Paris ? Les classes moyennes entre centres et périphéries, résultat de près de 200 entretiens menés par les sociologues et urbanistes Éric Charmes, Lydie Launay et Stéphanie Vermeersch, assistés de Marie-Hélène Bacqué (dont rend compte Adrien Simorre). La question étant de savoir si ces choix renforcent ou atténuent la ségrégation sociale et l’entre-soi. Les réponses ne sont pas univoques : si la diversité résidentielle est plus grande au centre et en petite couronne, les comportements y sont paradoxalement plus ségrégationnistes de la part des classes moyennes. Alors que c’est l’inverse que l’on constate en grande périphérie …
22 mars 2019