« Les forces populistes ne sont pas juste un accident de l’histoire »
« On trouve dans toutes nos études un sentiment de solitude beaucoup plus important dans les villes de taille intermédiaire où il y a eu une désindustrialisation, une érosion des services publics et aussi une perte des services de proximité. Le point commun des « gilets jaunes » est souvent leur solitude. »
« Les principaux risques aujourd’hui sont politiques », explique d’entrée Yann Algan (interrogé par Grégoire Normand et co-auteur du livre Les origines du populisme) et si la politique est aujourd’hui agitée par le populisme, « le premier facteur qui permet d’expliquer ces phénomène est d’ordre économique ». C’est l’économie et « l’incapacité des institutions à protéger les citoyens contre les dérèglements du capitalisme » qui expliqueraient la « très grande défiance » des citoyens à leur égard et le vote populiste des régions qui ont le plus souffert des destructions d’emplois dues au développement du commerce international. Algan pointe aussi la « désocialisation des catégories populaires » due « au passage d’une société de classe à une société d’individus isolés ». Pour « s’attaquer aux causes de cette solitude dans les sociétés post-industrielles », il pense qu’il faut « favoriser l’émergence de nouveaux lieux de socialisation » au travail et dans les territoires mais aussi « travailler sur une école de la confiance avec des méthodes pédagogiques adaptées ».
(2 septembre 2019)