Sur la réduction des déficits et l’austérité
La France n’en finit plus de parler d’austérité et de relance de l’emploi, tout en évitant soigneusement de faire concrètement quelque chose. Il est pour le moins imprévoyant de penser que la politique de l’autruche nous permettra toujours d’éviter de regarder la réalité en face. Alors, à quand un vrai sursaut de notre pays ?
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce dernier débat sur l’austérité mais je reste un peu sur ma faim devant la complexité des arguments avancés dont je pense qu’ils servent essentiellement d’écran de fumée.
Nous avons tous, ne serait-ce que dans notre famille, eu à tenir un budget : recettes, dépenses, la première ménagère venue c’est qu’elle ne peut gérer que cet équilibre. Bien entendu, on peut parfois recourir à l’emprunt mais cela se fait communément dans le cadre d’un remboursement prévu et programmé. Pourquoi en serait-il différemment pour un État, alors que cette loi simplissime s’applique non seulement aux individus mais également aux entreprises, associations, collectivités etc…. Toutes les explications de la terre, inflation, avance sur recettes, conjoncture, futur radieux…..mènent quasi inéluctablement au surendettement et à la faillite ! Nous en sommes très près.
À côté de cette erreur de comportement, se cache un deuxième phénomène encore plus déplaisant qui consiste à penser que ces dettes seront remboursées par nos enfants ! C’est un cadeau inespéré et superbe, le problème étant que dans ce cas précis ils ne pourront pas refuser la succession. Quel genre de parents sommes nous qui nous permettons une telle injustice. (Je fais pourtant parti de ceux qui pensent qu’une dépense anticipée mais bien élaborée peut-être aussi un plus pour les générations futures : c’est le cas du viaduc de Millau ou de l’éducation par exemple). Encore faut-il garder une certaine mesure voir se méfier de réaliser nos rêves à leurs dépens.
Alors l’austérité au milieu de tout cela ? Pour le moment, dans les faits, on la cherche sans bien la trouver :
D’un côté, les français qui tentent de vivre comme avant. Pour tous, une multitude lente et sournoise d’augmentations de dépenses de toutes sortes. Ensuite pour une partie d’entre eux ce que l’on a vu essentiellement c’est l’explosion des impôts, au demeurant première dépense contrainte, avant le téléphone portable, n’en déplaise à certains. Cela ne concerne que ceux qui en payent : moins de la moitié de la population ! Les ménagères ont adapté leur train de vie en conséquence lequel reste encore relativement décent en France en 2013. La partie de la population qui ressent plus durement l’austérité, ce sont les chômeurs qui se multiplient, surtout en fin de droits. Ils devraient s’inquiéter car l’emploi ne repartira pas si la compétitivité de notre pays, sous toutes ses formes, ne s’améliore pas.
De l’autre, la France institutionnelle, c’est-à-dire par opposition aux français la ou les collectivités qui gèrent notre cadre de vie et qui pour ce faire ont comme ressource les impôts et taxes levés sur le peuple et la société marchande. Elle continue à date de vivre et dépenser comme si de rien n’était. De ce côté, à part une démission spectacle récente, nous avons eu droit à de magnifiques déclarations mais à très peu d’actes voir à des rétropédalages impressionnants : embauche d’enseignants supplémentaires , explosions parfois à deux chiffres des dépenses locales, gesticulations diverses et malheureusement toujours onéreuses de 40 ministres ! Personne n’a semble-t-il envisagé de bloquer les dépenses, au moins les nouvelles, au moins une partie.
Nous avons pourtant tous commencé par cela en cas de difficultés que ce soit dans nos ménages ou dans nos activités professionnelles, même si ce n’est ni agréable, ni facile et de plus, souvent seulement une première étape. Qu’attendons-nous ?
La France manque d’emplois marchands par manque de compétitivité en particulier sur les coûts. Suradministrée, elle handicape structurellement ses entreprises qui , trop peu nombreuses, se partagent de plus une charge trop lourde. Il est clair qu’un virage est à prendre : l’austérité au sens grec ou espagnol n’est probablement pas la bonne solution, une gestion rigoureuse à la canadienne ou à la suédoise voire en son temps à l’allemande devient maintenant d’une urgence absolue.
(Illustration : présentation du budget 2013 par Pierre Moscovici le 28 septembre 2012)