L’Invention des dieux… de Dieu - Forum protestant

L’Invention des dieux… de Dieu

Inventer Dieu, c’est d’abord le trouver. Pour Luc Serrano,  «l’Homme a petit à petit eu l’intuition qu’il y avait une Transcendance au-dessus de lui, et à ainsi découvert l’existence d’abord des dieux puis du Dieu derrière les dieux». Donc, «Dieu n’existe pas si on ne le fait pas d’abord exister, se manifester dans notre existence, par la Prière, la Liturgie et à tous les autres instants de la vie».

 

 

«Si l’on demande quelle est la cause de cette diversité, il faut répondre qu’il n’y a pas d’autre cause à cela, comme à de nombreux autres points de grammaire que de logique, que la volonté des hommes qui ont instauré un tel usage.»
Guillaume d’Ockham, Somme logique (2e partie)

 

La plus grande partie des récits se voulant historiques de la Bible, est factuellement fausse ! Les dix plaies d’Égypte, la mer Rouge fendue en deux pour laisser passer les Hébreux, l’histoire des trompettes de Jéricho à une époque où ladite ville était déjà ruinée, et plus loin le mythe du grand Israël de David et Salomon comme toute la Genèse ou les ascensions bibliques, sont plus des écrits anthropologiques ou théologiques que le récit de faits avérés… comme l’a montré la recherche historique archéologique contemporaine.

En effet, tout cela, c’est d’abord un Langage – comme d’ailleurs celui des théogonies d’Hésiode ou d’Homère ou des textes sacrés mésopotamiens ou indiens – pour dire quelque chose de l’Homme, du Monde et de Celui qui en fut un jour le Créateur; autrement dit des mots pour dire la Foi, les croyances des hommes qui ont durant des millénaires composé les Textes sacrés et les Traditions de TOUTES les Religions, en y décrivant leurs visions des dieux, de Dieu et de la Providence. Dans nos vies aussi, ce qui fait être est souvent au-delà du réel, de la chose en soi, de sa venue au monde: c’est la manière dont on va la nommer, la faire entrer dans le Langage… qui est le propre de l’Homme, comme l’a dit Descartes à la suite d’Aristote.

 

Au cœur de la Nature d’abord, puis dans le Ciel ou sous la Terre, et enfin… dans son Cœur !

C’est pour cela qu’on peut parler d’invention des dieux, de Dieu… par l’Homme. D’ailleurs, étymologiquement, le verbe inventer arrive dans notre langue au 15e siècle, dérivant d’un verbe latin, invenire, qu’on peut à la fois traduire par concevoir, imaginer, trouver ou découvrir. On peut ainsi inventer une machine nouvelle ou tout simplement inventer-trouver, par exemple un trésor. Mais loin de moi l’intention de nier l’existence d’un Créateur à l’origine de tout et du Tout, en supposant que ce serait l’Homme qui – à un moment de son évolution – en aurait imaginé l’Idée pour notamment se sentir moins seul, je laisse aux athées le soin de s’atteler à cet exercice. Je crois plutôt que l’Homme a petit à petit eu l’intuition qu’il y avait une Transcendance au-dessus de lui, et à ainsi découvert l’existence d’abord des dieux puis du Dieu derrière les dieux. De fait, on pourrait dire que Dieu n’existait pas en soi avant que l’Homme ne le trouve au cœur de la Nature d’abord, puis dans le Ciel ou sous la Terre, et enfin… dans son Cœur !

En fin de compte, parler d’un Créateur, des dieux, d’un Dieu… cela ne va pas de soi si on ne le fait pas d’abord entrer dans le Langage, celui qui va permettre de le reconnaître, de l’appeler Père, le Miséricordieux, l’Éternel Dieu des armées, le Très-Haut, Je Suis qui Je Suis ou plutôt Je Serai qui Je serai (Yahvé / YHWH), le Bon Dieu ou le Très-Bas, comme choisit de le nommer le saint François de Christian Bobin. De fait, Dieu n’existe pas si on ne le fait pas d’abord exister, se manifester dans notre existence, par la Prière, la Liturgie et à tous les autres instants de la vie; ou sinon, il ne serait qu’un lointain souvenir de ce Principe Premier de l’Univers qui, comme le dit Genèse 1, a ordonné le Chaos originel. Dieu existe, je l’ai rencontré, car j’ai su l’inventer, l’inviter !

 

18 octobre 2024 – 28 février 2025

 

Illustration: Miracle de la source (Giotto, fresques de la vie de saint François à la basilique d’Assise, 1295).

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