Science et pouvoir : quand un aveugle guide un aveugle
« Le problème n’est pas la science : les scientifiques savent qu’ils ne savent pas grand-chose (sic Socrate). Ils ont l’humilité des expérimentalistes, la sagesse du non-savoir. Comme le dit bien Didier Raoult, le savoir est « temporaire ». Le problème, donc, ce n’est pas la science, c’est le politique. Il absolutise la référence à la science en présentant les scientifiques comme les maîtres absolus du savoir, et il leur fait ainsi jouer un jeu dangereux »
Rappelant les tâtonnements de l’exécutif au moment du premier tour des élections municipales et de la mise en place du confinement, la philosophe Natalie Depraz rappelle que les experts eux-mêmes, tant vantés et sur lesquels s’appuie le gouvernement pour prendre ses décisions, se sont aussi allègrement trompés aux débuts de la pandémie : « De fait, les scientifiques peuvent se tromper. C’est vrai, ils ne savent pas grand- chose : ils ont affirmé que le Covid-19 est comme une grippe. Il est beaucoup plus contagieux et le symptôme de l’oppression respiratoire l’en distingue clairement ; ils ont affirmé qu’il était inutile de mettre un masque. On ne sera bientôt pas autorisé à sortir sans. Ils ont affirmé que les tests ne servaient à rien. Mais… seuls des tests permettraient de savoir qui est positif et qui ne l’est pas. » Mais si la science sait par essence qu’elle ne sait pas grand chose, le politique lui « manipule la référence à la science à ses propres fins », que ce soit pour mieux contrôler ou pour trouver des excuses à ses déficiences. Aux scientifiques donc de ne pas servir aux politiques de « girouette » plutôt que de « boussole ».
(14 avril 2020)