Ras-le-bol fiscal : info ou intox ? - Forum protestant

Ras-le-bol fiscal : info ou intox ?

 

« Sera-t-on un jour heureux de payer des impôts ? Sans doute pas. Les sondeurs ont de beaux jours devant eux et donc les lobbies anti-fiscalité aussi. Au minimum, il est possible de faire en sorte de mieux faire comprendre à quoi sert l’argent des impôts et de trouver un mode de prélèvement plus juste. Pour cela, il faut décrypter la manœuvre politique qui consiste à détourner le mécontentement social motivé par l’injustice du système fiscal pour en faire une fronde fiscale. »

La crise des Gilets Jaunes et la mise en place du prélèvement à la source ont été deux occasions de relancer le débat sur le ras-le-bol fiscal. Pour Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, ce débat est vicié. Sans parler des chiffres (les dépenses publiques ne paraissent élevées en France que parce qu’une bonne partie des dépenses d’éducation, de retraite et de santé y sont comptabilisées à la différence d’autres pays), c’est d’abord l’occasion pour les « privilégiés » de « surfer sur la vague pour tenter d’obtenir de nouvelles réductions d’impôts. Une gourmandise sans fin qui nourrit les tensions sociales dans notre pays ». Une vague alimentée par des sondages vite faits et qui ne transmettent que « l’air du coin de la rue » et relayée par des « experts » qui « arpentent les médias ».

Mais si cela fonctionne, c’est qu’une contestation existe et qu’elle « est d’abord un refus de l’injustice. Elle traduit le ras-le-bol d’une politique fiscale injuste et non un ras-le-bol des impôts en général ». Effectivement, « les catégories populaires et moyennes ont le sentiment très désagréable de payer pour les autres » puisque « les gouvernements ont recentré un certain nombre de politiques sur les plus démunis, tout en maintenant les privilèges fiscaux des plus aisés ». Et les jeunes cadres célibataires (« bien représentés dans la presse ») « peuvent avoir le sentiment de supporter un poids supérieur aux autres en matière d’impôt sur le revenu ». Il faut donc « écouter ceux qui peuvent avoir des raisons de se plaindre des impôts » et trouver des solutions après avoir passé « intelligemment les dépenses publiques au peigne fin ».

14 janvier 2019