Pour une attention à la singularité de chacun
« Si l’enjeu de l’éducation est la capacité individuelle et collective à innover, à commencer autre chose, il en va alors d’une certaine idée de la démocratie. Pour le comprendre, il est important de préciser que l’individuation n’est pas l’individualisme : « L’individualisme contemporain est une individuation pervertie au sens où l’individu est persuadé que la recherche de son autonomisation peut se passer de la production qualitative de liens sociaux, ou plutôt qu’il est possible de l’instrumenter pour son seul profit. » Tandis que le souci d’individuation, au contraire, refait lien avec l’interdépendance des individus. »
Pour lutter contre les inégalités entre hommes et femmes, écrit la philosophe Clarisse Picard, « notre société contemporaine valorise un processus d’indifférenciation des sexes et de neutralisation des genres dans tous les secteurs de la vie sociale ». Un processus pour elle nécessaire mais qui « montre aussi ses limites » puisque ces inégalités persistent. Pour aller au-delà, il faudrait alors prêter plus d’attention à comment les jeunes deviennent des individus particuliers, que l’on soit parent (une « nécessaire présence attentionnelle, émotionnelle et affective » qui « demande aussi d’être vigilant face aux situations où le déploiement de l’énergie singulière propre à chaque enfant est empêché parce qu’il y aurait, par exemple, trop d’emprise ou, au contraire, trop d’indifférence ») ou éducateur (« sur un principe d’égalité d’accès à la vie symbolique pour les filles autant que pour les garçons »). L’enjeu étant de tendre vers une démocratie qui « a besoin de l’engagement qualitatif de l’individu » et qui est « le fruit des singularités préservées ».
3 mars 2019