Pour lutter contre le fanatisme : la théologie !
L’égorgement d’un vieux curé qui disait la messe dans son église devant une poignée de fidèles sonne le glas de l’inter-religieux béat. Entre une frange de l’islam qui fait preuve d’une intolérance verbale, voire meurtrière, et une partie de la chrétienté qui n’est pas loin de penser que toutes les religions se valent, il convient de proposer une ligne de conduite assez simple : que chacun examine ses textes fondateurs, sacrés et que, dans le cadre de la République, chacun exprime clairement ce qu’il en ressort.
Sous le tapis de prière
Sur France Inter, le lendemain de l’égorgement de ce vieux prêtre dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, Rachid Benzine disait qu’il est grand temps que les religions posent le problème de la violence qui existe dans leurs textes. Puisse-t-il être entendu ! En effet, l’islam étant, aujourd’hui et mondialement, au cœur de cette problématique, c’est lui qui est prioritairement mis au pied du mur. Nous verrons pourquoi la violence de la chrétienté (à distinguer du christianisme en tant que doctrine) ne peut pas être traitée sur le même mode, même si les deux Guerres Mondiales ont été lancées par des nations chrétiennes (dûment rejointes par des nations musulmanes ou shintoïste, entre autres). Pour ne pas avoir l’air désagréable, on met les problèmes sous le tapis de prière, et on assiste à un festival de déclarations peu fiables. Derrière les mots de façade, on ne sait pas ce que pensent les politiques et les religieux au fond d’eux-mêmes. Disons-le tout net : nous ne savons pas vraiment ce que pensent les musulmans de France, à supposer qu’ils parlent d’une seule voix. Ainsi, telle association musulmane ayant participé à une réunion très sympathique entre chrétiens et musulmans (j’y étais) n’a rien trouvé de mieux que d’inviter, quelques mois plus tard, Tariq Ramadan, le maître de l’ambiguïté, celui qui se présente comme un grand démocrate tout en admettant qu’un homme puisse battre sa femme. Or, Tariq Ramadan n’est pas l’ami des chrétiens, et je doute qu’il soit approuvé par toute la communauté musulmane. Double langage. Double attitude. Double attitude d’autant plus douloureuse quand on entend s’exprimer la compassion de tel imam ou de tel responsable musulman après des attentats frappant la population civile et même, dans le cas de Saint-Étienne-du-Rouvray, une population croyante. Personnellement, je veux bien croire à la sincérité de la plupart de ces personnes ; mais il faut aller plus loin et arrêter de se piéger soi-même.
Le salut par le djihad
Ainsi, quand on entend dire que l’islam n’est pas guerrier, pas agressif, que c’est une religion de paix, que « c’est pas ça, l’islam », de quel islam parle-t-on ? De l’islam majoritaire qui essaye de vivre paisiblement, et qui est la première victime de ses coreligionnaires excités ? Certes ; mais cet islam a ses textes sacrés et, comme toute religion, c’est bien sur ces textes qu’il doit être évalué (1). Il suffit de feuilleter le Coran quelques minutes pour y trouver des versets appelant explicitement à l’extermination des infidèles : « Quand vous rencontrez les infidèles, tuez-les jusqu’à en faire un grand carnage … » (Coran, 47. 4) « … Tuez les idolâtres partout où vous les trouverez, faites-les prisonniers, assiégez-les, et guettez-les dans toute embuscade ; mais s’ils se convertissent, s’ils observent la prière, s’ils font l’aumône, alors laissez-les tranquilles, car Dieu est indulgent et miséricordieux. » (Coran, 9. 5 ; voir 2. 190-191, etc.) Notons au passage que la miséricorde d’Allah ne s’applique qu’à ceux qui se sont soumis, pas aux pécheurs qui ne sont pas encore convertis …
Il n’est donc pas honnête de refuser aux islamistes la légitimité religieuse qu’ils s’attribuent pour massacrer, à la kalachnikov, au couteau ou au camion, tous ceux qu’ils estiment être infidèles à la voie indiquée par Mohammed. Leur légitimité, ils la tirent du Coran même. Et on voit bien que les autorités religieuses musulmanes sont au pire complices, au mieux gênées aux entournures par ce qui est un élément vérifiable. Sur les textes sacrés de l’islam, il n’est pas possible de distinguer (dans le but d’être religieusement correct) l’islam de l’islamisme sur cette question. Voilà pourquoi, malgré leurs condamnations de principe, les associations musulmanes sont bien timides parce que, pour être parfaitement en phase avec la réprobation publique, il faudrait qu’elles renient une partie des textes qui fondent leur foi.
En tant que protestant, de surcroît allergique aux arracheurs de versets qui ne manquent pas non plus dans nos rangs, je conçois que cette démarche est très difficile, même avec le débat théologique intra-musulman sur les versets abrogeants et les versets abrogés. Mais le problème est bien un problème scripturaire coranique et non un problème d’extrémisme islamiste.
Mais il y a pire : en islam (comme dans le catholicisme, d’ailleurs), on n’est pas assuré de son salut éternel. Or, en islam, la seule façon d’être sauvé pour l’éternité, c’est de mourir au djihad : « Ceux qui auront succombé dans le chemin de Dieu, Dieu ne fera point périr leurs œuvres. Il les dirigera et rendra leurs cœurs droits. Il les introduira dans le paradis dont il leur a parlé. » (Coran, 47. 5-7)
La question des guerres bibliques
À ces arguments, la réplique ne va pas manquer : nous savons très bien que la Bible est remplie de violence, de guerres, et même d’exterminations –pire encore : d’exterminations ordonnées par Dieu. C’est en frémissant que je cite ces paroles du livre de Josué lors de la prise de Jéricho : « Ils frappèrent d’anathème tout ce qui était dans la ville : hommes et femmes, enfants et vieillards, bœufs, moutons et ânes, ils les passèrent au fil de l’épée. » (Josué 6. 21) Certes, ça s’est passé il y a plus de trois mille ans ; certes, les Cananéens semblent avoir été des peuples d’une extrême cruauté, notamment cultuelle. Mais on aurait quelque peine à trouver moins cruelle une purification ethnico-religieuse qui n’épargne pas les enfants … Josué est certainement le livre de l’Ancien Testament qu’on aimerait exclure du canon. Mais cela ne suffirait pas : certains ont même fait des statistiques par traitement de texte pour déterminer qu’il y avait plus de versets violents dans la Bible que dans le Coran (reste à savoir si c’est en nombre absolu ou en nombre relatif, le Coran étant beaucoup plus réduit en taille que le corpus biblique).
On sait aussi que, pendant les Croisades, nos ancêtres chrétiens ont pareillement garanti le salut à ceux qui allaient combattre les infidèles en Terre sainte. Ils ont fait contre les musulmans ce que certains musulmans font aujourd’hui contre les Croisés. Retour à l’envoyeur.
Oui, tout cela est exact. Et cela pourrait donner raison à ceux qui disent que les religions sont des activateurs de violence. Et, en effet, quand on se réclame de Dieu, quand on fait retentir « Allah akhbar » comme cri de guerre juste avant d’aller se faire exploser au milieu d’un marché à Bagdad ou bien dans une église syrienne ou française, rien ne peut plus nous arrêter puisque c’est le Créateur lui-même qui cautionne notre sacrifice. Mais il faut rappeler (comme n’a pas manqué de le souligner André Comte-Sponville, philosophe incroyant) que le record de massacres a été établi par des idéologues athées : Staline, Mao, Pol Pot, entre autres. L’idée selon laquelle les religions seraient plus violentes que l’absence de religion ne tient pas la route, surtout quand on considère l’histoire sanglante du 20e siècle. Jean-Claude Guillebaud a rappelé dans Le tourment de la guerre (2) que les Russes d’aujourd’hui savent que c’est l’athéisme qui a été leur pire exterminateur.
La Bible est composée de l’Ancien et du Nouveau Testament, le premier annonçant le second, le second se réclamant du premier. Dommage pour nous, chrétiens … Car, contrairement au Coran qui dit à la fois qu’il faut se référer aux Écritures (Coran 3. 3 ; 5. 44, 46-48, 68) mais qu’elles ont été falsifiées (Coran 2. 75, etc.), le Nouveau Testament ne renie rien de l’Ancien Testament (3). Je ne vais pas me lancer dans une argumentation théologique qui prendrait beaucoup trop de place ici. Cependant, il est essentiel de rappeler que la Bible n’est pas un seul livre, mais un recueil de livres rédigés sur plus de mille ans, contrairement au Coran qui se présente d’un bloc comme parole incréée de Dieu. La différence est essentielle pour appréhender les textes. Cela posé, je me limiterai à quelques remarques parfaitement vérifiables.
Les guerres bibliques tournent essentiellement autour de la conquête de la Terre promise, puis de sa défense. Sur le plan moral, elles ne sont pas sans poser des questions difficiles, on l’a vu ; elles restent embarrassantes, malgré de fort bonnes études qui en montrent la logique liée à leur époque : impossible de les lire avec nos lunettes d’Occidentaux du 21e siècle sans faire un effort d’herméneutique. Néanmoins, le peuple juif n’a jamais cherché à convertir ses voisins, il n’a jamais cherché à se répandre au-delà des frontières que ses textes lui avaient assignées. Plus encore, la guerre n’y est pas glorifiée en tant que telle. Nous en avons un indice dans l’épisode suivant : « [David] appela Salomon, son fils, et lui ordonna de bâtir une maison pour le Seigneur, le Dieu d’Israël. David dit à Salomon : Mon fils, j’avais à cœur de bâtir une maison pour le nom du Seigneur, mon Dieu. Mais la parole du Seigneur m’est parvenue : « Tu as répandu beaucoup de sang, tu as fait de grandes guerres ; tu ne bâtiras pas une maison pour mon nom, car tu as répandu devant moi beaucoup de sang sur la terre. Il naît de toi un fils qui sera un homme de repos ; je lui accorderai le repos en le délivrant de tous les ennemis qui l’entourent : son nom sera Salomon, et j’accorderai la paix et la tranquillité à Israël pendant ses jours. » » (1 Chroniques 22. 6-9 ; Salomon signifie le Pacifique). Pourtant, les guerres menées par David étaient souvent défensives, jamais désapprouvées par Dieu, ce que montre la savoureuse formulation de Salomon dans un autre passage : « David, mon père, […] n’a pas pu bâtir une maison pour le nom du Seigneur, son Dieu, à cause de la guerre qu’on lui a faite de toutes parts … » (1 Rois 5.16). Même des circonstances extérieures poussant David à la violence lui ont valu une sanction divine. Dans la Bible, la guerre est donc considérée comme un mal, fût-il nécessaire.
Quant au Nouveau Testament, la cause est beaucoup plus simple : ni dans la personne de Jésus, ni dans les injonctions des apôtres il n’y a d’appel à la coercition ou au meurtre pour amener les gens à la conversion. Aucun. À cet égard, la vie de Saul de Tarse, Juif djihadiste qui consacrait sa vie à pourchasser les adeptes de Jésus de Nazareth et à les faire mourir, est exemplaire du retournement radical opéré par le christianisme : il devint Paul, le plus grand des apôtres, et l’ancien persécuteur mourut en martyr à Rome (voir Actes 9. 1-21).
Mais ce qui est le plus décisif, c’est que le Dieu des chrétiens s’est incarné dans le Christ crucifié – ce que les musulmans ne supportent pas parce que le Fils de Dieu ne saurait être vaincu. L’apôtre Paul a résumé ce paradoxe dans une formule toujours actuelle : « Or nous, nous proclamons un Christ crucifié, cause de chute pour les Juifs et folie pour les non-Juifs. » (1 Corinthiens 1. 23) Oui, le christianisme est la religion qui considère comme Dieu, à cause de son abaissement même (Philippiens 2. 6-11), un innocent condamné à l’instar d’un malfaiteur. À l’image de leur Sauveur, les premiers chrétiens ne furent nullement persécuteurs mais persécutés dans leur militantisme – dans leur prosélytisme. Le chrétien doit être prêt à sacrifier sa vie, mais sa vie uniquement, jamais celle des autres. Ceux qui, en des temps inquisitoriaux, ont torturé des gens pour les sauver malgré eux avaient de bien curieuses conceptions, eux dont le Sauveur était un homme torturé. Pas une ligne, pas un mot du Nouveau Testament (ni même de l’Ancien) ne justifie le massacre de ceux que l’on considère comme infidèles pour les convertir. Jésus ordonne même de les aimer jusqu’au bout, y compris quand ils veulent nous tuer (Matthieu 5. 44 ; Romains 12. 14), le jugement appartenant à Dieu seul sans qu’il ait besoin de nos petits bras armés.
Une bannière délavée
L’extrémisme chrétien n’est pas celui de Torquemada : il est celui de mère Teresa ou de Martin Luther-King, imitateurs de leur Sauveur qui a donné sa vie pour les autres.
Cependant, sur le plan doctrinal, il y a aussi une intransigeance chrétienne que l’on occulte et que j’aimerais évoquer. Quand l’Évangile selon Jean rapporte ces paroles de Jésus : « C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père sinon par moi », cela veut dire très clairement qu’il n’y a pas de voie équivalente ou de substitution à Jésus pour venir à Dieu en tant que Père (4). Cela veut dire très clairement qu’il y a un exclusivisme chrétien. Or, le passé colonial de l’Occident chrétien a induit une culpabilité par rapport à cette prétention qui, soulignons-le, ne relève pas de la civilisation occidentale mais du corpus néo-testamentaire. Et s’il y a un message à retenir des agressions que nous subissons de la part d’un certain islam, c’est que là où ses couleurs sont rouge sang, notre bannière est délavée depuis longtemps. Nous n’osons plus reprendre la proclamation inouïe de Pierre au sujet de Jésus : « Le salut ne se trouve en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les humains par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4. 12).
J’ai entendu que l’Église catholique avait donné un terrain pour l’édification de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray. L’aurait-elle fait si elle avait été convaincue de son propre message ? N’est-elle donc là que « pour assurer le son et lumière », pour reprendre l’expression du père Olivier-Marie (5) ? Estime-t-elle être réduite à un reliquat de folklore hexagonal ? Quelle cohérence y a-t-il entre le message de Jésus-Christ-Fils-de-Dieu-Sauveur et une attitude qui favorise (ce qui est différent d’accepter) l’action d’une religion dont la doctrine conteste frontalement Jésus-Christ-Fils-de-Dieu-Sauveur ? Et, par des actes de charité molle tels que le don de ce terrain, n’attirons-nous pas sur le christianisme un mépris peut-être … mérité ?
On peut très bien vouloir sortir de la confusion sans vouloir exacerber les conflits. D’ailleurs, la confusion n’apaise pas les conflits : elle les couve, et c’est ce à quoi nous assistons. Pour que les choses soient bien claires, le citoyen chrétien que je suis n’a aucun problème à réclamer la liberté de culte pour l’islam (dans les conditions définies pour nous tous par la loi de 1905), mais il n’ira pas lui servir la soupe en accordant des facilités au culte musulman (6).
Intégrisme et intégrité
Non, toutes les religions ne se valent pas. Elles ne sont pas interchangeables. J’ai le droit d’être chrétien, on a le droit d’être musulman. Si je croyais que les religions étaient équivalentes, je serais bahaï. Et si cette équivalence était une réalité, on se demande pourquoi les trois monothéismes (pour s’en tenir à eux), juif, chrétien et musulman, n’auraient pas fusionné (quoique, en théologie chrétienne, tout chrétien soit nécessairement un judéo-chrétien ; voir ci-dessus). On peut avoir de l’estime réciproque, on peut dialoguer et même, on le doit. Mais un vrai dialogue ne peut se mener que dans l’honnêteté. Honnêteté par rapport à la religion de l’autre. Honnêteté par rapport à sa propre religion. Or, tant que l’islam n’écoutera pas les quelques courageux imams, intellectuels, philosophes musulmans qui sont bien isolés dans leur démarche d’appel au réexamen des textes coraniques, on enverra encore des petites filles se faire exploser sur les marchés du Nigeria, on enverra encore des fanatiques ravager un aéroport turc, on enverra encore des délinquants qui se savent spirituellement perdus dans une salle de spectacle ou dans une église chrétienne pour y marchander leur salut éternel contre un paquet de dynamite ou un couteau ensanglanté.
Nous devons chacun savoir qui nous sommes et qui est l’autre. Faire la vérité sur nous-mêmes, et la faire sur les autres. « Le nationalisme, c’est la guerre », disait François Mitterrand. Le nationalisme, mais pas la nation. De même, on peut dire que l’intégrisme religieux, c’est la guerre. L’intégrisme, mais pas l’intégrité, pas la fidélité à ce que l’on professe et à ce que l’on vit à partir de ses convictions de foi. Quand celles-ci nous portent véritablement, elles nous libèrent de la peur et contribuent, ipso facto, à dégonfler notre agressivité. Les extrémistes politiques ou religieux sont à la fois des ignorants et des trouillards. Il faut les combattre par l’instruction alliée à la force de conviction. Lire la Bible, lire le Coran, et savoir ce que l’on croit et pourquoi on le croit.
(Illustration : la prise de Jéricho par Jean Fouquet, vers 1470-75, pour illustrer les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe)
(1) Sinon, c’est comme si on définissait le christianisme à partir de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, ou bien à partir de la Sécurité Sociale, qu’il a largement inspirées, mais auxquelles il ne peut pas être assimilé.
(3) On ne peut pas en dire autant du Coran par rapport aux deux Testaments. Si l’on voulait soutenir, comme le pasteur Georges Tartar, que, à strictement parler, « nulle part dans le Coran il n’est dit que la Bible a été falsifiée » (Cahiers Évangile-Islam, avril 1987), c’est pourtant ce qui ressort de la lecture du Coran puisque les textes bibliques qui y sont repris sont déformés, amputés ou complétés, et que la doctrine, notamment celle qui est relative à la personne et à la mission de Jésus, est complètement démantibulée et contestée en son cœur même. Rien n’aurait empêché le Coran de réhabiliter la Torah et l’Évangile s’il les estimait falsifiés ! Et cela serait vérifiable par la concordance des textes et des doctrines.
(4) Peut-être vient-on à Dieu par d’autres voies, mais le texte dit au Père. Voir Philippe Malidor, Les rencontres de Jésus dans l’Évangile de Jean, p.79-81. Éditions Paroles, CH-2022 Bevaix, 1999.
(5) Lire son savoureux Curé de campagne, Arléa, 2001.
(6) Et il exigera que, dans les pays musulmans dont les potentats financent chez nous des mosquées et nous achètent armes et hôtels particuliers, la liberté de religion soit accordée aux chrétiens. On voit d’ici l’inégalité de traitement …
Commentaires
Jean-Paul Dunand (30 juillet 2016)
Bonjour,
Un grand merci à vous d’avoir publié un article qui apporte de la clarté là où la confusion épaissit un peu plus les ténèbres du fanatisme musulman en leur permettant de gagner les commentaires et analyses. Car il faut dépasser l’émotion – que je partage avec tous – afin de distinguer et encore distinguer.
L’État est laïque mais les citoyens ne le sont pas. Pour le premier toutes les religions se valent. Pour les seconds, qu’ils soient majoritairement chrétiens (catholiques, protestants et orthodoxes), juifs ou athées (c’est-à-dire en France opposés au christianisme) et dernièrement musulmans, il y a d’importantes différences.
C’est pourquoi la laïcité sera toujours une arme inappropriée pour lutter contre le fanatisme. Par définition non-discriminante, la laïcité restreindra davantage l’exercice paisible des cultes majoritaires sans problèmes (cf. l’offensive stupide contre les crèches et arbres de Noël) qu’elle ne contiendra le débordement, tantôt violent tantôt insidieux, dans l’espace public d’un culte minoritaire à vocation totalitaire.
Les victimes sont des victimes et les coupables des coupables. Qu’il y ait quelques musulmans parmi les victimes ne rend pas moins odieuse la motivation islamique revendiquée des auteurs d’attentats ayant fait 240 morts en France en 18 mois. Tous les musulmans ne sont pas terroristes, bien sûr, mais tous les terroristes sont musulmans. Parmi eux pas d’Isidore Dupont mais des Mohammed y compris quand ils sont des convertis non issus de l’immigration.
Il y a le judaïsme et le christianisme d’une part et la religion de Mahomet d’autre part. Un Alain Besançon, un Jacques Ellul ont dénoncé à juste raison la prétendue similitude des 3 religions monothéistes.
En définitive – oui Philippe Malidor – la théologie et l’histoire éclairée par celle-ci seront la meilleure arme contre le fanatisme mortifère. Chrétien réformé évangélique, je n’ai aucune admiration pour la religion de Mahomet, je déplore que tant d’hommes de par le monde soient victimes de ses mensonges issus de son mensonge fondateur : le Coran rectifierait une Écriture sainte falsifiée. Ce mensonge ne nie pas seulement frontalement la foi judéo-chrétienne, il délégitime toute la culture occidentale. Les Arabes que nous croisons sont à aimer en tant que prochains, pas comme adeptes de l’islam. Quand, Dieu voulant, ils répondent à l’annonce de l’Évangile, ils deviennent des frères dont la foi en Jésus-Christ a purifié leur culture comme elle peut purifier la nôtre des éléments païens qui l’ont envahie.
Un dernier mot, last but not least à propos de votre phrase « quoique, en théologie chrétienne, tout chrétien soit nécessairement un judéo-chrétien ». Amen ! Le Dieu que nous adorons, créateur de l’univers et maître de l’histoire est le « Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob », c’est-à-dire le Dieu qui s’est révélé à Israël au bénéfice de toutes les nations. Et le Messie (Christ) devant qui nous fléchissons le genou avec une infinie gratitude est « la gloire d’Israël son peuple ».
Bousser (2 août 2016)
J’aime bien cette position éclairée et étayée de Malidor … qui situe clairement les fondements du chrétien versus le charabia vindicatif de l’islam multiple …
Philippe Malidor (en réponse à Bousser, 2 août 2016)
Merci pour votre appréciation. Je voudrais juste rectifier l’expression de « charabia vindicatif ». D’une part, tous les musulmans ne sont pas vindicatifs, loin s’en faut. Ensuite, tous ne donnent pas dans le charabia : il y a des propos extrêmement clairs et positifs (par exemple Abdennour Bidar), d’autres extrêmement clairs et mortifères, la propagande de Daech.
J’ajouterai que nous, chrétiens, et singulièrement les protestants multiples (chez nous, on dit pluriels), ne brillons pas par la clarté et la cohérence de nos positions publiques. Comment un musulman peut-il s’y retrouver entre un théologien qui chante les louanges de l’islam en y voyant une parenté étroite avec le christianisme, et ce pasteur américain qui brûla publiquement un Coran?
C’est pourquoi je concluais en disant que chacun doit faire un effort de connaissance des autres et de connaissance de soi.
Christian Blin (2 août 2016)
On lit des slogans sur l’islam « religion de paix » qui affichent l’inculture de leurs auteurs, car ils montrent leur ignorance de la diversité irréductible en islam qui invite à la plus grande prudence. Diversité entre l’islam classique et le salafisme ; diversité culturelle entre les pays d’Asie et les pays arabes ; division entre sunnites et chiites qui atteint des sommets ; un jihad perçu soit comme une obligation individuelle, soit collective, et dans l’extériorité, dans la violence, ou bien dans l’intériorité comme dans le soufisme où il s’agit d’ascèse et de travail sur soi.
Au sujet du problème scripturaire, précisons que le Coran comme livre est difficilement compréhensible, désordonné, avec répétitions et contradictions. On en extrait ce qu’on veut y trouver. Il n’y a pas d’autre lecture qu’interprétative et on peut en faire au choix un usage violent ou non-violent. De plus, il y a les milliers de hadiths utilisés dans la pratique de l’islam.
S’il y a différents islams, certains seraient plus légitimes que d’autres, et c’est leur crise interne, entre sunnites et chiites, entre les modernisateurs et les traditionalistes.
Le fond culturel occidental, lui, fait qualifier les traditionalistes de gens rétrogrades qui mèneraient un combat désespéré d’arrière-garde. Les modernisateurs seraient les bons et les pacifiques qui rassurent. Et quelle est la réalité ? Moderniser l’islam traditionnel, cause de la décadence de la civilisation arabo-musulmane, serait soit l’occidentaliser, soit revenir aux sources. Le salafisme est un retour aux origines, c’est nettoyer l’islam du poids des traditions, c’est le réformer. Mais c’est un islam idéal qui ne sait plus faire cohabiter des peuples et des religions, qui ne sait plus que le réel exige des compromis avec la pureté. Le salafisme est un islam pur vécu dans l’oumma. C’est un islam dans l’illusion du littéralisme et du retour au passé mythique.
De quel droit désignerons-nous le bon islam comme étant celui que nous souhaitons ? La réforme de l’islam attendue ici dans certains discours ne serait-elle pas déjà réalisée ? Le salafisme est-il un mouvement rétrograde, ou bien un mouvement moderne de réaction à la modernité ? On veut un islam modéré mais personne ne veut être modéré, et Philippe Malidor le souligne bien en parlant d’intégrité. Un chrétien dira-t-il que sa foi est modérée ? On voudrait que les musulmans soient modérément musulmans ? Rien n’est moins sûr que cela survienne … Par contre, ce que je voudrais voir proposer en islam, c’est un modèle intelligent de radicalité spirituelle, qui elle pourrait être reçue par bon nombre tenté par le salafisme. La condition serait que notre société soit elle-même fidèle à ses origines et un modèle spirituel, car une « bannière délavée » en rien n’inspire le respect.
Philippe Malidor (en réponse à Christian Blin, le 3 août 2016)
Merci à Christian Blin pour ses intéressantes remarques.
Jean Gautier (4 août 2016)
J’ai trouvé le texte de Philippe Malidor très convaincant.
Mais vous n’abordez pas la question, difficile, de l’interprétation des textes sacrés (Coran ou Bible).
Pour le Coran ( comme pour l’Ancien Testament), il y a tout d’abord une question de traduction de l’arabe en français. Première difficulté.
Doit-on rester au sens littéral du texte ? Je ne sais plus où j’ai lu que le djihad, la guerre sainte pouvait être compris comme lutte à l’intérieur de l’homme lui-même …
Il serait intéressant d’avoir les réactions de musulmans savants connaissant le Coran à votre point de vue sur les phrases du Coran que vous citez.
Merci
Maria Istoc (6 août 2016)
Il serait sans doute utile de lire Rémi Brague au sujet de l’Islam religion de Paix, et sur la Bible et le Coran. Il est un vrai connaisseur et avec lui on n’est pas ni dans la démagogie, ni dans la propagande.
(à propos de « Cependant, sur le plan doctrinal, il y a aussi une intransigeance chrétienne que l’on occulte et que j’aimerais évoquer … ») Veut on justifier la violence islamiste d’aujourd’hui ? Vingt ans après son apparition, l’Islam est devenu la plus violente des religion et depuis quatorze siècles, ils ne cessent pas de le prouver.
En ce qui concerne les Croisades vous vous encadrez dans le politiquement correct. Pourquoi les Croisades ? Parce qu’ils ont envahi d’abord Jérusalem et l’Asie Mineure. Les Occidentaux ne sont pas allés faire les Croisades par manque d’occupation. L’historien français Jacques Heers, et il n’est pas le seul, écrit que les Croisades n’étaient rien d’autre que des Reconquistas. Donc tout cela n’est pas exact. Là encore, vous suivez le politiquement correct et pas la vraie histoire.
Je pense que notre devoir en tant que chrétiens est de nous informer avant de suivre des clichés qui ne correspondent pas à la vraie histoire.
Et oui, vous avez raison, comme l’a bien dit Jacques Ellul, chaque fois que le christianisme a commis de la violence, il est allé contre l’enseignement de la Bible alors que chaque fois que l’islam commet de la violence, il suit l’enseignement du Coran. Je vais rappeler à cette occasion que Mircea Eliade, grand historien des religions, ne parle pas de Mahomet comme un grand leader religieux mais comme un guerrier de génie.
L’association que vous faites avec le catholicisme est plutôt regrettable. Il n’y a pas de comparaison. Et je pense qu’on pourrait ajouter au modèle chrétien au moins l’abbé Pierre, les Moines de Tibehirine, Raoul Follereau et je pourrais continuer. Il y a donc même des Français.
(…) Oui, vous avez raison : le dialogue ne peut pas avoir lieu que dans l’honnêteté, surtout l’honnêteté vis à vis de la vérité (…) Pour la dernière partie, je me permets de suggérer à nouveau la lecture de Rémi Brague, le livre intitulé Du Dieu des chrétiens et d’un ou deux autres, qui dans les deux premiers chapitres parle justement des clichés tel que les trois monothéismes, les religions du livre, le même Dieu.
Nous vivons dans un monde où la désinformation fait bien son boulot. Notre devoir est de nous informer et de ne pas suivre des clichés.
Philippe Malidor (en réponse à Maria Istoc, 20 août 2016)
Je suis tout de même étonné d’être considéré comme politiquement correct. Si c’est parce que je désapprouve les Croisades, l’analyse est un peu courte. Jésus n’a-t-il pas dit que son Royaume n’est pas de ce monde ? Aussi, quel besoin avait-on d’aller délivrer le tombeau du Christ dont les Romains avaient depuis longtemps fait table rase ? Il faudrait d’ailleurs s’interroger sur le soin qu’a mis notre Dieu à faire disparaître, au fil de l’Histoire, les lieux de pèlerinage et les reliques, jusqu’au Temple lui-même dont il avait annoncé qu’il ne resterait pas pierre sur pierre.
Jésus ne nous a pas demandé de protéger son tombeau mais de le faire vivre dans nos cœurs. Dire cela, c’est mesurer l’écart qu’il y a entre la chrétienté et le christianisme.
Jean-Luc B (7 août 2016)
Bon article qui pose bien certaines bases indispensables à un éventuel dialogue entre les musulmans et le reste de la planète. Il y a effectivement, comme dans tous les textes sacrés historiques, des problèmes d’interprétation rarement reconnus. Et contrairement à ce que raconte le discours consensuel actuel, les musulmans ne sont pas libres d’interpréter le Coran comme ils l’entendent. Ça peut même leur coûter la vie ! Lire à ce sujet l’intéressante histoire de Mahmoud Mouhammad Taha qui a été pendu pour apostasie en 1985 pour avoir proposé une lecture pacifiste du Coran.
Tout ce site est intéressant concernant les différentes interprétations possible. Il diffuse également la seule version chronologique du Coran, ce qui permet de bien différentier la période mecquoise de la période médinoise.
Philippe Malidor (en réponse à Jean-Luc B, 22 août 2016)
Merci pour ce lien fort intéressant. Reste à savoir si le Coran se prête à la notion de révélation progressive qui est tout à fait possible avec la Bible. Le débat est ouvert.
Jean-Luc B (en réponse à Philippe Malidor, 24 août 2016)
Le concept de révélation progressive est toujours en débat chez les chrétiens, cependant depuis quelques temps on ne se massacre plus au sujet des débats théologiques. Mais dans le Coran, il y a tellement de choses contradictoires que les théologiens musulmans ont pour une grande partie d’entre eux adopté le principe d’abrogation qui considère que le texte le plus récent abroge celui, plus ancien, qui le contredirait. Au delà du fait que la perfection de cet écrit descendu du ciel en prend un coup, il est souvent ignoré que ce principe d’abrogation, reconnu actuellement dans les grandes universités musulmanes, annule la plupart des textes tolérants de la période mecquoise pour ne garder que les textes violents et contraignants de la période médinoise. C’est de là que vient la grande difficulté des musulmans modérés à prendre position contre les excès des islamistes actuels, car cette lecture de leurs textes rend les violences acceptables et même légitimes pour employer leur langage religieux.
En fait, peu de musulmans instruits osent aller contre cette forme de lecture. Et s’il le font, même en France, ils doivent vivre sous protection policière.
Néanmoins, il ne faudrait pas oublier qu’il a fallut 5 siècles à la chrétienté pour que les différentes lectures de la Bible admises aujourd’hui ne se terminent plus par des mises au cachots, aux galères ou sur des bûchers. Prendre du recul et débattre par rapport aux textes sacrés s’est fait dans le sang et les larmes au travers de plusieurs siècles et je ne pense pas que ça se passera autrement chez les musulmans.
Pour l’exemple, les juifs considèrent la Torah comme un livre historique, mais le Christ apporte un autre regard en parlant de ce même texte comme d’un livre prophétique dont pas une lettre ne disparaîtra avant son plein accomplissement. Ce regard différent sur un même texte va séparer le judaïsme du christianisme. Mais remarquons que ces deux mouvements religieux n’ont rien dans leurs écrits qui justifierait la conquête du monde par les armes pour diffuser leur foi. Or le Coran, lu avec le principe d’abrogation actuellement employé, a cette ambition très clairement affichée dans ses pages de soumettre par la force le monde entier à Allah.
Jean-François Akar (9 août 2016)
Merci à Philippe pour son analyse. Un ancien haut fonctionnaire et élu peut-il y apporter une contribution théologique et pratique ?
Le langage médiatique confond religion, idéologie et foi chrétienne. Cela doit dater de l’édit de Milan par lequel Théodose nationalisait l’ Eglise en la mettant sous sa protection avec, en échange, un monopole comme religion d’État. Exactement contraire à ce que disait Jésus en distinguant Dieu et César, et en excluant la force pour faire avancer le monde nouveau né avec lui (« Remets ton épée au fourreau »). Il aura fallu à l’Occident des siècles de guerres et de réflexion pour arriver à la laïcité telle que vécue sur les deux bords de l’ Atlantique. Et qui est seule conforme à l’enseignement des évangiles et de la Bible.
Car toute religion/idéologie d’État est tyrannique et meurtrière : le 20e siècle le montre, et le 21e avec l’islamisme le confirme. Qu’étaient nazisme et communisme sinon des religions visant à construire un monde nouveau faisant du passé table rase pour établir le paradis sur la terre ? Avec la violence comme praxis bien-sûr. Beaucoup de nos intellectuels et pasteurs y ont vu des avatars de l’évangile au service des humbles (des prolétaires, des nations, etc …). Beaucoup continuent à voir dans l’islamisme la réaction d’humiliés et de pauvres contre l’Occident. Ils ont mauvaise conscience de la richesse relative de nos sociétés, née depuis, justement, la Réforme puisqu’avant, l’Europe n’était pas en avance sur le reste du monde oriental et asiatique. Ont-ils aussi honte de leur foi ?
Toutes les religions d’État ont en commun de dire que la liberté de conscience et de culte, entendue comme liberté de chacun, est une erreur funeste ou plutôt un délire (Clément XIII dans Mirari Vos), propos répétés dans des termes semblables par les conférences islamiques du Caire en 1990 et de Casablanca en 2006 ; et par le régime soviétique affirmant le caractère insurpassable du marxisme, et par Hitler avec son Reich de 1000 ans … Mais Rome s’est réformée en 1962, béni soit Jean XXIII, et le témoignage chrétien s’en trouve purifié ! Pour l’Islam, c’est à venir.
Alors, il est absurde pour un chrétien de vouloir faire une place, comme on dit, à l’islam dans la république laïque bâtie depuis 111 ans (contre la doctrine romaine de l’époque, il faut le rappeler). Elle est le moins mauvais des régimes pour assurer notre liberté, et il faut rappeler que lorsque l’Église parle de Jésus sauveur, elle veut dire libérateur. C’est ce mot qu’il faudra retenir dans nos déclarations de foi pour nous faire comprendre du monde moderne où addictions et dictatures sont la réalité commune. La soumission est le contraire de la foi en Jésus ressuscité, vraiment ressuscité. Cette folie qui a valu à Paul de faire rire à Athènes devrait nous faire appréhender la science et les religions comme d’autres dieux païens ainsi que le proclame Jacques Ellul. Du moins si nous sommes logiques et non pas idiots comme les Galates. Et c’est pourquoi le monde nous hait. Vive la République qui nous permet de vivre libres.
Jean Gautier (9 août 2016)
Merci à Jean-Luc B pour le site qu’il donne en référence.
C’est vrai que la version chronologique du Coran (sourates de La Mecque puis sourates de Médine) permet de distinguer une partie religieuse de l’Islam et une partie politique. On comprend bien l’intérêt pratique que peut représenter cette distinction dans la période actuelle.
Mais qui reconnaît cette version du Coran ?
Merci aussi à Maria Istoc pour sa référence à Rémi Brague qui est en effet très utile sur cette question, je pense.
Charles Nicolas (8 septembre 2016)
Mes remarques sont suscitées par le titre de l’article : Pour lutter contre le fanatisme, la théologie. Je ne suis pas contre. Mais je crains que ce titre soit entendu par plusieurs comme encourageant les « bannières délavées ». Je crains que, dans l’esprit des chrétiens modernistes comme dans celui des gouvernants, la théologie soit perçue comme devant être éclairée (secourue) par les sciences humaines quitte à faire du texte sacré un simple lieu de fouilles archéologiques. Quand j’entends le ministre de l’Intérieur appeler de ses vœux « des imams érudits et ouverts », on peut se demander à partir de quels critères. Faudrait-il, par exemple, être favorable à la bénédiction des couples homosexuels pour être perçu comme ouvert ? Quand j’entends Jean-Pierre Chevènement préconiser que dans l’espace public, les religions « s’expriment de manière raisonnée et non par étalage de leurs révélations particulières », quand il en appelle à « la lumière de la raison naturelle » et annonce qu’il « peut y avoir une interprétation rationaliste (sic) du Coran », je me demande s’il n’arme pas, sans le vouloir, le bras des croyants fanatiques …
La théologie peut, si elle est sainement pratiquée, aider à lutter contre l’extrémisme. Mais nul besoin pour cela qu’elle devienne servante de la sociologie ou de la psychanalyse comme le voudrait (généralement) le schéma universitaire préconisé parfois.
Je rejoins la perplexité de Philippe Malidor quand j’entends des imams annoncer publiquement que la priorité, pour eux, c’est la citoyenneté républicaine. Qu’ils disent que cela est pour eux un défi et un objectif d’éducation, je peux l’entendre. Mais qu’ils en parlent comme d’une priorité, quasiment d’une finalité, cela crée en moi un doute. Je m’interroge sur la réalité de cette fameuse taggiya, autorisation de ne pas dire la vérité aux non Musulmans …
Enfin, je voudrais mentionner le texte d’une conférence donnée en 1849 par le célèbre pasteur Adolphe Monod, intitulée : Exclusivisme. Il y démontre, comme le suggère Philippe Malidor, que le remède à l’extrémisme n’est pas le relativisme préconisé si souvent. Je cite une phrase de la partie conclusive de l’article : « Reste à fixer la limite que notre largeur doit atteindre et qu’elle ne doit pas dépasser, les enseignements de l’Ecriture, les points capitaux en dehors desquels il n’est plus de christianisme, comme il y a dans le corps humain des parties vitales sans lesquelles la vie ne se conçoit plus ».
Philippe Malidor (en réponse à Charles Nicolas, 8 septembre 2016)
Sur Chevènement, je partage tes restrictions (la Raison ne mérite pas le Temple que les révolutionnaires lui avaient consacré), mais dans son rôle de représentant de l’État laïc, je trouve que son positionnement est plutôt bien. Il a énoncé une conception de la laïcité qui m’a semblé identique à celle définie par la FPF et par l’ensemble des protestants.
Il a précisé sur France Inter que la partie religieuse relevait des imams. C’est très bien, sauf que, comme pour nous, la frontière entre le spirituel et le rôle de citoyen n’est pas étanche. Et en islam encore moins ! Donc : l’idée générale est bonne, mais la mise en application (on l’a vu quand il a fallu scinder l’Armée du Salut) est plus difficile. On verra si l’islam en France acceptera d’être l’islam de France, et si ça cadre avec la notion d’umma qui est supranationale …
Nicolas Ciarapica (8 septembre 2016)
Bravo Philippe pour ton courage, ton analyse calme et ton ton mesuré.
Uni dans le combat pour la Vérité.
Patrick Vauclair (15 septembre 2016)
Excellent article. Une analyse posée et sans langue de bois qui doit résonner dans nos églises.
Sophia (28 septembre 2016)
Alors votez les amis.
Philippe Malidor (en réponse à Sophia, 28 septembre 2016)
C’est fait. Cela dit, votre texte aurait pu être plus concis et un peu mieux mis en forme, mais il est évident que nous sommes sur la même longueur d’ondes. J’encourage nos lecteurs à aller signer.
Amicalement
Alain Hilbold (27 juillet 2017)
Bonjour,
Je voudrais juste dire que ce n’est pas Dieu qui mène les guerres mais souvent des hommes qui, sous couvert de foi, mènent des guerres pour leur pouvoir propre.
Les guerres menées au nom du christianisme ou de la chrétienté auront fait si peu de morts par rapport au deux grandes guerres du 20e siècle, qui sont des guerres idéologiques païennes et non chrétiennes. Par exemple, le roi soit-disant soleil a lui mené des guerres pour rétablir la vraie foi, quelle ignorance car il a vraiment mal lu le Nouveau Testament comme d’ailleurs les inquisiteurs et leurs semblables. Dieu est amour et non tuerie. Je le regrette profondément. Étant protestant, je ne porte guère ce roi dans mon cœur, surtout à cause des tueries envers les Camisards.