Notre-Dame: malaise dans la précipitation
« Ces élites politiques et économiques ne veulent pas de l’émergence de cette société du deuil, des pertes et de la vulnérabilité assumées car ce serait prendre conscience des liens qui nous unissent les uns aux autres. Or pour eux, les autres ne sont fondamentalement que variables d’ajustement, personnels surnuméraires, facteurs de production. Objets qu’on manipule et non personnes avec qui on se lie. Les pierres précieuses avant les pierres vivantes. »
« Pourquoi ce sentiment de malaise », se demande Stéphane Lavignotte « face aux réactions des élites du pouvoir politique et économique à l’incendie de Notre-Dame ? » Peut-être d’abord à cause du malaise de Jésus face au temple et à ce qu’en font les croyants de son époque : « Comme tous les croyants contents d’eux-mêmes dénoncés par les prophètes de l’Ancien testament comme par le Jésus du Nouveau », « ils sont généreux pour les offrandes au temple mais dans leurs activités de tous les jours, ils multiplient l’injustice ». Le malaise peut tenir aussi à la « précipitation à vouloir reconstruire, à sortir le chéquier, à donner un calendrier, à faire des réunions » comme pour « empêcher l’émergence d’une société qui apprenne à vivre avec ses deuils et ses pertes », une société qui apprend et assume sa vulnérabilité.
19 avril 2019