Municipales 2020 : les partis politiques, invisibles et omniprésents - Forum protestant

Municipales 2020 : les partis politiques, invisibles et omniprésents

 

«On observe une très grande variété de situations locales qui font songer à la configuration électorale éclatée des années 1960. Les alliances électorales, à la géométrie très variable, sont très différenciées d’une ville à l’autre, tant à gauche, à droite qu’autour de la République en Marche. On observe ainsi une forme de dénationalisation de la vie politique locale. Les partis sont souples : ils autorisent des alliances très variables selon les villes. Elles s’expliquent largement par l’affaiblissement des partis et leur balkanisation. Les partis nationaux ne semblent plus avoir guère de prise sur des alliances qui s’opèrent essentiellement en fonction de logiques locales et des spécificités territoriales. Localement, les organisations sont trop faibles et anémiées pour constituer des listes seules.»

Si les dernières élections municipales ont été marquées «par un brouillage inédit des repères politiques et des alliances électorales dont les périmètres sont très variables d’une configuration locale à l’autre», Rémi Lefebvre note que «les partis politiques n’ont pourtant pas déserté la sphère politique municipale. Bien au contraire. À y regarder de plus près, ils sont omniprésents». Mais, de l’extrême droite à l’extrême gauche, ils ont tenu compte de la «défiance très forte» envers eux et leurs candidats ont la plupart occulté «leur appartenance à une organisation» dans «un contexte politique toujours marqué par la déstructuration et la décomposition consécutives au cycle électoral de 2017». Les doubles investitures se sont multipliées ainsi que les alliances à géométrie variable, accentuant ce «brouillage» de l’offre politique. Lorsqu’on examine la composition des listes citoyennes dans les grandes villes, on s’aperçoit qu’elles «sont de fait le plus souvent hybrides (mi-citoyennes, mi-partisanes). Le principe du «50-50» s’impose: moitié de citoyens engagés (hors des partis) ou profanes, moitié issus des partis selon un dosage complexe et objet de longues négociations» avec des têtes de liste qui «sont souvent des professionnels de la politique ou des élus aguerris». Car «le réalisme électoral impose de s’appuyer sur les partis pour rassembler, être crédible, bénéficier de certaines ressources (savoir-faire électoraux, financement, notoriété, expérience…)». Bref, «invisibles mais omniprésents, les partis politiques n’ont donc pas disparu de la scène municipale».

(23 juin 2020)