Les spécificités territoriales, grandes oubliées de l’analyse de la crise
« On le voit, plutôt que de commenter de façon passive, l’impact du virus entre les pays, sans réelle rigueur scientifique, l’urgence doit être d’approfondir, à l’échelle d’un même pays les enquêtes de proximité à l’échelle de « territoires de vie », lesquelles reflètent beaucoup mieux les bonnes pratiques pour lutter contre le virus et ainsi pouvoir les appliquer sur d’autres territoires, notamment dans la phase délicate du dé-confinement qui interviendra… alors que le virus sera toujours actif. »
Contestant le bien fondé des comparaisons nationales en ce qui concerne l’impact du Covid-19 et ce qu’on en tire comme analyses sur les différents systèmes de santé, le professeur de comptabilité et contrôle de gestion au CNAM Laurent Cappelletti estime que « de telles comparaisons occultent l’extrême diversité des situations locales observées à l’échelle des pays. Elles supposent que le « territoire national » a un lien de causalité directe avec l’impact du virus. » Ceci alors que « ce lien n’a pas de fondement scientifique bien établi, puisque sa propagation procède d’une logique de proximité territoriale (liée notamment à la densité de population, son impact en fonction de l’âge, la discipline sanitaire…) et qu’elle concerne les mêmes êtres humains, sans lien rationnel avec la nationalité des individus concernés. » Rien qu’en France, on est frappé par la différence entre ce qui se passe à l’ouest et à l’est « d’une ligne Montpellier – Caen », l’ouest ne comptant à la mi-avril que 10 % des hospitalisations et décès observés. Or le système de santé est le même de part et d’autre. La « multitude de paramètres interdépendants » pouvant expliquer cette différence est pour l’heure trop complexe à analyser pour tirer des conclusions mais une première piste serait de « de rechercher les causes de naissance d’un cluster » puisque c’est leur absence à l’ouest avant le confinement qui pourrait l’avoir provoquée.
(17 avril 2020)