« Le rapport de force entre éditeurs et annonceurs s’est inversé »
« Pendant très longtemps, la presse a été la seule bénéficiaire des revenus publicitaires, car il n’y avait pas de publicité à la télévision jusqu’en 1968. La presse a joué de tout son poids et de toute son influence pour empêcher les autres médias d’accaparer ce qu’elle considérait être ses revenus publicitaires. Lorsque ces contraintes ont disparu, les annonceurs ont eu envie de se libérer de ces contraintes. »
Dans ce long entretien, le spécialiste des médias Alan Ouakrat (professeur à Paris III) analyse en détail les évolutions à court terme (automatisation de la publicité en ligne, passage de l’internet sur mobile, RGPD) et à long terme (perte de pouvoir historique des éditeurs de presse face aux annonceurs) du marché et des rapports entre publicité, diffuseurs et grand public. Il pointe à la fois les difficultés et les hypocrisies des différents acteurs et souligne les enjeux du commerce des données personnelles. Face à des annonceurs désormais tout puissants et qui n’ont jamais aussi bien pu cibler leur public, les diffuseurs sont aujourd’hui divisés : d’un côté des plateformes numériques et des réseaux sociaux qui absorbent presque tout le temps de connexion mais ont toujours besoin de contenus qu’elles sont réticentes à produire ou à payer, de l’autre des éditeurs qui soit font le choix du tout payant pour conserver une autonomie face aux annonceurs mais se limitent alors aux catégories les plus aisées, soit restent dans le gratuit mais se voient alors forcés de baisser en qualité, ce qui finit par faire fuir les annonceurs …
9 juillet 2018