Le cadeau des entrepreneurs à la France
Un cadeau collectif de plus de 10 milliards d’euros : c’est la recette supplémentaire engrangée par l’État (et donc la collectivité) en 2016 grâce aux 200 000 emplois marchands de plus créés par les entrepreneurs individuels ou les patrons-employeurs.
Information du mois dernier : la France a créé en 2016 200 000 emplois marchands nets supplémentaires. Ce chiffre nous parait sujet à caution et de toute façon une goutte d’eau dans un désert puisque nous avons 6 millions de chômeurs véritables (1) , dont plus d’un million supplémentaire depuis le début du dernier quinquennat. Il est cependant intéressant de se pencher sur les conséquences en chaine de cette amélioration, faible pourtant, sur les grands équilibres (budget, dette, déficit de l’État). Cela donne en effet une idée stupéfiante de ce que serait l’état de notre pays si nous avions 6 millions d’emplois marchands de plus, au même niveau que le Royaume-Uni et l’Allemagne (2).
De la nécessité des emplois marchands
Un emploi marchand est un emploi créé par la société civile par opposition à l’État, et qui va cotiser et remplir la lessiveuse nationale (3), tout le contraire d’un emploi public qui lui va la vider. Il correspond fondamentalement à la création d’un produit ou d’un service qui sera acheté par un client qui a décidé de dépenser tout ou partie de ce que la collectivité et /ou l’État lui laisse de son salaire pour se le procurer de son plein gré. Il s’agit en fait du total des emplois privés ainsi que des emplois marchands des entreprises publiques.
Ce que rapportent ces nouveaux emplois marchands : un résultat ébouriffant
Livrons-nous maintenant à un petit exercice d’arithmétique : je partirais de l’exemple étudié dans l’article cité ci-dessus, lequel correspond à peu près à la moyenne des revenus marchands français en 2016. Dans ce cas, le salarié marchand était rémunéré à hauteur d’un salaire brut de 3 200 euros par mois ; il ne touchait en fait en net que 2 320 euros et coûtait à son entreprise 4 840 euros. L’écart entre ces deux derniers chiffres, 2 520 euros, est en fait la somme des cotisations sociales tant salariales que patronales qui vont aller alimenter la machine collective de l’État, nationale, locale, ou hospitalière, pour simplifier, mais qui correspondent bien à l’ensemble des dépenses collectives à financer.
200 000 emplois multipliés par 2 520 euros par emploi multiplié par 13 mois = un peu plus de 6,5 milliards d’euros de recettes supplémentaires inespérées !
À cela il faudrait ajouter : le chômage (ou les aides) qui n’est plus à payer pour ces gens qui ont trouvé un emploi. Si leur indemnité est d’environ 50 % de leur salaire net : 2 320 × 50 % × 200 000 × 13 = un peu plus de 3 milliards d’euros ! Serait à rajouter la fin d’un certain nombre d’autres aides ponctuelles sociales, factures EDF, transports, communes, etc.
De plus, ces travailleurs, désormais remis en selle, vont au minimum redevenir éligibles à l’lRPP. On peut approximer qu’ils paieront au moins 14 % sur 10 000 euros environ, soit la 2e tranche minorée = 1 400 euros × 200 000 = 280 millions d’euros ! Seraient à rajouter les fins d’exonération de taxes locales et autres aménagements sociaux liés.
Pour être complet sinon exhaustif, il faudrait tenir compte encore de leur consommation supplémentaire, laquelle rapporterait environ 20 % de TVA. Ce n’est pas rien : à la louche, c’est le revenu supplémentaire du salarié par rapport à son indemnité de chômage multiplié par 20 % soit environ 600 millions d’euros (20 % des 3 milliards de revenus distribués en plus) !
C’est donc un cadeau collectif de plus de 10 milliards d’euros, soit une recette supplémentaire de 3 % par rapport à celles engrangées par l’État en 2016, que les entrepreneurs individuels ou les patrons-employeurs ont fait en 2016 à la collectivité en créant 200 000 emplois marchands de plus.
En étendant ce calcul à nos 6 millions d’emplois marchands manquants, cela fait donc 300 milliards de plus de recettes fiscales supplémentaires que l’on aurait si seulement l’État encourageait enfin un système favorable à la création d’emplois, c’est-à-dire aux entreprises et aux personnes raisonnablement susceptibles de les créer. Il n’y aurait plus aucun déficit et l’on pourrait même progressivement rembourser notre dette !
Dans les décisions politiques qui s’annoncent, il serait bon, que dis-je absolument nécessaire, de tenir compte de ces mécanismes vertueux dans le choix entre les candidats. Créer des assistanats supplémentaires ou des postes émargeant au budget de l’État est parfaitement contre-productif et ne peut que nous enfoncer dans plus de problèmes. La première priorité, c’est de créer plus d’emplois marchands qu’il ne s’en détruit. La preuve est faite en vraie grandeur que c’est possible, et ceci en France, dans les pires conditions jamais connues dans notre pays pour les entrepreneurs.
(1) En incluant les chômeurs découragés sortis des statistiques et ceux ayant accepté un temps partiel à défaut d’avoir trouvé un temps plein.
(2) À population égale, bien entendu. Voir Un lourd déficit d’emplois marchands en France, Nathalie Droal, IRDEME 2012.
(3) Voir La lessiveuse de Bercy ou seul l’emploi marchand remplit les caisses de l’État, Yves Buchsenschutz, Entrepreneurs pour la France 2016.
Commentaires
Hibold (12 août 2017)
Bonjour,
Votre étude montre que le plus important et la priorité absolue pour un gouvernement français serait la réduction du chômage. Mais que fait ce gouvernement ? Il travaille et fait voter des lois qui n’ont rien à voir avec ce chômage mais sur la moralisation de la vie publique (dont je dois dire qu’à titre personnel je m’en balance car il y aura toujours des élus fraudeurs et des élus honnêtes). Nos deux filles sont au chômage, surtout notre ainée qui a un bac pro d’aide à la personne, qui est non indemnisée et qui avait un emploi d’avenir dans une structure mais dont le contrat a été interrompu en décembre 2016. Et elle est en recherche et, malgré le gisement, la réponse est toujours la même : vous n’avez pas assez d’expérience. Alors je serais un peu plus nuancé que vous sur ces emplois aidés car si les patrons ne veulent pas donner une chance à des jeunes sortis de l’école pour acquérir de l’expérience comment on fait ? On les laisse au bord du chemin, à la charge des parents comme c’est le cas, non ? l’État doit aussi prendre sa part, au moins en partie. Je peux vous dire que la loi Travail annoncée par ce Président dont je suis un opposant farouche ne créera aucun emploi mais va encore augmenter les revenus des actionnaires qui iront investir ailleurs et c’est nous qui devrons supporter une charge de plus en plus lourde. Je l’affirme avec force, c’est cela la réalité de notre pays et c’est une des différences avec notre voisin allemand car là-bas, le patronat est plus patriote que le nôtre qui ne voit que sa tirelire !
Une famille chrétienne en révolte contre cette société injuste, comme l’était Notre Seigneur il y a 2 000 ans …