Qui se dit : J’aurais aimé passer plus de temps sur Facebook...
« Au niveau individuel, cela se manifeste par de la distraction, de l’addiction pour certains, de la confusion, un sentiment d’éparpillement … Et au niveau de la société, cela se traduit aussi par de l’impulsivité, qui prend la forme d’une certaine violence. Définissons-nous encore ce à quoi nous voulons prêter attention ? Ou est-ce que ces technologies décident à notre place ? Pour moi, c’est une question politique de première importance. (…) Nous en sommes arrivés à une industrie de la persuasion à grande échelle, qui définit le comportement de milliards de gens chaque jour, et seulement quelques personnes ont leurs mains sur les leviers. Voilà pourquoi j’y vois une grande question morale, peut être la plus grande de notre époque. »
Après avoir passé 10 ans à travailler à la publicité chez Google, James Williams milite depuis pour notre « liberté d’attention », menacée selon lui par le perfectionnement des propositions technologiques de l’information. « Il y a quelques années, dit-il, j’ai réalisé que je vivais avec de plus en plus de technologies de toutes sortes sans pour autant qu’il me soit plus facile de faire ce que j’avais envie de faire, c’était même le contraire. Cela me semblait être un pas en arrière. Je commençais à ressentir les effets de la distraction sur ma propre vie. » Une évolution parallèle à celle qu’il vit dans son milieu professionnel avec une industrie publicitaire qui évolue « vers un univers de l’attention plutôt que de l’intention ». Une évolution qui vise à nous plonger « dans une vie de distraction » et qui se retrouve au niveau politique avec des candidats « de plus en plus clickbait » (pièges à clics). Solutions individuelles pour résister selon Williams : entre autres valoriser notre attention « et être moins disposé à la donner à n’importe qui », évaluer ce que l’on peut gagner réellement à toute nouvelle application ou technologie, ne pas hésiter à bloquer les publicités, pousser les entreprises technologiques à développer des formules moins brutales.
19 juin 2018