Inégalités d’accès à la culture : démocratiser les pratiques par l’éducation
« Ne plus céder aux facilités de la rhétorique de la démocratisation, selon laquelle il suffirait d’apporter la Culture au peuple, de confronter les catégories populaires aux trésors que constituent les œuvres, représente à nos yeux un préalable pour mener une politique plus efficace en matière d’accès à l’art et à la culture. Renoncer à ce terme qui a trop servi permettrait de déchirer l’épais écran de fumée qui, trop souvent, recouvre les objectifs réellement poursuivis et empêche une réelle évaluation des actions menées. »
À partir du constat partagé que, plus d’un demi-siècle après la création du ministère de la Culture, « le nombre d’équipements culturels et d’artistes a augmenté de manière spectaculaire et pourtant, les résultats d’enquêtes montrent que les pratiques culturelles des Français sont toujours fortement liées à leurs niveaux de vie ou de diplôme », le sociologue Olivier Donnat soutient qu’il faut cesser de mettre la priorité sur la démocratisation de la culture et « en finir aussi avec les représentations dominantes dans les milieux culturels qui tendent à survaloriser le pouvoir des œuvres et des artistes ». Pour lui, « le désir de culture, comme le plaisir éprouvé au contact des œuvres, loin d’être spontanés et universels, font souvent partie du legs hérité de son milieu familial : l’un comme l’autre renvoient, sauf exception, aux conditions de socialisation des personnes concernées et à leur environnement social immédiat ». Il faut donc selon lui à la fois « une politique ambitieuse en matière d’éducation artistique et culturelle » avec « des moyens financiers conséquents » ainsi qu’une généralisation et une accentuation des actions de sensibilisation et de médiation des établissements culturels « à l’égard de l’ensemble des populations qui ne sont pas leur cible naturelle », y compris grâce aux possibilités accrues de « services à distance » offertes par le numérique et Internet.
15 octobre 2018