Gérer les ressources urbaines « sobrement ». Une transition qui résiste
« Toutefois, dans ce cas comme dans d’autres étudiés dans l’ouvrage, les difficultés de gouvernance restent nombreuses, le passage d’une logique industrielle sectorielle à une logique territoriale peine à advenir. Finalement, la stratégie de sobriété mise en avant par les responsables politiques pâtit d’une faible cohérence interne et produit de maigres résultats en termes de réduction réelle des consommations. La sobriété recherchée, même dans un contexte institutionnel relativement stable, a du mal à s’imposer à l’agenda politique et technique local. »
Rendant compte de l’ouvrage collectif international Villes sobres. Nouveaux modèles de gestion des ressources, Daniel Florentin remarque que si son objectif initial était de recenser des expériences « pour concevoir, construire, gérer et maintenir autrement les espaces urbains » afin de réduire les consommations et l’empreinte matérielle, il aboutit finalement à « un questionnement plus profond sur la pertinence même de la notion de sobriété dans les différents territoires passés à la loupe, et à une critique par le fait de l’économie circulaire ». Les différentes expériences mentionnées montrent en effet « la faible intensité des changements observés » ou « leur difficile capacité à percoler, voire à fonctionner sur leur propre territoire de déploiement ». En cause, peut-être, le choix d’une « perspective uniquement institutionnelle » plutôt que « l’approche matérielle » annoncée et une vision de la sobriété qui « correspond davantage à de l’efficacité ou à de l’optimisation énergétique » en oubliant « la possibilité, voire à la nécessité de transformer radicalement les comportements de consommation et les modalités de la production urbaine ».
3 juin 2019