Fake news : on ne sait pas bien mesurer leurs effets
« Avec le numérique, il est évident qu’il y a de nouveaux effets qui arrivent : on peut très bien partager quelque chose sans y croire, et que ça, c’est de la conversation, pour rire, pour provoquer, pour amuser, car nous avons des biais d’un type particulier. Donc ce qui intéresse, ce n’est pas la qualité de l’information, c’est l’effet qu’elle produit sur le réseau conversationnel. »
S’il ne conteste pas l’existence et le danger de « toute une série de productions industrielles (ou idéologiques) et organisées » en matière de fausses informations, le spécialiste des médias Dominique Cardon (interrogé par Xavier Eutrope) se dit sceptique quant aux « effets sur les gens qui votent ». Pour lui, les usages ont changé et il faut distinguer là où il y a clairement désinformation et propagande (et donc « une intention idéologique forte derrière ») de la production commerciale « pour faire du clic », symptomatique de « toute l’économie du numérique » et d’une « économie qui s’est faite notamment autour des faux contenus santé, du conseil personnel, des choses qui font rire, qui choquent et qui provoquent en même temps et qui circulent ». Soucieux d’éviter le « discours dominant » qui a pour effet de stigmatiser « une partie de la population » coupable de « voter contre le système » et donc d’être plus manipulable (« les provinciaux, les milieux populaires, les plus vieux, les personnes peu ou pas éduquées, etc. »), Cardon préfère analyser la « responsabilité collective de tous les acteurs du système et notamment des dominants » avec des pratiques diverses quelle que soit la tendance et assez différentes de chaque côté de l’Atlantique.
12 avril 2019