Malaise des policiers: une réforme en profondeur plutôt que des psychologues - Forum protestant

Malaise des policiers: une réforme en profondeur plutôt que des psychologues

 

« La politique du chiffre repose sur le benchmarking : chaque brigade devant avoir au moins les résultats moyens du commissariat. Or, si une brigade est au-dessus de la moyenne, forcément, une autre au moins sera en dessous. Cette politique du chiffre installe une concurrence entre brigades et un recul de l’entraide (comme le fait d’échanger temporairement son carnet à souche avec un collègue ayant de moins bons résultats). »

Sociologue ayant travaillé sur le stress dans la police, Marc Loriol rappelle « trois histoires » liées au suicide lors de ses enquêtes et qui « montrent que le malaise et l’éventuel passage à l’acte résultent d’un équilibre délicat entre les difficultés et les pressions, d’une part, et le soutien collectif par les pairs, d’autre part ». Or les réformes des années 1990 et 2000 « ont contribué à affaiblir progressivement à la fois le sens et l’intérêt des activités réalisées et la coopération entre policiers ». Selon Loriol, c’est surtout la « politique du chiffre » qui « pervertit le sens de l’action policière » en accentuant la pression par la multiplication des infractions quantifiables et facilement élucidables au détriment des « belles affaires » qui valorisent le policier. Revenir sur cette politique donnerait des résultats bien plus probants que le recours aux psychologues annoncé par le ministère et qui peut être vu par les policiers « comme un double échec : celui de la personne qui apparaît ainsi comme fragile et pas totalement digne de confiance dans les moments difficiles, mais aussi du groupe qui n’a pas su détecter et résoudre à temps les difficultés ».

25 avril 2019