Enfants et écrans, et si on changeait de focus ?
« L’appel des trois académies insiste fortement sur l’inégalité entre enfants face à des usages qui nécessitent une explicitation, un apprentissage des précautions, que tous les parents ne sont pas en mesure de transmettre. La pratique numérique est déployée à tous les niveaux, dans les services, à l’école. Et l’école est encore un lieu où la fracture peut s’accentuer : le numérique permet à chaque parent d’être informé en temps réel de la scolarité, des absences, à condition de maitriser l’outil, d’y avoir un accès à la maison. L’appel insiste sur l’exclusion sociale qui est en train de se mettre en place du fait des technologies numériques, sans que des mesures ne soient prises. »
L’« appel à la vigilance raisonnée sur les technologies numériques » lancé par trois académies (ici analysé par Roseline Prieur) innove en ce qu’il privilégie « l’angle des préconisations à celui d’une simple recommandation, et l’angle des politiques publiques plutôt que celui des choix individuels ». Mais aussi en se refusant à qualifier d’« addiction aux écrans » tout « usage inconsidéré » et en rappelant que « seule la pratique des jeux vidéo a pu donner naissance à des addictions comportementales ». Ce qui inquiète les académies, « c’est la facilité qu’ont les éditeurs de logiciels de jeux vidéo à employer des neuroscientifiques ou des psychologues pour introduire dans leurs productions des techniques inspirées des jeux de hasard et d’argent », la vulnérabilité des enfants « face aux dérives possibles en matière de sommeil, de communication, d’hyperactivité », des adolescents face à des réseaux qui leur « renvoient des signaux aussi bien positifs que négatifs, « je t’aime » ou « je te hais », messages qui peuvent être destructeurs ». L’enseignement se retrouve donc en première ligne pour à la fois ne pas accentuer les inégalités de fait et aider les jeunes à devenir des « usagers éclairés ».
9 avril 2019