Devons-nous devenir meilleurs pour sauver la démocratie ?
« Si l’on suit le raisonnement de Nussbaum, le décalage bien connu en France entre des attentes extrêmement élevées vis-à-vis du pouvoir d’un côté, et le rejet routinier des élites et des « privilégiés » de l’autre, qui s’exprime parfois de manière violente, constitue une forme d’immaturité dangereuse pour la démocratie. »
Écrit en « réponse aux réactions de désarroi suscitées par l’élection de Donald Trump », The Monarchy of Fear analyse l’emprise des émotions sur la démocratie. Professeure de droit et d’éthique à l’Université de Chicago et théoricienne des émotions et des capabilités, Martha C. Nussbaum part de la peur, émotion qui, selon elle « préside à la colère, au dégout et à l’envie » et parie sur l’espoir, miroir de la peur car « tous deux sont une réaction à un événement extérieur, mais l’espoir fait le pari d’une possibilité d’une sortie par le haut ». Conçu pour le public américain, l’ouvrage est selon Renaud Thillaye utile aussi pour nous en ce qu’il conforte quelques « diagnostics établis de longue date, dont les conséquences n’ont pas encore été totalement tirées » : « premièrement, la maturité psychologique des individus est un sujet politique », « deuxièmement, l’acceptation de l’altérité et de ses propres limites doit être au cœur des politiques éducatives » et troisièmement, « le rôle de la puissance publique doit évoluer » et son objectif « doit être de créer les conditions d’épanouissement de l’individu afin d’éviter le développement de pulsions négatives ».
24 octobre 2018