De quoi les pauvres ont-ils besoin ?
« Par où commencer ? Par l’école. La majorité fait semblant d’apporter une réponse avec un dédoublement de classes de CP dans les quartiers prioritaires : cette mesure ne concerne qu’un dixième des classes, soit seulement un quart de la population pauvre ! La politique des quartiers prioritaires est souvent assimilée à la politique des pauvres, alors qu’elle ne touche qu’une minorité de la population démunie. La question de fond est de changer la façon de faire l’école en quittant l’élitisme social, défendu par la droite et la gauche, pour passer à un système qui s’attache à ne perdre personne en route. Tant pis si une poignée des enfants de l’élite s’ennuient : qu’ils sautent toutes les classes qu’ils veulent, cela fait tant plaisir à leurs parents. »
Revenant sur les politiques anti-pauvreté à l’occasion de la polémique sur la remise à l’automne du plan gouvernemental en la matière, le directeur de l’Observatoire des inégalités Louis Maurin souligne à la fois la relativité de ces plans, le peu de cas qu’ils font des travaux des experts et la tendance des acteurs de cette lutte à grossir le trait. Rappelant que « la France est l’un des pays au monde où le taux de pauvreté est le plus faible et la moins durable parce que son modèle social, fondé sur la solidarité, est parmi les plus performants », il appelle surtout à mieux mesurer la diversité des pauvretés qui « appellent des politiques différentes », à « en finir avec la bureaucratie sociale qui harcèle les plus pauvres », à créer « un revenu minimum à tous les jeunes de 18 à 25 ans » et « renforcer le soutien à ceux qui n’ont que très peu d’espoir de voir leur situation s’améliorer » (personnes âgées et handicapées). Pour le volet prévention, les priorités doivent être l’école trop élitiste, la formation professionnelle et l’emploi.
10 juillet 2018