Dans nos sociétés définalisées, on ne sait plus pourquoi on travaille
« Tout le problème est là en fait … Dans les organisations, on devrait nommer des gens qui ont des qualités de manager. Or, dans notre pays – mais dans beaucoup d’autres aussi – manager n’est pas considéré comme une compétence mais comme une promotion. C’est la raison pour laquelle 90 % des managers sont mauvais ! Ce n’est pas du tout de leur faute, ils n’ont pas été formés pour exercer cette mission … Un bon charpentier ne va pas devenir forcément un bon manager … »
Interrogé par Stéphane Menu sur son livre Comédie (in)humaine écrit avec Julia de Funès, Nicolas Bouzou note une augmentation du désengagement des salariés dans les entreprises qui n’est pas due à l’absence de bien-être (puisque les investissements dans ce domaine augmentent paradoxalement) mais à un « triple manque » : « manque de sens (les gens ne savent plus pourquoi ils vont bosser) ; manque d’autonomie (on demande aux salariés d’être autonomes et créatifs mais l’avalanche de reportings et autres process empêche d’atteindre cet objectif vertueux et enferre les salariés dans un tourbillon d’injonctions contradictoires) ; enfin, manque d’autorité » qui n’est pas l’autoritarisme mais le « respect envers ce chef qui vous apprend ». Le manque de finalité et le manque de confiance sont selon Bouzou « un sujet consensuel » et un constat partagé : « Les acteurs de l’entreprise veulent retrouver le chemin du sens et en finir avec l’infantilisme rampant de certaines pratiques » comme les serious games « où les salariés ont vraiment le sentiment que l’on se moque d’eux ».
4 juin 2019