Poiéma II: quatrième Festival international de poésie de la foi
«Aucun mouvement de pensée ne peut prétendre exister dans une société s’il ne produit pas une littérature spécifique.» À Marseille en mai, face à la mer, pour la deuxième fois, quatre journées pour faire dialoguer et s’enrichir foi et poésie.
La tradition de l’expression poétique, propre à la culture protestante depuis ses origines, se régénère dans les paroisses de l’Église protestante unie de France et elle commence à s’installer sous la forme de festivals qui se renouvellent d’année en année. La paroisse ÉPU de Marseille Sud-Est accueillera pour la deuxième fois un Festival international de poésie de la foi, du 11 au 14 mai 2023, après avoir initié l’organisation d’un tel événement en 2019 et avoir été relayée par les paroisses de Grasse puis de Nice-Saint-Esprit au cours des années suivantes.
Poiéma II présente une formule repensée et enrichie sous plusieurs aspects. Cette nouvelle mouture du Festival s’ouvre en effet par une soirée de rencontre virtuelle. Elle sera lancée par Emmanuelle Seyboldt, présidente du conseil national de l’Église protestante unie de France, et Jean-Marie de Bourqueney, directeur du journal Réforme. Leurs interventions montrent l’engagement au plus haut niveau de cette Église et de ses organes d’information et de culture pour promouvoir une parole littéraire qui dise la foi de notre temps, dans un esprit de dialogue et de respect de l’autre. La séance en visio sera ouverte à toute personne qui se connectera par Zoom, grâce au lien mis à disposition sur le site magnan.epudf.org (dans la rubrique Festival 2023 Poésie de la foi). Elle permettra d’entendre des poètes de divers pays.
Une géographie du Festival internationale
Iossif Ventura, poète grec, évoquera un événement particulier de l’extermination des Juifs de Crète, pendant la Seconde Guerre mondiale: embarqués sur un navire pour être emmenés dans des camps de concentration, ils ont été torpillés par erreur par un bateau anglais. Le poète célèbre notamment la mémoire des enfants engloutis en mer, coupés des fêtes promises à leur avenir:
«Perdus les shabbats au printemps, / perdus les dimanches en été, / perdus les fêtes en automne, / perdus les feux en hiver».
Héritiers de la tradition de la Kabbale, ses textes inscrivent et bénissent l’existence imprescriptible de ces jeunes victimes dans l’histoire humaine, à travers la mention des lettres de leur nom ou des chiffres de leur âge et ils déchiffrent la saveur âpre et tenace de la vie: «la vie est sel / gouttes de sel».
Michel Block, actuellement pasteur à Brest, replacera l’écriture poétique de son recueil Périchorèse (qui suggère la danse de l’esprit de l’homme en prière devant Dieu) parmi les simples gestes que l’être humain peut accomplir pour se mettre à la disposition de la seule action bénissante et durable de Dieu.
André Jacob prendra la parole depuis le Canada en tant qu’artiste engagé pour la paix. Il présentera son combat artistique, politique et social, qu’il éprouve comme une conséquence nécessaire et logique de sa foi chrétienne:
«Sonate macabre / Le convoi de la mort écrase les rêves / Mais la vie s’agrippe aux racines du cep des saisons».
Les moyens informatiques permettent cet élargissement hors des frontières. Par ailleurs, le programme du Festival inclura l’apport des membres des paroisses de Marseille et de tous ceux qui proposeront des textes de qualité.
Tous poètes
Habituellement, certains temps forts de ces Festivals s’organisent autour de soirées poétiques et musicales dont les invités sont des auteurs ou des artistes reconnus comme expérimentés. Cette édition ne dérogera pas à cette coutume, mais les deux concerts-lectures des vendredi et samedi présenteront désormais des prolongements au cours desquels chacun pourra répondre aux paroles poétiques entendues par des lectures de textes personnels, ou choisis en fonction de goûts personnels. Autrement dit, le poète n’est plus seul en scène, mais il amorce tout un mouvement d’inspiration dans lequel tout un chacun peut s’intégrer.
La diversité des temps poétiques
Au fur et à mesure, la programmation de ces festivals s’est enrichie et les séquences deviennent de plus en plus diverses. Les journées s’écoulent au fil d’une découverte poétique sans cesse modulée autrement: aux ateliers de création poétique offerts à toute personne aspirant à être mise en route dans l’expression de sa foi viennent s’ajouter les séances de lecture thématique (cette année autour de la Genèse) permettant de découvrir le rayonnement universel des textes bibliques à travers les âges, les civilisations et les cultures. Il y des conférences sur l’histoire de la tradition poétique protestante, des projections de poèmes issus de recueils récemment publiés aux éditions Jas sauvages notamment, et aussi une excursion dans les calanques de Marseille, non loin de la paroisse de Marseille sud-est: le pique-nique sera ponctué de lectures, face à la mer.
Aucun mouvement de pensée ne peut prétendre exister dans une société s’il ne produit pas une littérature spécifique. Les artistes protestants actuels sont nombreux et leur diversité est une richesse. Elle permet de faire rayonner une expression de la foi toujours très personnelle, capable d’intéresser toute conscience humaine en recherche du sens de la vie.
Les sites https://editionsjas-sauvages.monsite-orange.fr et magnan.epudf.org apportent tous les renseignements utiles sur le déroulement de ce Festival qui est entièrement gratuit.
Nous vous y attendons nombreux.
Illustration: calanque entre Marseille et Cassis (photo Luc Viatour/https://Lucnix.be, CC BY-SA 3.0)