Le métier d'enseignant en France : une attractivité en déclin - Forum protestant

Le métier d’enseignant en France : une attractivité en déclin

« Cette étude montre que l’exigence d’un niveau de qualification plus élevé n’a pas toujours un impact positif sur le recrutement. Bien entendu, l’augmentation du niveau des diplômes des enseignants n’est pas un problème en soi. Elle s’est d’ailleurs produite plusieurs fois au cours de l’histoire, même si aucune étude n’a jamais démontré de lien de causalité entre le niveau du diplôme et la qualité de l’enseignement. La réforme de la « masterisation » montre avant tout un manque de réflexion sur le contexte et les modalités de sa mise en œuvre. »

Jusqu’en 2010, « les enseignants du primaire et la plupart des enseignants du secondaire (dans les secteurs public et privé) étaient recrutés au niveau licence ». Depuis 2011, « tous les candidats aux postes d’enseignant du primaire et du secondaire doivent être titulaires d’un master ou équivalent l’année d’obtention du concours ». Cette réforme de la masterisation avait 2 objectifs : « améliorer la qualité de l’enseignement en allongeant la durée d’étude des enseignants » et « réduire la dépense publique en ne rémunérant plus la formation initiale ». Examinant ses effets « sur le recrutement des enseignants du primaire public », Mélina Hillion (Dares) constate que le nombre de candidats a chuté de 50 % entre 2011 et 2013, de 40 % entre 2014 et 2017. De plus, cet « effet négatif de la réforme a été plus prononcé dans les académies où le nombre de candidats par poste était le plus faible avant la réforme, c’est-à-dire dans les académies où le besoin en enseignants est le plus élevé ». Une explication pourrait être que « l’écart salarial entre les enseignants et les autres professions est considérablement plus élevé chez les diplômés de master que chez les diplômés de licence ». En tout état de cause, comme l’a noté la Cour des comptes dans son rapport sur la question en 2018, la double conséquence directe de cette chute drastique du nombre de candidats a été « le recours accru à des enseignants contractuels, qui sont souvent dépourvus de formation initiale et n’ont pas toujours le niveau de qualification requis » et « l’introduction de concours supplémentaires, dits « concours spéciaux », dans l’académie de Créteil et plus récemment dans celle de Versailles afin de pourvoir les postes non attribués en première instance, générant au passage des frais d’organisation supplémentaires ».

16 juillet 2019