Transition écologique : choisissons le réalisme
« La vérité est malheureusement très différente. La transition vers une économie neutre en carbone exigera de nous des sacrifices avant de nous apporter des bénéfices, et les segments les plus vulnérables de la société risquent d’être particulièrement touchés. Faute de reconnaître cette réalité et de s’y attaquer, le soutien à la transition écologique demeurera superficiel et fragile. »
L’initiative Green New Deal récemment proposée par des démocrates américains (dont Alexandria Ocasio-Cortez) a le mérite, selon Jean Pisani-Ferry, « d’englober les multiples dimensions de ce qui sera nécessairement une transformation en profondeur de nos économies et de nos sociétés » et de ne pas se contenter de « fixer un juste prix du carbone ». Mais « elle évite soigneusement de mettre le doigt sur tout ce qui pourrait faire mal » alors que la transition écologique sera d’abord douloureuse et d’abord pour les « plus vulnérables ». Avec la « mise en place d’un prix du carbone », on provoquera « ce que les économistes appellent un choc d’offre négatif » : « certains équipements deviendront inutilisables et certaines technologies ne seront plus rentables » tandis qu’on assistera à « une baisse de la richesse, à mesure que diminueront la valeur des maisons mal isolées, celle des voitures trop gourmandes et celle des actions des sociétés pétrolières ». Un choc qui affectera nettement plus « les pauvres et la classe moyenne des périphéries urbaines » que « les riches et les habitants des centre-villes ». Des effets qui peuvent certes être « adoucis » (restitutions, dette, innovation technologique) mais seulement si l’action est « précoce » … et si l’on ne peint pas trop « le scénario en rose ».
13 mars 2019